Campagne à Djerba, paysage dénaturé, barques avant la pêche
Nord Sud, les plages et le désastre. La plupart des visiteurs de l'île de Djerba ont été choqués, dès lors qu'ils sont sortis de leurs hôtels, par le mauvais état de l'environnement. L'île magique, l'île par laquelle Ulysse, le divin Ulysse, commence son périple sur les marches des mondes connus, et va rencontrer les dieux, l'île du lotos, sans doute la datte, sans doute le jujube, est sur une large portion de sa géographie, transformée en décharge à ciel ouvert. Bouteilles de PET, emballages divers et sacs en nylon, répandus dans les oliveraies ; containers de poubelles débordant d'immondices, sur le bord des routes, tel est le spectacle inquiétant qui se révèle au visiteur ébahi. Il paraît que le spectacle est identique dans les autres régions de la Tunisie. C'est pour le moins inquiétant, lorsque les affiches placardées sur les murs, dans le mois de juin, se jouaient des ruines et des balles. On peut dire que souvent la Tunisie est devenue un champ d'épandage, ce qui est triste.
Là aussi, il faut aller regarder de près. Ce n'est pas partout, et la situation n'est pas identique dans toutes les villes. Ce qu'a révélé le changement est bien le manque de ressources publiques. Il y a des villes un peu plus riches que d'autres et qui ont pris les choses en main. Certains jours, de vigoureuses campagnes ont permis un nettoyage des espaces publics. Quand c'était possible.
Là aussi, il faut aller regarder de près. Ce n'est pas partout, et la situation n'est pas identique dans toutes les villes. Ce qu'a révélé le changement est bien le manque de ressources publiques. Il y a des villes un peu plus riches que d'autres et qui ont pris les choses en main. Certains jours, de vigoureuses campagnes ont permis un nettoyage des espaces publics. Quand c'était possible.
Le 13 Juillet 2012, un appel important a été lancé pour inscrire Djerba au Patrimoine International
Il faut aussi regarder au delà, en particulier à Djerba. Le 13 juillet 2012, un appel important a été lancé : inscrire Djerba au patrimoine international, avant qu'il ne soit trop tard, avant que des projets fumeux de développement touristiques ne transforment toute l'île en zone résidentielle. On peut le trouver ici : www.madjerba.com/. Et le temps presse.
Qui a connu cette île dans les années 1960 se souvient des dunes de sable sur les plages, des pistes traversant des palmeraies immaculées. Sur les chemins, on était conduit par les pas de son âne. En ville, pas de presse, pas de surenchère, une paix propice à la méditation. Un jour, il faudra rappeler ici les pages écrites par un des véritables amoureux de l'île, Armand Guibert. Depuis 1966, la construction des hôtels a entraîné une atteinte presque irrémédiable à l'environnement, comme le rappelle sans relâche l'association pour la sauvegarde de l'île de Djerba assidje.org/ et www.facebook.com/Assidje et depuis de longues années, dans une indifférence méprisante des pouvoirs publics et des propriétaires d'hôtels. Un exemple, justement, montre combien les atteintes à l'environnement ont été radicales. C'est lors d'une conversation avec le président de l'association, Naceur Bouabid, que l'exposé m'en a été fait. Les hôtels construits sur les rivages – environ 150 sur une trentaine de kilomètres à peine – se dressent comme une muraille face à la mer. Le sable porté par le vent n'arrive plus, et la mer, qui n'en a cure, avance, passe en dessous : elle ronge les hôtels qui finissent pas se casser la figure dans l'eau, et salinise les nappes phréatiques à l'intérieur des terres. Les dunes disparaissent, la plage devient plus étroite. On résiste, en dressant des digues latérales, qui ne font que déplacer le problème, et l'amplifier, alors.
Il faut aussi regarder au delà, en particulier à Djerba. Le 13 juillet 2012, un appel important a été lancé : inscrire Djerba au patrimoine international, avant qu'il ne soit trop tard, avant que des projets fumeux de développement touristiques ne transforment toute l'île en zone résidentielle. On peut le trouver ici : www.madjerba.com/. Et le temps presse.
