Imaginez un monde où 80 % du Vietnam est sous les eaux, où les voyageurs sont soumis à un quota carbone et ne peuvent prendre l’avion pour un long courrier qu’une fois tous les dix ans, où les agences de voyages en sont réduites à vendre du rêve virtuel dans le Metaverse pour sauver la planète et lutter contre le surtourisme. 

C’est à toutes ces questions et bien d’autres, que les 180 adhérents, partenaires et journalistes du Centre d’études des indépendants du voyage (Cediv Travel ) ont eu notamment à réfléchir lors de leur convention annuelle qui s’est déroulée en novembre dernier en Sicile. Installés dans le magnifique resort Torre del Barone 5* qui appartient au groupe Mangia’s sur la côte sud-ouest de l'île près de la ville de Sciacca, les congressistes ont pu pendant cinq jours assister aux débats et participer à des ateliers dynamiques, tout en découvrant lors d’excursions thématiques les richesses de la région.
 

Avec ses quelque 260 agences adhérentes et ses 200 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2023, le Cediv est un réseau qui continue de grandir. « Les chiffres sont bons. Nous avons rattrapé le volume d’affaires en billetterie de 2019. Les agences sont de plus en plus pros et de plus en plus concernées par la vie du réseau » souligne avec enthousiasme, Adriana Minchella, la présidente du Cediv Travel. Une attractivité en grande partie liée à l’état d’esprit de la coopérative, « structurée, combative et visionnaire », ainsi qu’à la diversité des outils mis à disposition des vendeurs. « Nous sommes un réseau qui permet aux agences de rester indépendantes avec une très forte proposition d’outils » explique Adriana Minchella.
 

Parmi les outils disponibles, Cediv Solo, qui offre la possibilité de transférer des appels afin de permettre aux vendeurs qui le souhaitent de bénéficier d’assistance en cas de maladie ou de partir en congé. Les réservations de l’agence sont alors prises en charge par une personne dédiée à distance. Autre outil, le portail avec Orchestra permettant aux agences d’accéder à l’ensemble de la production des fournisseurs, tour-opérateurs, mais également d’intégrer leur propre production. « Nous avons lancé ce nouvel outil de pilotage des ventes qui donne la possibilité aux agences de suivre leurs ventes et l'évolution de leurs marges. Un site tout en un, pour 1 500 euros avec un abonnement mensuel de 150 euros qui font de leurs utilisateurs de super agents de voyages équipés d’outils qui permettent d’aller très vite » précise Adriana Minchella.

Sous le thème, « Performances alignées : travailler mieux, pour gagner mieux », les participants de Sicile ont donc tenté ensemble d’anticiper l’avenir en planchant sur la notion de prospective et de changement. Comment l'intelligence artificielle (IA) peut révolutionner les pratiques du marketing touristique ? L’application Chat GPT qui utilise l’intelligence artificielle a par exemple attiré lors de son lancement un million d’utilisateurs en seulement quelques jours. A titre de comparaison, il a fallu trois ans et demi pour Netflix, deux ans et demi pour Airbnb ou encore deux ans pour X, ex-Twitter. « En clair, l’IA, ce n’est pas pour demain, c’est maintenant ». C’est ce qu’Olivier Roche, directeur France- FCB.ai, a essayé de démontrer lors de son intervention. « L’ IA générative est un type d’intelligence capable de créer de nouveaux contenus de façon autonome, notamment des conversations, des histoires, des images, des vidéos et de la musique » a-t-il expliqué.
 

Pour toutes ces raisons, les professionnels du tourisme doivent absolument s’emparer de cette nouvelle technologie en perpétuelle évolution, dont l’industrie du tourisme devrait vite tirer profit, afin de renforcer le conseil et l’expérience client. Aujourd’hui, selon des données YouGov et Kayak, 63% des voyageurs américains utilisent déjà l’IA pour préparer leurs vacances, tandis qu’en France, ce chiffre n’est seulement que de 11%. « Il y aura un avant et un après. Ne ratez pas la révolution » a lancé Olivier Roche aux professionnels du tourisme. Un certain nombre d’opérateur du tourisme ont d’ailleurs franchi le pas comme la compagnie aérienne Transavia qui a transporté les participants de cette convention en Sicile.  Dernièrement, la filiale d’Air France a lancé Transav-IA qui permet aux voyageurs d’obtenir des recommandations de destinations en fonction de leurs goûts.
 

Un message compris 5 sur 5 par Adriana Minchella qui n’a pas hésité à écrire son discours de clôture, par le biais de cette technologie.  « Il va falloir s’y mettre, se servir de ce Chat GPT et l’adapter à nos besoins, car ne pas l’utiliser, ce serait se mettre hors-jeu » a-t-elle martelé dans la salle. Stupéfaction et étonnement amusé… De son côté, Julien Devaureix, fondateur de Sismique, conférencier et auteur de « Le monde change et on n’y comprend rien ? », a dressé en ouverture de la convention le constat alarmant et quelque peu anxiogène de l’époque : accélération technologique, basculements culturels, conflits armées, secousses écologiques, économiques, sociétales, migratoires. « A quoi jouons-nous ? » Et surtout comment se positionner pour bien conseiller ses clients sur une destination en fonction de l’existence de ces différents paramètres ? Existe-t-il une solution pour s'en sortir ?  Peut-être en travaillant sur le discernement, puisque nous sommes souvent aveuglés par les miroirs trompeurs de l’apparence. « C’est la seule solution qui nous reste si l’on veut sauver notre terre. Celle d’un engagement de tous en direction de l’éthique » affirme-t-il cette fois-ci en conclusion de la convention.
 

