La Porte n°2 de l’ex-chantier Lénine @ Claude Vautrin.
Mouillant au large de Sopot, la station balnéaire phare de Poméranie, ou suspendus, tels des trophées, dans le salon d’honneur de la Cour d’Artus, la prestigieuse Maison des Marchands, les bateaux firent et font toujours la richesse de Gdansk.
« Naviguer est nécessaire, il n’est pas nécessaire de vivre », clame la maxime de Pompée que fait sienne la cité portuaire polonaise, jadis l’une des plus florissantes de la Ligue hanséatique. Trônant en bonne place, au cœur de la Glowne Maestro, la Ville Principale, Neptune, le dieu de la mer, approuve, en une éternité complice, les vertus de tels trafics. A observer l’agitation véhiculant sur la Vistule, le long de la péninsule de Westerplatte, touristes et cargaisons multiples, l’affaire est loin d’être bouclée. « Porte d’or » de la Pologne, la Perle de la Baltique, accro au négoce, est tout autant cité de labeur. Les grues, docks, silos, hangars géants, dessinant dans le ciel du nord leur géométrie acérée, en sont les vestiges vivants, quoique pour certains définitivement muets. Bienvenue dans les Chantiers navals de Gdansk qui furent révolte, répression et libération, et perpétuent avec ferveur le souvenir. Ici l’Histoire a écrit l’une de ses pages qui mérite assurément le détour, car en capacité de conter le monde contemporain en mouvement, en bouleversement.
« Naviguer est nécessaire, il n’est pas nécessaire de vivre », clame la maxime de Pompée que fait sienne la cité portuaire polonaise, jadis l’une des plus florissantes de la Ligue hanséatique. Trônant en bonne place, au cœur de la Glowne Maestro, la Ville Principale, Neptune, le dieu de la mer, approuve, en une éternité complice, les vertus de tels trafics. A observer l’agitation véhiculant sur la Vistule, le long de la péninsule de Westerplatte, touristes et cargaisons multiples, l’affaire est loin d’être bouclée. « Porte d’or » de la Pologne, la Perle de la Baltique, accro au négoce, est tout autant cité de labeur. Les grues, docks, silos, hangars géants, dessinant dans le ciel du nord leur géométrie acérée, en sont les vestiges vivants, quoique pour certains définitivement muets. Bienvenue dans les Chantiers navals de Gdansk qui furent révolte, répression et libération, et perpétuent avec ferveur le souvenir. Ici l’Histoire a écrit l’une de ses pages qui mérite assurément le détour, car en capacité de conter le monde contemporain en mouvement, en bouleversement.
Le Centre Européen de Solidarité, et sa masse d’acier Corten @ Claude Vautrin.
Le Centre Européen de Solidarité
« Ni témérité, ni timidité », affiche crânement la devise du blason de Gdansk, résumant ainsi les qualités qu’il a fallu développer en plus d’un millénaire de relations souvent profitables, parfois troubles, voire conflictuelles et destructrices, avec l’étranger, de passage ou occupant. Les années 1970/1980 ont rallumé la flamme de cet esprit de résistance, au cœur même des Chantiers de construction navale où oeuvraient alors plus de 50 000 ouvriers, dont 17 000 sur le seul chantier Lénine, où se forgea la lutte pour la liberté qui ébranlerait, jusqu’à son effondrement, tout un système.
Masse en acier
Une imposante masse en acier Corten, matériau résistant, on le sait, aux pires conditions atmosphériques comme aux épreuves du temps, annonce la couleur. La rouille n’est que façade, abritant, au sein du Centre Européen de Solidarité, inauguré en 2014, la mémoire de la formidable énergie qui, en août 1980, bouleversa le monde, et qu’expriment à ses côtés, en une verticalité sacrée, trois immenses croix élancées, porteuses d’ancres, hommage aux grévistes victimes des répressions, et tout autant symbole d’espoir.