Qui a connu cette île dans les années 1960 se souvient des dunes de sable sur les plages, des pistes traversant des palmeraies immaculées. Sur les chemins, on était conduit par les pas de son âne. En ville, pas de presse, pas de surenchère, une paix propice à la méditation. Un jour, il faudra rappeler ici les pages écrites par un des véritables amoureux de l'île, Armand Guibert. Depuis 1966, la construction des hôtels a entraîné une atteinte presque irrémédiable à l'environnement, comme le rappelle sans relâche l'association pour la sauvegarde de l'île de Djerba assidje.org/ et www.facebook.com/Assidje et depuis de longues années, dans une indifférence méprisante des pouvoirs publics et des propriétaires d'hôtels. Un exemple, justement, montre combien les atteintes à l'environnement ont été radicales. C'est lors d'une conversation avec le président de l'association, Naceur Bouabid, que l'exposé m'en a été fait. Les hôtels construits sur les rivages – environ 150 sur une trentaine de kilomètres à peine – se dressent comme une muraille face à la mer. Le sable porté par le vent n'arrive plus, et la mer, qui n'en a cure, avance, passe en dessous : elle ronge les hôtels qui finissent pas se casser la figure dans l'eau, et salinise les nappes phréatiques à l'intérieur des terres. Les dunes disparaissent, la plage devient plus étroite. On résiste, en dressant des digues latérales, qui ne font que déplacer le problème, et l'amplifier, alors.
Mosquée souterraine, magnifiques ruines à préserver, entrée synagogue (Djerba)
il faut signer l'appel pour la sauvegarde de Djerba
Dans le même ordre d'idée, c'est le patrimoine architectural qui est lui aussi atteint. L'île est farouche, et depuis bien longtemps.
Ses mosquées, parfois très anciennes, n'ont pas l'attention qui leur est due, de même que les traces visibles, et erratiques de tous ceux qui y ont mis le pied. On abîme, on neutralise, on retire, par appât du gain et par misère morale. Les spectateurs résistent, et ils ne peuvent qu'être désolés. Mais certains, déjà, commencent à éprouver la force de la société civile. Il existe une règle ancienne : à Djerba, les immeubles doivent toujours être plus bas que le sommet des palmiers qui les entourent, à l'exception notable des bâtiments publics et des hôtels, ces derniers ayant bénéficié d'une dérégulation désastreuse. Profitant de la faiblesse de la force publique, certains malins ont décidé de transformer certaines parties de l'île en Manhattan pour rire. Ainsi, sur la route dite touristique, une épouvantable construction de quatre étages en construction, toute briques apparentes, veille sur sa propre ruine. Certaines réquisitions ont eu lieu, et le propriétaire sommé de détruire. Le fera-t-il ? On ose le souhaiter. Pour l'instant, il n'a ni eau, ni électricité, donc il ne peut plus avancer. C'est un premier pas, mais essentiel, car la société civile a découvert aussi par là qu'elle était force politique, et que l'intérêt commun ne lui échappait nécessairement pas.
Voilà pourquoi il faut signer l'appel pour la sauvegarde de Djerba. Car il existe encore sur cette île bénie des dieux des endroits dignes de la merveille. Le pauvre Ulysse, encore lui, avait détesté ce lieu, qui n'était pas propice au commerce, en ces temps encore où le monde était enchanté. Sur l'île des Lotophages, on pouvait se nourrir, et sans aller chercher très loin. On y reviendra.
Yves Rinauro
Plus d'infos
assidje.org/
www.facebook.com/Assidje
Dans le même ordre d'idée, c'est le patrimoine architectural qui est lui aussi atteint. L'île est farouche, et depuis bien longtemps.
Ses mosquées, parfois très anciennes, n'ont pas l'attention qui leur est due, de même que les traces visibles, et erratiques de tous ceux qui y ont mis le pied. On abîme, on neutralise, on retire, par appât du gain et par misère morale. Les spectateurs résistent, et ils ne peuvent qu'être désolés. Mais certains, déjà, commencent à éprouver la force de la société civile. Il existe une règle ancienne : à Djerba, les immeubles doivent toujours être plus bas que le sommet des palmiers qui les entourent, à l'exception notable des bâtiments publics et des hôtels, ces derniers ayant bénéficié d'une dérégulation désastreuse. Profitant de la faiblesse de la force publique, certains malins ont décidé de transformer certaines parties de l'île en Manhattan pour rire. Ainsi, sur la route dite touristique, une épouvantable construction de quatre étages en construction, toute briques apparentes, veille sur sa propre ruine. Certaines réquisitions ont eu lieu, et le propriétaire sommé de détruire. Le fera-t-il ? On ose le souhaiter. Pour l'instant, il n'a ni eau, ni électricité, donc il ne peut plus avancer. C'est un premier pas, mais essentiel, car la société civile a découvert aussi par là qu'elle était force politique, et que l'intérêt commun ne lui échappait nécessairement pas.
Voilà pourquoi il faut signer l'appel pour la sauvegarde de Djerba. Car il existe encore sur cette île bénie des dieux des endroits dignes de la merveille. Le pauvre Ulysse, encore lui, avait détesté ce lieu, qui n'était pas propice au commerce, en ces temps encore où le monde était enchanté. Sur l'île des Lotophages, on pouvait se nourrir, et sans aller chercher très loin. On y reviendra.
Yves Rinauro
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Fort de Djerba (Tunisie)