Escapade entre Mont Ventoux et Dentelles de Montmirail

On commence par lui car il impose au loin la majesté de ses 1910 mètres sur la plaine. Marcheurs, ne vous fiez pas à la douceur apparente de ses pentes : cette étape mythique du Tour de France ne réserve pas qu’aux cyclistes des efforts prolongés.

Le Ventoux à pied se mérite autant qu’il offre des surprises contrastées au fur et à mesure de la montée jusqu’à son sommet coiffé de blanc toute l’année. Un conseil :  évitez les jours de grand vent et équipez-vous correctement. Pour la montée en voiture, pas de problème, hors saison de préférence car il est très fréquenté. Classé depuis 1990 Réserve de la biosphère par L’Unesco, ce Parc naturel régional Natura 2000 est un incontournable. Les amateurs de nature seront comblés aussi par les haltes explicatives sur la végétation et l’histoire passionnante du reboisement entrepris durant des années au siècle dernier. Les deux versants nord et sud qui ont leurs particularités abritent une riche biodiversité et de nombreuses espèces protégées. Jusqu’à 650 mètres vous évoluez dans une nature méditerranéenne de garrigue et de chênes verts. Plus haut se développe une forêt de transition composée de chênes blancs à feuilles caduques, de cèdres, de buis, de genévriers et d’une explosion de fleurs roses, jaunes et bleues au printemps. Plus haut encore apparaissent les forêts de hêtres, de sapins et de pins sylvestres avant l’arrivée sur les crêtes rocailleuses et immaculées du sommet couvertes de neige en hiver et délivrant à l’automne une vue plongeante sur les couleurs fauves de la forêt. Un must à ne pas manquer !

Il a fière allure perché sur son éperon rocheux avec ses flancs abrupts, ses rues escarpées, ses remparts et ses tours sarrasines surplombant les gorges de la Nesque.

Depuis son esplanade la vue porte au loin sur la garrigue, les champs de vignes et de cerisiers et jusqu’au Mont Ventoux. Emplacement facile à défendre il a été très tôt occupé par les Romains et accueille au moment des invasions barbares l’évêché de Carpentras qui restera en place durant des siècles, les évêques jugeant ce fief mieux protégé. C’est à l’un d’eux, Siffrein, que l’on doit le baptistère en croix grecque du VIe siècle, restauré au XIIIe siècle, l’un des plus vieux édifices religieux de France. Ses quatre absides comportent six colonnes en marbre blanc coiffées de chapiteaux romains et médiévaux et soutenant cinq arcs, symboles des cinq sens. Au centre, dans la cuve octogonale, le baptême par immersion est alors célébré deux fois par an aux veilles de Pâques et de Pentecôte. A côté, dans l’église-cathédrale Notre Dame on admire deux chefs d’œuvre : une remarquable Crucifixion de l'École d'Avignon, 1498, et une Croix de procession du XVe siècle. En juin chaque année un joyeux festival de la Cerise anime tout le village…

Ils sont nombreux dans ce Parc régional du Mont Ventoux et ils vous attirent irrésistiblement. Près de Venasque, Le Beaucet se signale par les ruines d’un château qui garde encore fière allure malgré l’incendie de 1783.

En grimpant sur sa falaise après avoir passé l’une des portes monumentales de l’ancienne forteresse vous vous baladez entre les maisons de pierres sèches jusqu’à l’église du XIIe siècle et son clocher en fer forgé, une jolie constante dans la région pour résister aux souffles féroces du mistral. Un peu plus au nord voici Bédoin, blotti au pied du Ventoux avec la haute façade blanche de son église qui resplendit au soleil en plein cœur de vignobles. A Crillon le Brave dont la statue en bronze du seigneur héroïque Louis de Balbe Crillon vous accueille sur la place, il est possible de visiter quelques domaines viticoles de Côtes du Ventoux. Le charme du village a attiré quelques belles résidences secondaires ainsi qu’un hôtel à flanc de falaise, le Crillon/Spa cinq fois étoilé. Mais le bistrot de pays Saint-Romain est également une délicieuse adresse pour déjeuner à moindres frais. Pour visiter un château fortifié c’est au Barroux qu’il faut grimper. Au XIIe siècle, simple donjon fortifié il garde la plaine des invasions sarrasines et italiennes. Embelli à la Renaissance il sera agrandi au XVIIe selon les techniques de Vauban. Pillé sous la Révolution, brûlé par les Allemands en 1944 il renaît peu à peu de ses cendres grâce aux restaurations successives, toujours en cours, des propriétaires successifs. On en visite la cour d’honneur, la galerie des Seigneurs, la salle des Audiences, celle du Parlement jusqu’à la terrasse supérieure pour une vue époustouflante avant de redescendre vers la chapelle Notre Dame de la Brune.