Jean-Pierre Nadir s’est, quant à lui, appliqué à prendre tout le monde à rebrousse-poil en affirmant que le « tourisme était la solution pour sauver l’humanité » Le self made man et touche à tout des affaires, des médias et du tourisme, fondateur en 2000 du site Easyvoyage et depuis de FairMoove.fr, le premier portail dédié au tourisme responsable, a pris vaillamment la défense du tourisme accusé par certains de tous les maux. Il a ainsi énuméré un certain de solutions vertueuses afin de redorer l’image du secteur. Cela passe d’abord par le changement des mentalités. « Quand on est dans des pays où il n’y a pas d’agrumes, est-ce normal qu’il y ait du jus d’orange au petit déjeuner ? ». C’est aussi l’hôtelier qui va réhabiliter sa structure avec les normes environnementales d’aujourd’hui, créer un bâtiment avec des matériaux de proximité, installer une ventilation naturelle pour éviter la climatisation, produire de l’énergie propre et même la redistribuer autour de lui. « Mais surtout de s’imposer à approvisionner 80 % de son buffet avec des produits locaux. Ça donne de l’emploi, ça crée de la richesse, cela fixe les populations qui seront moins tentées d’aller polluer dans les villes… » explique en substance le professeur Nadir.
 

Et que dire des 40 labels qui existent sur le marché pour sélectionner le bon établissement ? Jean-Pierre Nadir propose de n’en retenir que cinq : Eco label européen, EarthCheck, Clef Verte, Travel life et Green Globe. « Nous avons étudié pour chacun d’eux, le poids des critères en termes de politique environnementale, de responsabilité sociale, de sensibilisation de la clientèle, de la gestion des sites, des ressources, des déchets, des achats, etc. À l’arrivée, le but est d’établir une grille de qualification de 120 critères qui permet d’apprécier le plus finement possible une stratégie écologique, une politique sociale, ou une application en matière de biodiversité » explique-t-il.  Parmi les intervenants qui ont encore marqués les débats,  il faut citer, Valérie Boned, la nouvelle présidente des Entreprises Du Voyage, Isabelle Maimbourg co-directrice de l’OPCO Mobilités qui assure le financement de la formation professionnelle dans les domaines des transports routiers, ferroviaires, aériens, maritimes et fluviaux, Sophie Bigot directrice de l’agence Esprit Voyages, Sophie Le Guyon, directrice commerciale BtoB au Club Med ou encore Guy Zekri, directeur général Beachcomber Tours.  
 

Nul doute que toutes ces questions sur la raison d’être et l’avenir des professions du tourisme seront encore développées et approfondies lors de la prochaine convention du Cediv du 04 au 09 juin. Après la perle noire de la Méditerranée, les Cédiviens ont cette fois-ci rendez-vous en Guadeloupe, pour une nouvelle convention pleine de surprises, sous le soleil des tropiques !

Pour en savoir plus : https://cediv.travel/
https://mangias.com/resort/torre-del-barone-sicily  

Lire aussi à propos Cediv Travel : L'ascension du Kilimandjaro !

 

Vingt membres du Cediv Travel se sont envolés du 26 au 30 mars pour un Eductour vers la Turquie sous l’égide de Pacha Tours à la découverte d’Istanbul et des paysages lunaires de la Cappadoce.

Byzance, Constantinople, Istanbul, « la sublime porte », les paysages lunaires de la Cappadoce, dont les mystères géologiques, historiques et culturels offrent une expérience humaine unique et touristique inoubliable à tous ses visiteurs. Tel fut en substance le programme de ce voyage d'études et de formation (Éductour/Famtrip) qui a réuni du 26 au 30 mars vingt membres du Cediv Travel. « Parmi les dix bonnes raisons pour aller en Turquie, il faut citer, la diversité des paysages, la richesse de la cuisine ottomane, une culture sans pareille, la qualité des vestiges antiques, la contemplation de la lune en ballon, l’hospitalité légendaire des Turcs, l’activité effrénée d’Istanbul, danser, rire, chanter, fêter, marcher sur les pas des plus grands orientalistes et voyageurs, comme l'écrivain français Pierre Loti qui a tant aimé la Turquie » a expliqué Adriana Minchella, la présidente du Cediv Travel.

Fais pas-ci fais le Pacha en Turquie !

Au cours de ce voyage, les participants ont pu découvrir un hébergement insolite en hôtel troglodyte à Ürgüp, les cheminées de fées, ces étranges formations géologiques, qui donnent au paysage une allure fantastique en Cappadoce, la mythique vallée de Gorëme dont les manufactures travaillent depuis des siècles avec une incroyable dextérité l’onyx, les vestiges de la forteresse byzantine d’Ortahisar, un spectacle original de « derviches tourneurs », sans oublier à Istanbul, le palais de Topkapi, la mosquée du Sultan Ahmet (ou « mosquée Bleue »), le pont de Galata et la nuit d’exception passée au Pera Palace Hôtel, qui a longtemps accueilli dans ses salons au luxe intemporel les voyageurs de L’Orient Express, dont une certaine Agatha Christie. Cinq journées captivantes d’attentions, de découvertes, d’animations et d’opportunités business, qui ont été rythmées et orchestrées de main de maître par Aymeric Becaud, président de Pacha-Tours & Rev’Vacances et partenaire de l’opération.