Cité impériale
Il fait chaud, très chaud, dans la cité impériale, en dehors des galeries, récemment reconstruites. Car la cité impériale a souffert des guerres. (Crédit photo French.Visibeijing.com.cn)
Entre Hanoi et Hué, la différence de température est significative. Il fait chaud, très chaud, dans la cité impériale, en dehors des galeries, récemment reconstruites. Car la cité impériale a souffert des guerres.
Peu de bâtiments demeurent du projet original. Il y a encore peu de monde dans ce matin lumineux. La Cité impériale fut sans doute le rêve grandiose de rivaliser avec l’empire du milieu. Mais hélas, la Cité pourpre interdite est en grande partie ruinée, et seuls quelques vestiges superbes, en particulier le pavillon de la lecture, permettent d’en mesurer les fastes passés. En face, au milieu d’un bassin et accessible uniquement par barque, pour la protéger des rongeurs, s’élevait la bibliothèque. Ce n’est qu’une partie de l’immense citadelle, ceinturée par une enceinte de dix kilomètres de long. Canaux, bassins s’étendent à l’ombre des grands arbres. Dans les temples, on rappelle les souvenirs des empereurs déchus et des impératrices douairières. Parfois aussi, des stèles funéraires rappellent le souvenir des concubines, qu’un empereur entretint sa vie durant dans l’espoir d’engendrer un héritier.
Tự Đức avait eu, dit-on, les oreillons, dans son enfance, et même cent-vingt-six concubines ne purent rien y faire. Il faut rester dans la citadelle, marcher dans ces avenues immenses et désespérément droites. Dans Trois journées de guerre en Annam,.. Pierre Loti raconte les conditions de la prise par l’escadre française des forts de Hué, en 1883. Le texte, publié dans Le Figaro, lui vaut une mise en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry, qui lui reproche de présenter les soldats français comme de féroces soudards. La citadelle tombera en 1885.
Peu de bâtiments demeurent du projet original. Il y a encore peu de monde dans ce matin lumineux. La Cité impériale fut sans doute le rêve grandiose de rivaliser avec l’empire du milieu. Mais hélas, la Cité pourpre interdite est en grande partie ruinée, et seuls quelques vestiges superbes, en particulier le pavillon de la lecture, permettent d’en mesurer les fastes passés. En face, au milieu d’un bassin et accessible uniquement par barque, pour la protéger des rongeurs, s’élevait la bibliothèque. Ce n’est qu’une partie de l’immense citadelle, ceinturée par une enceinte de dix kilomètres de long. Canaux, bassins s’étendent à l’ombre des grands arbres. Dans les temples, on rappelle les souvenirs des empereurs déchus et des impératrices douairières. Parfois aussi, des stèles funéraires rappellent le souvenir des concubines, qu’un empereur entretint sa vie durant dans l’espoir d’engendrer un héritier.
Tự Đức avait eu, dit-on, les oreillons, dans son enfance, et même cent-vingt-six concubines ne purent rien y faire. Il faut rester dans la citadelle, marcher dans ces avenues immenses et désespérément droites. Dans Trois journées de guerre en Annam,.. Pierre Loti raconte les conditions de la prise par l’escadre française des forts de Hué, en 1883. Le texte, publié dans Le Figaro, lui vaut une mise en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry, qui lui reproche de présenter les soldats français comme de féroces soudards. La citadelle tombera en 1885.
Autour de Hué, les rois ont fait dresser leurs dernières demeures. Tự Đức fait établir le sien, au bord de la rivière des parfums. (Crédit photo 1/ A gauche - Wikipedia - 2/ Crédit photo Jeophebus.com)
Dans la campagne autour de Hué, les rois ont fait dresser leurs dernières demeures. Tự Đức fait établir le sien, au bord de la rivière des parfums.
Cette résidence des Dix mille ans, au titre hautain, aux murs érigés avec les os des soldats et aux bassins remplis du sang des peuples, il l’a renomma Résidence de la Modestie, après une révolte écrasée dans le sang. Les voyageurs traversent les espaces délimités qui nomment chacun une étape : le bassin de la modestie, et son île, encore habitée de singes, la réplique de la cité pourpre, où le roi passa 16 étés, avec les fameuses concubine. On monte vers la dalle du cénotaphe, ceinturée de murs au milieu d’un bois de pins.