La ville ne manque pas d’attraits dans son ambiance méridionale, en particulier les jours de marché. L’un de ses emblèmes est l'Hôtel-Dieu, œuvre de Monseigneur d'Inguimbert, évêque de Carpentras en 1735 après deux décennies passées à Rome.


Dominicain passionné d’art, de science et de culture il y fonde une riche bibliothèque et l’Hôtel Dieu actuel, la ville ayant longtemps souffert d’épidémies dont une dernière peste venue de Marseille en 1720. Une aile est alors réservée aux malades, aux vieillards et aux indigents, une autre aux sœurs hospitalières, avec pharmacie et chapelle baroque. Le bâtiment recevra des malades jusqu’en 2002.

Il conserve la splendeur du pur style XVIIIe siècle que lui a donnée en 1750 l’architecte Antoine d’Allemand avec entrée d'honneur, escalier monumental, galerie dédiée aux nombreux donatifs.

Depuis 2017 il accueille l’Inguimbertine, une bibliothèque- musée unique en son genre qui allie les technologies les plus contemporaines aux œuvres d’art ancien ayant appartenu à ce grand mécène. Et bientôt, à l’étage supérieur, un grand musée accueillera les riches collections de la réserve Ingimbertine…

Ce Monument historique le plus visité de Carpentras a été édifié en 1367 et remanié au XVIIIe siècle par le même architecte, Antoine d’Allemand, au moment où les Juifs s’installent dans le Comtat Venaissin sous la protection pontificale de Clément VI.






Ce dernier les autorisera à “prier haut et fort“ et non plus “en sourdine“. Malgré les contraintes (ghetto rue de la Muse, friperie et usure seuls métiers autorisés), ils vivront ici mieux qu’ailleurs.

La porte s’ouvre sur un grand escalier qui mène à la salle de culte et son décor baroque avec colonnes décorées de faux marbre, tabernacle doré, chandeliers à 7 branches, fauteuil du prophète Elie, estrade où se lit la Torah, bleu du plafond étoilé…

Au rez-de-chaussée, plus ancien, les bains rituels et la piscine primitive du XIVe siècle se visitent aussi ainsi qu’au sous-sol le four à pains azymes et la salle de prière qui était réservée aux femmes.

Les visites sont guidées après réservation.

Cette région de vignobles offre quelques haltes incontournables.A commencer par Gigondas dont les vignobles enchâssés au pied des Dentelles de Montmirail s’épanouissent sur des sols argilo-sableux, marno-calcaires sur les coteaux très favorables à l’élevage de grands crus.

Ils font des rouges très charpentés et de longue garde qui rivalisent volontiers avec les Châteauneuf-du-Pape dans cette basse vallée du Rhône. La visite des caveaux est aussi l’occasion de découvrir cet autre village perché, ses remparts, sa forteresse avec vue plongeante sur les vignobles.

Niché au pied des Dentelles comme un rempart contre le mistral, Beaumes-de-Venise et son église, joyau du XIIe siècle, mérite aussi une halte pour déguster son Muscat doux et ses rouges de caractère.

Aventurez-vous à travers les vignes au plus près des Dentelles de Montmirail jusqu’au domaine de Durban afin d’en déguster quelques savoureux nectars. La région est aussi terre d’amandiers et à Saint Didier, la maison Silvain transforme ses propres productions d’amandes et de miel pour décliner le nougat aux pistaches, aux spéculoos, agrumes confits, fruits rouges et aussi en nougats d’apéro…