Vue de La Paz, du haut du mirador Killi Killi © Claude Vautrin.
A la Sainte-Trinité, La Paz fête en grandes pompes le Gran Poder, une cérémonie « célébrant le fils de Dieu, symbole de syncrétisme », et mêlant foi catholique et croyances andines.
En Bolivie, le Gran Poder, ou grand pouvoir, ce sont surtout des fraternités agissantes rassemblant, en un réseau puissant, la bourgeoisie indigène locale. En cette fin de saison des pluies, le temps est pour l’heure aux répétitions des danses et des chants qui envahiront la capitale administrative de la Bolivie en juin prochain. Sur la Sagarnaga, une rue commerçante du centre-ville, un orchestre donne le ton tonitruant, préfigurant les débordements à venir. Le singani, l’eau-de-vie nationale, coule à flots, trouble l’équilibre de cholitas en costume traditionnel et aux précieux bijoux, trompe la vigilance de leurs maris aussi endimanchés qu’éméchés. Ainsi naissent les rumeurs de l’une des villes les plus hautes du monde, établie dans un ancien canyon échancrant, à 3650 mètres d’altitude, l’Altiplano, dominé par les sommets enneigés de la Cordillère.
En Bolivie, le Gran Poder, ou grand pouvoir, ce sont surtout des fraternités agissantes rassemblant, en un réseau puissant, la bourgeoisie indigène locale. En cette fin de saison des pluies, le temps est pour l’heure aux répétitions des danses et des chants qui envahiront la capitale administrative de la Bolivie en juin prochain. Sur la Sagarnaga, une rue commerçante du centre-ville, un orchestre donne le ton tonitruant, préfigurant les débordements à venir. Le singani, l’eau-de-vie nationale, coule à flots, trouble l’équilibre de cholitas en costume traditionnel et aux précieux bijoux, trompe la vigilance de leurs maris aussi endimanchés qu’éméchés. Ainsi naissent les rumeurs de l’une des villes les plus hautes du monde, établie dans un ancien canyon échancrant, à 3650 mètres d’altitude, l’Altiplano, dominé par les sommets enneigés de la Cordillère.
Des caricatures de l’époque coloniale
Les recoins les plus inaccessibles de la cité, montant, conquérante, à l’assaut de pentes abruptes, n’y échappent pas. Qu’une des 367 fêtes que connaît chaque année la Bolivie se prépare, et les rues redoublent d’animation… souvent embouteillée. Avenue Illmapu, une des artères du centre-ville, les marchandages précédant, en février, le Carnaval débordent largement sur la chaussée. Rien ne manque pour costumer enfants et adultes, décorer, le jour de la Ch’alla (bénédiction), la maison, un magasin ou sa voiture. Envahies, les façades s’habillent de couleurs vives, voire fluo. De quoi perturber les artisans locaux réparant à même le trottoir ici une machine à coudre, là un miroir ! Désormais, la priorité est autre, livrant bientôt la ville au défilé des enfants, armés d’eau et de mousse, travestis bien sûr. Caricatures de l’époque coloniale, les Chutas et les Cusillos, « un (mauvais) esprit andin », sont de retour. Autant dire les diables cornus et les diablesses, les fantômes aussi.
Avenue Illmapu : une rue « commerciale » © Claude Vautrin.
Miniatures nommées désirs
Dès le 24 janvier, un autre rendez-vous incontournable fait du parc urbain central le lieu névralgique de l’Alasita, ou « achète-moi » en aymara. La tradition, reconnue comme Patrimoine culturel et immatériel de l’Humanité par l’Unesco, s’invite là encore. A La Paz comme dans tout le pays. Durant un mois, des centaines de boutiques s’improvisent, proposant à la vente des miniatures. L’idée largement partagée s’inspire d’une coutume de jadis des peuples autochtones andins, où les miniatures échangées lors d’une foire spécifique devaient assurer l’acquisition desdits produits durant l’année. Aujourd’hui, le principe demeure : achat d’une miniature pour satisfaire un souhait, avant qu’un chaman et/ou un prêtre ne la bénisse(nt). Les étals en disent long sur l’éventail plus qu’ouvert de ces aspirations : billets de banque, dollar et euro si possible, maison, diplôme, boîtes de conserve, sacs de farine, voiture, billet d’avion, mini bébés, mariage ou divorce ! Les journaux y vont aussi de leur format réduit, tout ça sous le regard bienveillant de l’Ekeko, dieu précolombien de l’abondance et mascotte de la fête ! Un petit régal de balade et d’échanges !
Feria Alasita, le marché des miniatures © Claude Vautrin.