Masse en acier
Une imposante masse en acier Corten, matériau résistant, on le sait, aux pires conditions atmosphériques comme aux épreuves du temps, annonce la couleur. La rouille n’est que façade, abritant, au sein du Centre Européen de Solidarité, inauguré en 2014, la mémoire de la formidable énergie qui, en août 1980, bouleversa le monde, et qu’expriment à ses côtés, en une verticalité sacrée, trois immenses croix élancées, porteuses d’ancres, hommage aux grévistes victimes des répressions, et tout autant symbole d’espoir.
La porte n°2 de l’ex-chantier naval Lénine, où tombèrent les premières victimes des manifestations de décembre 1970, arbore toujours sur ces barreaux la bannière de Solidarnosc @ Claude Vautrin.
Un lieu unique en son genre en Europe
Toute proche, la porte n°2 de l’ex-chantier naval Lénine, où tombèrent les premières victimes des manifestations de décembre 1970, arbore toujours sur ces barreaux la bannière de Solidarnosc, le syndicat libre qui naquit dix ans plus tard, le drapeau du Vatican et un portrait du pape Jean-Paul II. Il faut symboliquement la franchir pour ensuite s’immerger dans le bâtiment mémoire de 26 000 m2, à l’architecture audacieuse figurant la coque d’un navire hors norme. En de marquantes contributions, la visite éclaire sur ce qui fut ici vécu, bousculé et transformé, sachant que tout « chemin de liberté » a vocation universelle et reste toujours en devenir. « Connais l’histoire, décide de l’avenir », telle est en tout cas l’invite de ce lieu de rencontres unique en son genre en Europe.
Histoire de Solidarnosc
Une bibliothèque, une médiathèque, des archives, des forums, des conférences de vulgarisation scientifique, ateliers pour les familles, studio d’ateliers créatifs pour les jeunes, entre autres concerts et débats, ouvrent la voie informative et pédagogique. Le visiteur d’un jour privilégiera, lui, l’exposition permanente multimédia qui, sur deux étages, fait revivre les événements libérateurs d’août 1980, l’histoire de Solidarnosc, « les changements survenus en Europe Centrale et de l’Est suite aux événements provoqués par ce mouvement ouvrier et politique ». Le hasard vous fera peut-être approcher Lech Walesa, le leader de Solidarnosc, devenu président et Prix Nobel de la Paix, qui y a son bureau. Mais il le dirait lui-même, l’essentiel réside avant tout dans l’énergie collective.
Histoire de Solidarnosc
Une bibliothèque, une médiathèque, des archives, des forums, des conférences de vulgarisation scientifique, ateliers pour les familles, studio d’ateliers créatifs pour les jeunes, entre autres concerts et débats, ouvrent la voie informative et pédagogique. Le visiteur d’un jour privilégiera, lui, l’exposition permanente multimédia qui, sur deux étages, fait revivre les événements libérateurs d’août 1980, l’histoire de Solidarnosc, « les changements survenus en Europe Centrale et de l’Est suite aux événements provoqués par ce mouvement ouvrier et politique ». Le hasard vous fera peut-être approcher Lech Walesa, le leader de Solidarnosc, devenu président et Prix Nobel de la Paix, qui y a son bureau. Mais il le dirait lui-même, l’essentiel réside avant tout dans l’énergie collective.
Les 21 Postulats écrits à la main par les grévistes d’août 1980…constituent des points marquants de la découverte @ Claude Vautrin.
Les Tables des 21 Postulats et plus de 1800 souvenirs d’exception
La flèche d’une grue, au vert émeraude, émerge d’un feuillage plus discret @ Claude Vautrin.
Répertoriée sur la liste mondiale du patrimoine documentaire de l’UNESCO dénommée « Mémoire du Monde », une pièce majeure l’illustre : les « tables des 21 postulats », en fait deux simples tableaux de bois accrochés en son temps à la fameuse porte n°2 où à la mi-août 1980 les grévistes écrivirent à la main leurs revendications, exigeant notamment « la réintégration des militants des Syndicats ouvriers libres de la Côte, l’érection d’une statue dédiée aux ouvriers tombés en décembre 1970, la hausse des salaires et la garantie que les grévistes ne seraient pas réprimés ». En quinze jours, le gouvernement de la République populaire de Pologne autorisait, sous la pression, la création du premier syndicat ouvrier indépendant et autogéré du bloc communiste. Non sans que la loi martiale - ou état de guerre - ne soit instaurée de décembre 1981 à juillet 1983, pour museler Solidarsnoc, le contraindre à la clandestinité, jusqu’aux négociations de la « Table ronde » et aux élections de 1989.
