Sa position à l'arrière de Verdun pendant la Première Guerre mondiale a donné à Bar-le-Duc un rôle essentiel dans la victoire finale. Il est symbolisé par la borne zéro de la “Voie Sacrée“, première de 58 autres dressées in memoriam entre ces deux villes. Son nom, la voie le doit à Maurice Barrès en référence à la Via sacra qui menait jadis les Romains jusqu’au triomphe.
Au plus fort des combats durant l'été 1916, 90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions et de ravitaillement sont passés par là chaque semaine pour secourir Verdun…Par bonheur le patrimoine bâti de Bar-le-Duc n’a pas été touché par ces années tragiques et la ville a conservé la beauté de son architecture Renaissance.
Labellisée Plus beaux détours de France et Ville d'art et d'histoire, cette ancienne capitale du duché de Bar se découvre à pied du centre-ville le long de l'Ornain jusqu’aux richesses culturelles de la ville-haute.
La ville-basse, berceau gallo-romain très ancien, s’étire nonchalamment entre canal de la Marne au Rhin et rivière de l’Ornain.
Nous voici maintenant arrivés dans ce secteur sauvegardé sous la protection des architectes des bâtiments de France.
Un véritable joyau du XVIe au XVIIIe siècle dont l’homogénéité des maisons et des hôtels particuliers construits autour du château des Ducs de Bar est rehaussée par la belle couleur de la pierre blonde facile à sculpter et résistant au gel.
L’architecture est encadrée à l’époque pour harmoniser les façades ornées d’entablements, de corniches, de frises, de figures en relief qui rappellent l’antiquité romaine. Plus rien à voir avec les maisons à pans de bois qui les ont précédés. Nombreux sont alors les ateliers travaillant la pierre, le verre et les vitraux pour les églises ou les riches demeures.
Il faut pousser les portes qui consentent à s’ouvrir sur les jardins secrets, les caves voûtées sur plusieurs étages. Il y aurait jusqu’à 300 kilomètres de galeries souterraines à proximité suite à l’exploitation séculaire de la pierre de Savonnières dont les gisements ont permis ces constructions et servent encore à la rénovation des plus beaux bâtiments. Plusieurs circuits de découvertes avec application téléchargeable “Bar-le-Duc, cité Renaissance“ et des panneaux explicatifs rendent passionnante la découverte de cette ville.
Ce théâtre à l’Italienne aujourd’hui en pleins travaux de restauration donne une idée de ce qu’il sera bientôt lorsque la salle aux balcons sculptés et la vaste scène auront retrouvé leur beauté inspirée du style du Châtelet.
Construit en 1900 tout en béton, une audace pour l’époque, il n’aura donné que quatre ans de représentations avant que les problèmes de gestion ne l’obligent à se dédier à des activités plus larges, culturelles mais aussi sportives, pour survivre jusqu’à la fermeture des portes en 1970 pour raisons de sécurité.
Les fauteuils sont retirés, le théâtre devient gymnase pendant encore une trentaine d’années. Pire, des projets immobiliers risquent de le voir disparaître. En 2015 l’“Association pour la sauvegarde du Théâtre des Bleus de Bar" en devient propriétaire et réussit à récolter des fonds pour sa restauration avec l’aide de bénévoles passionnés qui veulent lui redonner sa belle identité. Beaucoup reste encore à faire mais le projet avance dans ces lieux qui retrouvent peu à peu leur beauté.
Sélectionné par le Loto du Patrimoine de Stéphane Bern, l’association a gagné une aide financière pour la sauvegarde de ce patrimoine en péril. Quiconque veut participer d’ailleurs au financement des travaux peut le faire via le site de la Fondation du Patrimoine.
Ligier Richier, le plus grand sculpteur lorrain de la Renaissance, fait l’objet d’une Route dédiée en huit étapes et d’église en église.
Il permet de découvrir l’œuvre essentiellement religieuse de ce maître protestant né en 1500 à Saint-Mihiel et mort à Genève après avoir fui les guerres de Religion. Le circuit peut commencer ici, dans la ville-haute de Bar-le-Duc dont les hautes façades Renaissance mènent à l’église gothique flamboyant Saint-Etienne. A l’intérieur, on est saisi par la force de deux œuvres majeures de Ligier Richier. La figure du Transi, une sculpture en pierre représentant René de Chalon, prince d'Orange, à l'état de squelette. Le bras tendu vers le haut il contemple son cœur qu’il brandit vers le ciel. La chair a disparu, la peau fait des plis, les veines et les tendons affleurent dans une perfection du rendu qui rappelle la tradition médiévale des danses macabres. De quoi émerveiller et glacer les vivants. Dans le chœur, le Christ en croix avec les deux larrons en bois polychrome dramatise la douleur dans le visage agonisant du Christ comme dans la torsion des deux autres corps.