Cette résidence des Dix mille ans, au titre hautain, aux murs érigés avec les os des soldats et aux bassins remplis du sang des peuples, il l’a renomma Résidence de la Modestie, après une révolte écrasée dans le sang. Les voyageurs traversent les espaces délimités qui nomment chacun une étape : le bassin de la modestie, et son île, encore habitée de singes, la réplique de la cité pourpre, où le roi passa 16 étés, avec les fameuses concubine. On monte vers la dalle du cénotaphe, ceinturée de murs au milieu d’un bois de pins.
À quelques kilomètres, la pagode Tu Hieu est un centre marquant de la vie monastique. (Crédit photo Yves Rinauro et 2/ crédit photo visitwonders.com)
À quelques kilomètres, la pagode Tu Hieu est un centre marquant de la vie monastique. Elle réunit tous les ans les bonzes pendant la saison des pluies, qui viennent là échanger et travailler sous la direction des vénérables. On y enterrait aussi les eunuques de la cour, venus là finir leurs jours.
À l’entrée, un grand bassin est rempli de poissons divers ; ce sont les offrandes de ceux qui ont été guéris d’un mal. L’animal aquatique, qu’une cérémonie fait endosser le mal dont souffrent les malades, est devenu pour eux tabou. Plus loin, vers la droite, au bord d’un étang, le pavillon de la méditation. Dans la pagode, de jeunes impétrants récitent des sutras. Ils tournent autour de l’autel, se prosternent, font des génuflexions, frappent la cloche. Ce sont des jeunes impétrants : un grande touffe de cheveux est encore au sommet du crâne. Leur allure est débonnaire. l’un d’entre eux sourit lorsqu’il repasse devant moi. Je lui rends ce sourire. Et pourtant, on est loin de ce que disent les maîtres mots du Sūtra du Cœur, « gate gate pāragate pārasaṃgate bodhi svāhā ». L’éveil est au delà de l’évidence, au delà de tout enseignement. Mais quand même : un des jeunes gens fait le mariolle.
À l’entrée, un grand bassin est rempli de poissons divers ; ce sont les offrandes de ceux qui ont été guéris d’un mal. L’animal aquatique, qu’une cérémonie fait endosser le mal dont souffrent les malades, est devenu pour eux tabou. Plus loin, vers la droite, au bord d’un étang, le pavillon de la méditation. Dans la pagode, de jeunes impétrants récitent des sutras. Ils tournent autour de l’autel, se prosternent, font des génuflexions, frappent la cloche. Ce sont des jeunes impétrants : un grande touffe de cheveux est encore au sommet du crâne. Leur allure est débonnaire. l’un d’entre eux sourit lorsqu’il repasse devant moi. Je lui rends ce sourire. Et pourtant, on est loin de ce que disent les maîtres mots du Sūtra du Cœur, « gate gate pāragate pārasaṃgate bodhi svāhā ». L’éveil est au delà de l’évidence, au delà de tout enseignement. Mais quand même : un des jeunes gens fait le mariolle.
Balade à vélo parmi la végétation et la flore à Thuy Bieu (Crédit photo www.visitwonders.com/.); Toujours à Thuy Bieu les maisons ont gardé leur caractère traditionnel. Environnées de jardin où pousse des pamplemoussiers virides. (Crédit photo voyagevietnam.asiatica.com)
Dans le village de Thuy Bieu,.. situé à l’intérieur d’un méandre du fleuve, les maisons ont gardé leur caractère traditionnel. Environnées de jardin où pousse des pamplemoussiers virides, elles accueillent les voyageurs de leur ombre. Ici, les fruits sont à profusion.
Nos hôtes ont conservé le pavillon central traditionnel, qui accueille la famille pour les cérémonies d’hommages aux anciens. Tout autour, des plans d’ananas révèlent le fruit central, érigé au bout de la tige qui demeure si ferme. Sur le chemin, au croisement de trois routes, un autel reposoir. On y brule de l’encens, à l’ombre du banian, pour les âmes errantes, qui n’ont pas connu de sépultures familiales. L’offensive du Têt est souvent évoquée dans les conversations. Un vétéran, assez déglingué, est assis sur le muret. Assise sous une véranda, une jeune femme roule des bâtons d’encens de toutes les couleurs.