Tout en haut de l'édifice, la terrasse panoramique ouvrant à 360° sur le site portuaire @ Claude Vautrin.
Plus de 1800 souvenirs exceptionnels
Tout cela est très magistralement mis en avant, photos, documents filmés et audios, manuscrits, cartes, publications clandestines, journaux, objets de l’art indépendant à l’appui, soit « plus de 1800 souvenirs exceptionnels ». Aussi éloquent que passionnant ! Des expositions temporaires complètent l’attractivité d’un site mémoriel parfaitement intégré dans l’histoire et le paysage. Il suffit de rejoindre la terrasse panoramique ouvrant à 360° sur le site portuaire, et la Vieille Ville, pour que la vue sans égale incite à redescendre sur terre. En reconversion partielle, via la construction de résidences immobilières, et l’émergence de nouvelles activités, économiques, culturelles et de loisirs, les chantiers navals historiques restent en effet propices à une balade riche en émotions, et en surprises.
Une plongée dans les Chantiers navals s’impose @ Claude Vautrin.
De nouvelles activités
Sur la Vistule, entre la mer Baltique et Gdansk, de nouvelles activités se font jour dont la fabrication d’éoliennes @ Claude Vautrin.
Le passé s’invite d’abord, à l’approche des vieux bâtiments de briques rouges, désormais livrés à des graffitis poético-politiques - Cala Wasza politika o kant a sie potyka Toute votre politique trébuche sur le bord - aux créations de street artistes ou aux outrages du temps. Des arbres partent à l’assaut de ponts roulants rongés par la corrosion. La flèche d’une grue, au vert émeraude, émerge d’un feuillage plus discret. La nature en renaissance fragile s’acoquine avec les machineries grinçantes d’un autre âge. La métamorphose se révèle parfois bruyante, quand Electrykow, la rue des électriciens, autrefois chère à Lech Walesa, qui le fut, s’invente de nouvelles lumières, s’offre les rythmes débridés de sons métalliques ou techno : la fête nocturne bat désormais son plein, là où se fomentait la révolte.
Petite Hollande
Le travail n’a pas dit son dernier mot. Ils sont encore près de 10 000 à s’atteler quotidiennement à la tâche, fabriquant ici des éoliennes qui se dresseront bientôt dans la proche Petite Hollande, dominant champs de colza et de blé. Là des containers flambant neufs sortent des ateliers. Ailleurs des yachts font peau neuve. Plus modeste qu’hier, la construction de navires est toujours d’actualité.
Petite Hollande
Le travail n’a pas dit son dernier mot. Ils sont encore près de 10 000 à s’atteler quotidiennement à la tâche, fabriquant ici des éoliennes qui se dresseront bientôt dans la proche Petite Hollande, dominant champs de colza et de blé. Là des containers flambant neufs sortent des ateliers. Ailleurs des yachts font peau neuve. Plus modeste qu’hier, la construction de navires est toujours d’actualité.
A l’approche du large, un imposant monument de granit, érigé en mémoire des défenseurs de la côte ayant courageusement résisté aux premières attaques des troupes allemandes en 1939 @ Claude Vautrin.
Croisière vers la péninsule de Westerplatte
S’offrir une croisière vers la péninsule de Westerplatte, soit une douzaine de kilomètres entre Gdansk et la Baltique, est à ce sujet instructif. L’occasion de mesurer que l’économie est loin d’avoir dit son dernier mot. Jadis dédiés au sucre, des silos géants engrangent désormais des fourrages. Des éoliennes sont en attente de partance. Des stocks de charbon attendent des jours meilleurs ! Chargements et déchargements de bateaux géants se succèdent. Plus de huit millions de containers ont transité par le port en 2022… L’Histoire n’en refait pas moins surface. A l’approche du large, un imposant monument de granit, érigé en mémoire des défenseurs de la côte ayant courageusement résisté aux premières attaques des troupes allemandes en 1939, domine les derniers quais du chenal. Résistance et lutte encore !