Il s’agit d’une Mise au Tombeau en pierre composée de treize figures légèrement plus grandes que nature dont chacune participe à sa façon à la scène centrée sur la mort du Christ. Composition unique qui donne une impression de pris sur le vif. A côté, la Pâmoison de la Vierge en bois de noyer est une autre expression du génie du sculpteur dans le traitement des drapés qui accompagne l’affaissement de la Vierge et dans la gravité de l’expression du visage de Saint Jean.
Occupée deux fois par les Allemands, libérée deux fois par les Américains (en 1918 et en 1944) Saint-Mihiel est à 35km de Verdun dans la vallée de la Meuse.
Si les tranchées et les nécropoles rappellent la douloureuse mémoire des conflits endurés, le riche patrimoine de la ville reste témoin d’une belle histoire passée liée à l’abbaye bénédictine fondée au VIIIe siècle. Foyer spirituel, culturel et artistique à partir de la Renaissance, les hôtels particuliers et le foyer artistique dont Ligier Richier fut chef de file en restent les témoins. La bibliothèque de l’abbaye achevée vers 1775 a échappé aux épreuves de l’histoire.
Sous ses plafonds de plâtre moulé représentant les saisons et les continents elle conserve 8 800 ouvrages dont 77 manuscrits, 86 incunables et des éditions remontant au VIIIe siècle. Parmi ces trésors, le Graduel enluminé datant de 1463 et un Voyage à Jérusalem de 1543 entièrement orné de peintures. Dans une aile de l’Abbaye, le Musée départemental d’Art sacré, labellisé Musées de France, ouvre au public sa riche collection d’œuvres d’art religieux issues des églises de la Meuse. Elle comprend des objets d’orfèvrerie, de pierre et de bois ainsi que des cires habillées. On prolonge la visite par la somptueuse exposition temporaire "De Soie & d'Or. Textiles sacrés en Meuse XVIIe-XIXe siècles", une collection de chasubles brodées de toute beauté.
Contacts :
Office de tourisme de Bar-le-Duc
7, rue Jeanne d’Arc
www.tourisme-barleduc.fr
Office de Tourisme de Saint-Mihiel
Rue du Palais de Justice
https://saint-mihiel.fr/office-de-tourisme-coeur-de-lorraine/
Séjourner
Visiter :
Théâtre des Bleus de Bar
Faire un don pour sa restauration :
www.fondation-patrimoine.org/44316
Bibliothèque Bénédictine de Saint-Mihiel
Rue du Palais de Justice
www.coeurdelorraine-tourisme.fr
Exposition De Soie & d'Or. Textiles sacrés en Meuse XVIIe-XIXe siècles. Jusqu’au 15 décembre 2021
https://musees-meuse.fr/de-soie-et-dor-textiles-sacres-en-meuse-xviie-xixe-siecles/
La Route Ligier-Richier
https://www.lameuse.fr
Où dormir
Villa des Ducs.
Dans une belle demeure à la déco classique et contemporaine cinq chambres équipées de salle de bain à 500 mètres du centre-ville. Espace lecture avec piano et délicieux petit-déjeuner composé de produits maison.
61 bd Raymond Poincaré
www.lavilladesducs.fr
Maison Dutriez.
Spécialiste de la délicieuse confiture de groseilles épépinées à la plume d’oie, tradition locale depuis 1344. Démonstration d’épépinage et dégustation de ce “caviar“ lorrain.
35 rue de l’Etoile. Bar le Duc
Tél. : 03 29 79 06 81
https://www.groseille.com/
Chocolatier et torréfacteur Sereivan’s
Les Mageot père et fils ont repris la fabrication traditionnelle des Rochers et Croquets de Saint-Mihiel. Un petit régal que l’on déguste par exemple dans leur salon de thé ainsi qu’une large gamme de chocolats maison, de confiseries et de cafés torréfiés sur place.
9, place Jacques Bailleux. Saint-Mihiel
https://saint-mihiel.fr/confiserie-sereivans/
Boucherie/Restaurant Polmard*
Fils de boucher, Alexandre Polmard est boucher/éleveur lui-même. Il a créé son propre élevage de Blondes d’Aquitaine pour proposer ses viandes d’excellence à la vente comme à la consommation dans son nouveau restaurant . Bel endroit à double vocation dont le concept se décline aussi à Paris et dans de nombreux lieux à travers le monde.
9 Place du Saulcy, 55300 Saint-Mihiel
www.polmard.com
A La Cloche Lorraine
Spécialiste depuis des générations de la fameuse madeleine pur beurre de Commercy dans cette ville qui mérite aussi un arrêt pour son impressionnant château du Roi Stanislas, à 20 mn en voiture de Saint-Mihiel.
8 place Charles de Gaulle. Commercy
www.madeleine-commercy.com/accueil.php