Le soir, on marche dans la ville moderne, pas loin de la rive, vivement éclairée. Le pont Eiffel – on l’appelle paraît-il la tour Eiffel horizontale - est de toutes les couleurs lui aussi. Les familles sont installées au bord de l’eau. Des pères de famille photographient le fleuve et nous échangeons les photos, les techniques de pose. Un trépied circule.
Nos hôtes ont conservé le pavillon central traditionnel, qui accueille la famille pour les cérémonies d’hommages aux anciens. Tout autour, des plans d’ananas révèlent le fruit central, érigé au bout de la tige qui demeure si ferme. Sur le chemin, au croisement de trois routes, un autel reposoir. On y brule de l’encens, à l’ombre du banian, pour les âmes errantes, qui n’ont pas connu de sépultures familiales. L’offensive du Têt est souvent évoquée dans les conversations. Un vétéran, assez déglingué, est assis sur le muret. Assise sous une véranda, une jeune femme roule des bâtons d’encens de toutes les couleurs.
Le soir, on marche dans la ville moderne, pas loin de la rive, vivement éclairée. Le pont Eiffel – on l’appelle paraît-il la tour Eiffel horizontale - est de toutes les couleurs lui aussi. Les familles sont installées au bord de l’eau. Des pères de famille photographient le fleuve et nous échangeons les photos, les techniques de pose. Un trépied circule.
Toute chose a une fin
Nous prenons la route vers Da Nang, par le célébrissime col des Nuages. (Crédit photo Planète Vietnam - Over blog - )
Nous prenons la route vers Da Nang,... par le célébrissime col des Nuages. Nous quittons un moment la route principale et passons par les hameaux d’éleveurs d’huitres.
Ils placent les naissains dans des pneus de bicyclettes usagés. Quand on récupère les mollusques, ouverts au bord de la route et destinés à la fermentation pour la délicate sauce d’huitre, il reste de la coquille et des dépôts calcaires. Les pneus sont jetés en petits tas sur la route. Les véhicules qui passent sur la route achèvent le nettoyage. Rien n’est laissé au hasard. Puis la route monte brusquement, après la lagune. Et on arrive au col des Nuages. Il marquait la frontière entre le Dai Viêt et le Champa, puis la frontière entre le Nord et le sud.
À la porte Cham, se sont agrégés les bunkers français et américains. De ce passage, en tournant la tête d’un côté puis de l’autre, on visualise la frontière géographique et aussi climatique. Beaucoup de touristes passent par là. Certains, parmi les plus courageux, font la montée à bicyclette. De grands baquets d’eau fraîche sont à leur disposition. On sert thé et café glacé, ce dernier comme un reconstituant.
Ils placent les naissains dans des pneus de bicyclettes usagés. Quand on récupère les mollusques, ouverts au bord de la route et destinés à la fermentation pour la délicate sauce d’huitre, il reste de la coquille et des dépôts calcaires. Les pneus sont jetés en petits tas sur la route. Les véhicules qui passent sur la route achèvent le nettoyage. Rien n’est laissé au hasard. Puis la route monte brusquement, après la lagune. Et on arrive au col des Nuages. Il marquait la frontière entre le Dai Viêt et le Champa, puis la frontière entre le Nord et le sud.
À la porte Cham, se sont agrégés les bunkers français et américains. De ce passage, en tournant la tête d’un côté puis de l’autre, on visualise la frontière géographique et aussi climatique. Beaucoup de touristes passent par là. Certains, parmi les plus courageux, font la montée à bicyclette. De grands baquets d’eau fraîche sont à leur disposition. On sert thé et café glacé, ce dernier comme un reconstituant.
Nous ne restons à Da Nang que le temps de visiter le musée des sculptures Cham, d’une beauté étrange, et qui subsistent d’une culture quasi éteinte.( Crédit photo 1 - Yves Rinauro - / 2/3/4/ - Les statues (Crédit photos Museum of Cham)
Nous ne restons à Da Nang que le temps de visiter le musée des sculptures Cham, d’une beauté étrange, et qui subsistent d’une culture quasi éteinte.