L’église Sainte-Brigitte, sanctuaire du syndicat Solidarnosc et des grévistes d’alors qui y trouvèrent, pour certains, refuge, et où eurent lieu des négociations secrètes @ Claude Vautrin.
Eglise Sainte-Brigitte, un très rare autel d’ambre
Plus lumineuse, une autre halte s’impose pour qui s’intéresse à l’histoire de Solidarnosc, et d’un mouvement impliquant fortement l’église catholique romaine : l’église Sainte-Brigitte, située dans la Vieille Ville, et véritable sanctuaire du syndicat lors des grèves des années 1980. Des négociations secrètes furent menées dans la tour. Ses bannières noires flottent toujours au vent sur la façade, mais un autre joyau mémoriel s’y forge depuis 23 ans : un autel d’ambre rayonnant, mêlant gerbes de blé, grappes de raisin, aigle, tous hautement symboliques, sans oublier les saintes protectrices. Sur les 1200 prévus, 840 kilos de cette résine végétale fossilisée qui fait aussi le renom de Gdansk et de la région, décorent pour l’heure cette œuvre unique et rare toujours en cours de création, au sein d’un édifice qui, lui aussi, a beaucoup à dire. A deux pas, la poste majestueuse, devenue musée, fut, elle aussi, le cadre d’une résistance cette fois face aux troupes allemandes qui, le 1er septembre 1939, attaquèrent l’édifice. Un monument commémore l’héroïsme de ces postiers sous une volée d’oiseaux prometteuse. « Connais l’histoire, décide de l’avenir ». A Gdansk, le propos n’est assurément pas qu’un slogan.
La Poste et son musée, et le monument aux postiers résistants de septembre 1939 @ Claude Vautrin.
Plus d'informations
Office Polonais du Tourisme 10 Rue Saint-Augustin, 75002 Paris
Tél 01 42 44 19 00 – www.pologne.travel
Y aller
Polish Airlines LOT propose un vol Paris Gdansk avec escale à Varsovie – www.lot.com
Passeport ou carte d’identité valide
Visiter
Guide francophone à Gdansk : Andrzej Falkowski Tél +48/601 632 096
biuro@omnibustourist.com.pl
www.private-guide.pl
Centre Européen de Solidarité
Place de la Solidarité 180-863 Gdansk Tél 58 772 40 00:+48587724000
Exposition permanente : de mai à septembre, du lundi au vendredi de 10h à 19h, les samedi et dimanche de 10h à 20 ; d’octobre à avril, du lundi au vendredi de 10h à 17h, les samedi et dimanche de 10h à 18h.
Fermeture le mardi. Caisse Tél 58 772 41 12:+48587724112
www.ecs.gda.pl
Eglise sainte-Brigitte
Profesorska 17, 80-856 Gdańsk dans la Vieille Ville. Entrée payante.
Musée de la Poste et monument aux défenseurs de la Poste polonaise
Place Obrońców Poczty Polskiej 1/2, 80-001 Gdańsk Tél 58 573 31 28
Croisière vers la péninsule de Westerplatte https://perlalew.pl/en/
Dormir
Dwór Uphagena ARCHE 4* ul. Prof. Kieturakisa 1, 80-742 Gdańsk, tél.: +48/58/506 55 90 www.archedworuphagena.pl
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Exposition permanente : de mai à septembre, du lundi au vendredi de 10h à 19h, les samedi et dimanche de 10h à 20 ; d’octobre à avril, du lundi au vendredi de 10h à 17h, les samedi et dimanche de 10h à 18h.
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A gauche, le monument aux premières victimes du mouvement de 1970 avec ses flèches et ses trois ancres de 200 tonnes @ Claude Vautrin.