Reportage

Australie : Coober Pedy, capitale de l'opale

Road trip en Australie : Le long des routes de l’Outback, épisode 1 - Coober Pedy, capitale de l’opale

Par Patrick Cros



En route vers l’infini du bush ! L’Indigo-mag vous emmène cet été en Australie, le long de la Stuart highway, soit 3000 kilomètres pour aller d’Adélaide, au sud du continent, à Darwin au nord. Après une escale d’une nuit à Glendambo (à 592 km d’Adélaïde), arrivée à Coober Pedy, petite ville fascinante aux allures troglodytes et capitale mondiale de l’opale.


 

Road trip d'Adelaide à Darwin

Les maisons et routes d’Adélaïde semblent désormais bien loin… Au fil des kilomètres, le bush a pris peu à peu toutes ses dimensions, immense et sauvage. La lointaine rumeur des villes et villages s’est définitivement éteinte pour laisser place à un silence qui semble parfois absolu. Le ciel est devenu de plus en plus pur, transformant la nuit en une myriade d’étoiles qui baignent l’outback d’une lumière irréelle.
 
Rencontre insolite sur les routes du bush @ Patrick Cros

Escales du bout du monde

Après sept heures de route, l’arrêt d’une nuit à Glendambo a déjà un parfum de bout du monde avec son hôtel, sa station-service et sa trentaine d’habitants. Mais, c’est 250 kilomètres plus loin, le lendemain, que le dépaysement monte encore d’un cran à Coober Pedy. Perdue dans l’immensité du bush, la capitale mondiale de l’opale a gardé toute la saveur des pionniers et mineurs qui ont conquis le continent. Fondée en 1915, lorsque la première opale fut découverte par un adolescent de quatorze ans, la ville est rapidement devenue un eldorado pour les chercheurs de pierres précieuses. La vie rude et les températures extrêmes ont poussé les habitants à construire leurs maisons sous terre et dans les collines pour se protéger de la chaleur écrasante.
 
Nuit à Glendambo @ Patrick Cros

Des habitations souterraines

La population de Coober Pedy est d'environ 1 800 à 2 000 habitants, originaires de plus d'une quarantaine de pays. La tradition de construire des habitations souterraines a commencé avec les premiers mineurs d'opale, au début du 20ème siècle, qui ont creusé leurs maisons dans la roche pour échapper à la chaleur intense du désert et au froid mordant la nuit.
 
@ Patrick Cros

Une âme de pionniers

On retrouve toute la force et l’imaginaire des pionniers dans le regard de ces hommes qui se retrouvent le soir dans les pubs, ou rentrent dans leur maison semi-enterrée à la tombée de la nuit, leurs vêtements encore poussiéreux après une journée à creuser la terre. Malgré la fatigue, on y voit encore l’éclat  des opales aux teintes bleutées et rouges briller dans leur regards. Dans les rues, quelques Aborigènes déambulent, témoins d’une présence millénaire qui a donné le nom à la ville, "Coober Pedy" signifiant "trou d’homme blanc" en langue aborigène.
 
On estime qu’il y a plus de 250 000 puits de mine à Coober Pedy, parsèmant le paysage de la ville et de ses environs @ Patrick Cros

Une expérience troglodyte

Originaire de Bretagne, Evelyne s'est installée à Coober Pedy à la fin des années 80 où elle a vécu avec un mineur et dirigé un hôtel. Elle y revient régulièrement, mais vit désormais dans le sud, à Adélaïde. Un mineur et sa fille @ Patrick Cros
C’est dans des chambres creusées dans la roche, aux parois d’ocre, que les voyageurs peuvent dormir et avoir un avant-goût de la vie des mineurs. La température y est toujours douce, protégée du froid ou de la chaleur par d’épaisses parois. « Quand on a agrandi notre hôtel avec de nouvelles chambres souterraines, les opales trouvées ont permis de payer une bonne partie des travaux », se rappelle en souriant Evelyne, une Bretonne qui a vécu plusieurs décennies avec un mineur à Coober Pedy avant de partir à Adélaïde pour échapper à une vie intense mais rude. De nombreuses histoires circulent sur les habitants dont l’isolement, la passion pour l’opale  et la dureté du travail ont forgé les caractères. Comme cet homme qui avait organisé une fête pour son enterrement avec un bar comme pierre tombale, ou cet autre qui a passé des années à creuser des tunnels dans l’espoir de découvrir la plus grosse opale jamais découverte. Ou encore, ce centre des impôts qui avait été dynamité la nuit – sans faire de victimes – il y a quelques années !
 

Crocodile Harry, personnage légendaire de Coober Pedy

70 à 90 % de la production mondiale totale d'opale se fait à Coober Pedy@ Patrick Cros
Parmi les anecdotes de Coober Pedy, celle de "Faye's Underground Home", raconte également l’histoire de ces trois femmes qui ont creusé une maison dans la roche dans les années 1960. Faye Nayler, une barmaid locale, a passé dix ans à créer son habitation troglodyte avec l'aide de ses deux amies. Aujourd'hui, cette demeure unique est ouverte au public et offre un aperçu fascinant de la vie souterraine locale. Un autre personnage légendaire de Coober Pedy est Crocodile Harry. Né en Lettonie sous le nom d'Arvid Blumenthal, il est arrivé en Australie après la Seconde Guerre mondiale et est devenu chasseur de crocodiles avant de s'installer dans la ville pour chercher des opales. Harry a construit une maison aux allures de grotte, remplie de sculptures, de graffitis et d'artefacts excentriques, qui est devenue une attraction touristique populaire. On dit que sa vie aventureuse a inspiré le personnage de Crocodile Dundee.
 

Plongée dans l'histoire de la région

Enfin, il y a l'histoire de l’Umoona Opal Mine & Museum, conçu en hommage à l'une des mines d'opale les plus anciennes et célèbres de Coober Pedy. Le musée offre une plongée dans l'histoire de la région et expose des exemples d'opales découvertes localement, comme ce dinosaure dont les os fossilisés se sont …opalisés !

Après quelques jours d’escale dans la capitale de l’opale, il faut reprendre la route vers le Nord ! Pour une nouvelle étape. A suivre !
 
Coober Pedy est la capitale mondiale de l'opale. Un road trip de 3000 kilomètres pour aller d'Adélaïde à Darwin. @ Patrick Cros


05/08/2024
Patrick Cros




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