Les apsaras dansent sur la base des yonis sur lesquels se dressent les lingams. Sculptures qui témoignent de la disparition : les Viêts ont mené la marche vers le sud, amenuisant peu à peu le territoire de ces royaumes qui étaient en relation étroites avec les empires khmères et avec l’Inde. Le sourire de Ganesh, la danse de Shiva, la délicatesse de Pârvatî : c’est un Viêt Nam méconnu qui se révèle dans ce musée fondé par l’École Française d’Extrême Orient La danse des dieux s’est interrompue, et rares sont les temples qui subsistent encore. C’est au musée Guimet, à Paris, que l’on verra les photos qui témoignent encore de ces splendeurs.
Les apsaras dansent sur la base des yonis sur lesquels se dressent les lingams. Sculptures qui témoignent de la disparition : les Viêts ont mené la marche vers le sud, amenuisant peu à peu le territoire de ces royaumes qui étaient en relation étroites avec les empires khmères et avec l’Inde. Le sourire de Ganesh, la danse de Shiva, la délicatesse de Pârvatî : c’est un Viêt Nam méconnu qui se révèle dans ce musée fondé par l’École Française d’Extrême Orient La danse des dieux s’est interrompue, et rares sont les temples qui subsistent encore. C’est au musée Guimet, à Paris, que l’on verra les photos qui témoignent encore de ces splendeurs.
Vieux quartier de Hoi An (Crédit photo Jean-Marie Hullot)
Le voyage a une fin, et qui se tient dans le grand bastringue de Hoi An, un peu disneylandisé, véritable lieu de rassemblement touristique. Pourtant, la ville ancienne n’était il y a 25 ans qu’un hameau.
Désormais, une barrière d’hôtels commence à se dresser sur l’immense cordon de sable qui court depuis Da Nang, et c’est dommage. Mais la ville a son charme, que la nuit permet d’apprécier. Le pont japonais, un des rares monuments laissé par l’empire du soleil levant et qui ne soit pas oeuvre militaire, exceptionnel. Beaucoup de japonais le fréquentent et honorent l’autel. Les nippons présents à Haifo, l’ancien nom de la ville, transformé en Faifo par les Portugais qui ne parvenaient pas à prononcer le « h » chantant de langue viêt, avaient calculé que le dragon qui régulièrement s’ébroue au Japon et déclenche ce remuement sauvage de la terre, devait être honoré sur ce canal précisément. Voici comment le décrit le mandarin Tân dans L’aile de la renarde : « De construction relativement récente - on est au XVIIè s. de l’ère chrétienne -, il avait une sobriété gracieuse qui tranchait avec le style viêt plutôt surchargé. À chaque bout, un couple de chiens et de singes montait la garde ». La salle d’adoration est au milieu, du côté de la terre. Elle est toute petite et la foule s’y presse dans la moiteur du jour. Un groupe de personnes japonaises est en prières. La fumée de l’encens sature l’atmosphère. La petite salle bruit des demandes, et de l’adoration.
Les maisons de bois sont magnifiques, et dès que l’on fait l’impasse sur certains aspects mercantiles - pas nécessairement, ni toujours, car il y a de très beaux objets - on prend plaisir à demeurer attablé, et à bavarder avec les gens souvent polyglottes, par la force du commerce. Alors, on peut pénétrer plus avant, entrer dans les soieries, découvrir vraiment des aspects plus quotidiens de cette vie désormais rythmée par les flux touristiques.
Désormais, une barrière d’hôtels commence à se dresser sur l’immense cordon de sable qui court depuis Da Nang, et c’est dommage. Mais la ville a son charme, que la nuit permet d’apprécier. Le pont japonais, un des rares monuments laissé par l’empire du soleil levant et qui ne soit pas oeuvre militaire, exceptionnel. Beaucoup de japonais le fréquentent et honorent l’autel. Les nippons présents à Haifo, l’ancien nom de la ville, transformé en Faifo par les Portugais qui ne parvenaient pas à prononcer le « h » chantant de langue viêt, avaient calculé que le dragon qui régulièrement s’ébroue au Japon et déclenche ce remuement sauvage de la terre, devait être honoré sur ce canal précisément. Voici comment le décrit le mandarin Tân dans L’aile de la renarde : « De construction relativement récente - on est au XVIIè s. de l’ère chrétienne -, il avait une sobriété gracieuse qui tranchait avec le style viêt plutôt surchargé. À chaque bout, un couple de chiens et de singes montait la garde ». La salle d’adoration est au milieu, du côté de la terre. Elle est toute petite et la foule s’y presse dans la moiteur du jour. Un groupe de personnes japonaises est en prières. La fumée de l’encens sature l’atmosphère. La petite salle bruit des demandes, et de l’adoration.
