Anne Frank au Théâtre Rive-Gauche, avant le drame, la vie.

Deux espaces, deux temps se partagent la scène. A droite, un bureau où Otto Frank, père d’Anne et seul rescapé de la famille, feuillette les pages du journal de sa fille. Lecteur bouleversé, il découvre à voix haute les pensées, les espoirs, l’évolution d’une adolescente au caractère intense et vif. « Un père qui apprend à connaître sa fille au-delà de la mort, gêné par les pages sur sa sexualité naissante, contrarié par le conflit qu’Anne entretenait avec sa mère… »,  indique Eric-Emmanuel Schmitt. A gauche, dans l’annexe, le refuge familial sous les toits aménagé pour échapper aux rafles, les flash-back font revivre la famille jour après jour au fil des pages du livre qui défilent : privations de nourriture, de lumière, d’espace vital. Promiscuité, avec aussi des moments de chaleur et de partage. Espoir enfin. Celui d’Anne qui bouge et s’agite dans ce microcosme, bavarde, dérangeante parfois, pas naïve malgré ses 13 ans. Devant la petite table, elle écrit aussi, et nous entraîne dans l’émotion de ses idées virevoltantes, de l’avenir qu’elle envisage.

 Roxane Duran, 19 ans, révèle l’incroyable maturité de sa sensibilité tout au long de cette complexe interprétation. Elle passe sans transition des humeurs adolescentes aux remarques encombrantes, de la douceur aimante aux premiers troubles amoureux. Dans cette palette changeante, elle évolue tout naturellement. Et l’on se dit qu’une comédienne est en train de naître sur ces planches. Une actrice aussi, mais çà, on le savait : Michael Haneke lui a offert un premier rôle dans le Le Ruban blanc , récompensé par la Palme d'Or au Festival de Cannes 2009 . Face à elle sur scène, Francis Huster joue avec excellence la retenue douloureuse et la discrétion. Son contrepoint donne aussi de la profondeur à la pièce. Et puis, tout autour, sept comédiens, chacun incarnant un vécu différent face à l’horreur qui approche. Avec parfois quelques moments sur joués mais donnant du rythme et de la vigueur au texte avant que le rideau ne tombe sur la fin : le père prenant sa fille dans ses bras et qui, on le sait, va faire le succès international de son livre. « Mon devoir est de faire en sorte que chaque spectateur se retrouve, lui aussi, dans cette annexe où trois familles se cachaient pour échapper aux nazis », conclut Steve Suissa.

Anne Frank au Théâtre Rive Gauche
Avec Francis Huster, Roxane Duran, Gaïa Weiss, Odile Cohen, Katia Miran, Charlotte Kady, Yann Babilee Keogh, Bertrand Usclat, Yann Goven.
 
Théâtre Rive-Gauche
6 rue de la Gaîté
75014 paris

01 43 35 32 31

Du lundi au samedi de 11h à 20h
Le dimanche de 11h à 14h30

www.theatre-rive-gauche.com