Les maisons de bois sont magnifiques, et dès que l’on fait l’impasse sur certains aspects mercantiles - pas nécessairement, ni toujours, car il y a de très beaux objets - on prend plaisir à demeurer attablé, et à bavarder avec les gens souvent polyglottes, par la force du commerce. Alors, on peut pénétrer plus avant, entrer dans les soieries, découvrir vraiment des aspects plus quotidiens de cette vie désormais rythmée par les flux touristiques.
Notre guide nous raconte son parcours : "J’ai fait tous les métiers. J’ai d’abord et longtemps été sur un pousse-pousse. Pas ceux des touristes. Je transportais des charges de 600, voire 700 kgs. C’était très dur." (Crédit photo DR)
Avec H., le guide, nous traversons la rivière avec le bac, et nous rendons dans une île dédiée aussi au travail du bois, et d’un calme absolu, après l’agitation de la ville.
Pendant la visite à bicyclette, il poursuit ses explications sur le tao, sur les pagodes des congrégations chinoises. Lui-même est catholique : le soir, il ira à la messe de Pâques. Et puis, brusquement, il quitte le terrain. « J’ai fait tous les métiers. J’ai d’abord et longtemps été sur un pousse-pousse. Pas ceux des touristes. Je transportais des charges de 600, voire 700 kgs. C’était très dur. Puis je suis devenu professeur d’anglais. Pendant la guerre, j’ai été deux ans dans les commandos. On me parachutait de nuit et je rampais. Il fallait rétablir les transmissions téléphoniques, renouer les fils. Prendre des informations sur les régiments en place, et les transmettre. Le plus dur était de rentrer sans être capturé. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai repris ensuite mon poste de professeur. Puis je suis devenu guide, après l’ouverture. La vie ici n’était pas facile. Mon père, qui avait été officier dans l’armée de libération, a été interné dans un camp de rééducation. On n’a jamais su pourquoi. Il y est resté 14 ans. Il a été dévasté. Quand il est sorti, il a joué aux échecs un jour - c’était un grand joueur, connu, par ici -, est allé à la pêche, un jour. Puis il s’est enfermé dans sa chambre, n’en sortant que pour sa toilette et manger. Un peu. Il est mort d’une bronchite 8 mois après son retour. La mort, elle était en lui et le mangeait du dedans ». Il me donne une longue accolade, puis file à la messe. Je sens encore en moi résonner sa parole, des semaines après.
Pendant la visite à bicyclette, il poursuit ses explications sur le tao, sur les pagodes des congrégations chinoises. Lui-même est catholique : le soir, il ira à la messe de Pâques. Et puis, brusquement, il quitte le terrain. « J’ai fait tous les métiers. J’ai d’abord et longtemps été sur un pousse-pousse. Pas ceux des touristes. Je transportais des charges de 600, voire 700 kgs. C’était très dur. Puis je suis devenu professeur d’anglais. Pendant la guerre, j’ai été deux ans dans les commandos. On me parachutait de nuit et je rampais. Il fallait rétablir les transmissions téléphoniques, renouer les fils. Prendre des informations sur les régiments en place, et les transmettre. Le plus dur était de rentrer sans être capturé. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai repris ensuite mon poste de professeur. Puis je suis devenu guide, après l’ouverture. La vie ici n’était pas facile. Mon père, qui avait été officier dans l’armée de libération, a été interné dans un camp de rééducation. On n’a jamais su pourquoi. Il y est resté 14 ans. Il a été dévasté. Quand il est sorti, il a joué aux échecs un jour - c’était un grand joueur, connu, par ici -, est allé à la pêche, un jour. Puis il s’est enfermé dans sa chambre, n’en sortant que pour sa toilette et manger. Un peu. Il est mort d’une bronchite 8 mois après son retour. La mort, elle était en lui et le mangeait du dedans ». Il me donne une longue accolade, puis file à la messe. Je sens encore en moi résonner sa parole, des semaines après.
Avant de partir, nous prenons les bicyclettes et allons une dernière fois admirer les rizières, survolées par les hérons. (Crédit photo DR)
On marche un peu, on traverse la zone qui vit d’une agitation nocturne parfois bruyante, on part longer la rivière, et on trouve le coin des restaurants populaires.
J’ai dîné plusieurs fois sur les bancs de madame Rin, institutrice la journée et qui avec sa soeur Liên Thẳo, prépare de succulents wontons, du poisson à la sauce aigre douce et du crabe à la sauce de tamarin. Avec madame Rin, nous avons confronté nos expériences d’enseignants et de lecteurs, pendant que sa nièce accostait les clients, et courait dans tous les sens. Mais timide quand on l’approche. On lit au Viêt Nam, et pas qu’un peu.
Avant de partir, nous prenons les bicyclettes et allons une dernière fois admirer les rizières, survolées par les hérons. Nous avons vu depuis le nord tous les stades de la culture du riz, depuis les semailles à la croissance des plans repiqués. Ici, les épis sont presque mûrs. La moisson commence dans la semaine. Mais nous ne la verrons pas.
Yves Rinauro
J’ai dîné plusieurs fois sur les bancs de madame Rin, institutrice la journée et qui avec sa soeur Liên Thẳo, prépare de succulents wontons, du poisson à la sauce aigre douce et du crabe à la sauce de tamarin. Avec madame Rin, nous avons confronté nos expériences d’enseignants et de lecteurs, pendant que sa nièce accostait les clients, et courait dans tous les sens. Mais timide quand on l’approche. On lit au Viêt Nam, et pas qu’un peu.
Avant de partir, nous prenons les bicyclettes et allons une dernière fois admirer les rizières, survolées par les hérons. Nous avons vu depuis le nord tous les stades de la culture du riz, depuis les semailles à la croissance des plans repiqués. Ici, les épis sont presque mûrs. La moisson commence dans la semaine. Mais nous ne la verrons pas.
Yves Rinauro
Plus d'infos
Travaux de tapisserie sur un métier très ancien (Crédit photo Yves Rinauro)
Viêt Nam première semaine :
http://www.lindigo-mag.com/Premiere-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam-_a626.html
Viêt Nam deuxième semaine :
http://www.lindigo-mag.com/Deuxieme-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam_a627.html
Viêt Nam troisième semaine :
http://www.lindigo-mag.com/Troisieme-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam_a628.html
Viêt Nam quatrième semaine
http://www.lindigo-mag.com/Quatrieme-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam_a629.html
Année France-Viêt Nam en France
http://www.anneefrancevietnam.com/
Ce voyage a été préparé avec soin par Anaïs Velasquez, et Les Ateliers du voyage. Qu’ils en soient ici remerciés, ainsi que les guides et les chauffeurs qui nous ont accompagnés pendant ce tour, réalisé sans urgence, à un rythme tout à fait humain.
Office de tourisme du Vietnam à Paris ...
http://www.lindigo-mag.com/Premiere-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam-_a626.html
Viêt Nam deuxième semaine :
http://www.lindigo-mag.com/Deuxieme-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam_a627.html
Viêt Nam troisième semaine :
http://www.lindigo-mag.com/Troisieme-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam_a628.html
Viêt Nam quatrième semaine
http://www.lindigo-mag.com/Quatrieme-semaine-Impressions-de-voyage-dans-le-nord-du-Viet-Nam_a629.html
Année France-Viêt Nam en France
http://www.anneefrancevietnam.com/
Ce voyage a été préparé avec soin par Anaïs Velasquez, et Les Ateliers du voyage. Qu’ils en soient ici remerciés, ainsi que les guides et les chauffeurs qui nous ont accompagnés pendant ce tour, réalisé sans urgence, à un rythme tout à fait humain.
Office de tourisme du Vietnam à Paris ...
Balade de deux chinoises dans le vieux quartier de Hoi An (Crédit photo Exolandtravel)