Vues imprenables
La Paz se goûte ainsi au gré de l’errance. Avant de s’y perdre, deux options, à vivre sans partage, s’offrent à qui entend mesurer l’étendue de la pieuvre urbaine. Le Belvédère Killi Killi, établi sur la colline de Santa-Barbara, développe ainsi un panorama à 360° sur la ville et la Cordillère enneigée. Au ton rouille des maisons de briques partant à l’assaut de pentes abruptes se mêlent le jaune des tribunes du stade Hernando Siles Reyes, les façades de verre des immeubles officiels, le béton des tours d’affaires, quelques ilots de verdure. Avec son bon million d’habitants, La Paz exhale alors ses trop pleins de vibrations, de vapeurs, d’échos. Moins physique est l’opportunité d’emprunter Mi Teleférico, une prouesse technologique et écologique qui en fait le plus haut téléphérique urbain au monde, avec ses dix lignes - à chacune sa couleur : rouge, bleue, violette… - reliant les quartiers de la capitale et El Alto. Née de l’exode rural, cette dernière ville se développe depuis 35 ans sur le haut plateau à plus de 4000 mètres d’altitude, portant la population de la mégapole à plus de deux millions d’habitants. Il faut se rendre à El Alto notamment les jeudi et dimanche matin, temps forts de la Feria du 16 juillet, ouverte par ailleurs tous les jours que font la semaine, et considérée comme le plus grand marché aux fruits et légumes, entre autres produits, d’Amérique du Sud.
Mi Teleférico, 10 lignes les plus hautes du monde © Claude Vautrin.
Sorcières et chamans
Pas innocent dans ce pays attaché à la Tradition que ses abords abritent une avenue dédiée à des chamans qui, défiant le temps, prodiguent conseils et soutien. Au-dessus dans les airs, la ligne bleue du téléphérique urbain poursuit son tranquille va-et-vient. Tout cela au nom des bonnes énergies, cela va sans dire. Elles s’expriment tout autant dans un lieu « magique » de La Paz, au bien nommé el Mercado de las Brujas, le marché des sorcières. Dans une de ces rues étroites du centre-ville, d'étranges échoppes attirent le regard. Fœtus de lama ou de cochon, pendus à l'entrée en guise d'accueil, plantes médicinales, amulettes en tout genre. Les boutiques ésotériques ne manquent pas, résonnent de confidences et d’incantations nées en des temps lointains. Les « sorcières » se veulent plutôt bienveillantes, telle Feliza pratiquant ainsi avec calme les rituels de magie blanche de la culture Aymara, au cœur même de la capitale, contre quelques menues monnaies. La Paz, on le voit, ne démérite en matière marchande. C’est fou ce que la capitale bolivienne compte de boutiques et d’étals improvisés sur le pavé : fruits, légumes, boissons, soupe au poulet, objets d’artisanat, ou instruments du quotidien, vêtements… L’offre est des plus ouvertes. La tenue traditionnelle de ces revendeuses, des cholitas, est souvent de rigueur : robes aux trois volants, bombin de feutre pour couvre-chef, longues tresses noires attachées à leur pointe…
Le marché des sorcières © Claude Vautrin.
Une rue chargée d’Histoire
Dans cette atmosphère fleurant bon, à chaque coin de rue, la culture andine, le passé préhispanique ne dit pas évidemment son dernier mot. Un petit tour au musée d’ethnographie et du folklore éclaire sur les savoir-faire andins ancestraux. On y découvre de très belles collections de tissus, masques, poteries et d’artisanat en plumes. Très instructif et plaisant ! Quant à l’Histoire, coloniale, elle s’invite forcément. A travers quelques bâtis sacrés, la Cathédrale, la Basilique San Francisco, et surtout la rue Jaén, l’un des derniers vestiges coloniaux dans son jus, sachant, c’est bien connu, que le cours de l’Histoire s’inverse parfois. Ici a vécu Pedro Domingo Murillo, l'un des personnages clés de l'indépendance bolivienne acquise en 1825. Par cette ruelle étroite, où s’épanouissent cinq petits musées (folklore, métaux précieux, instruments de musique, du littoral bolivien, et Rosita Rios), les condamnés à mort cheminaient vers leur destin fatal, une potence installée aux limites de la ville. Une croix verte symbolise la dernière attention qui leur était portée. Plus jouissifs, une galerie d’art, et un café-musée bien vivant agrémentent la visite.
Calle Jaén, un condensé de l’histoire coloniale © Claude Vautrin.
La Madre Luna, la mère lune !
La place Murillo, celle des pouvoirs, concentre, autour de ses quelques arbres, et de sa verdure appréciée des pigeons, les pouvoirs locaux. En témoignent la Cathédrale, le Palais présidentiel, le pouvoir législatif, une caserne de police et quelques belles demeures coloniales. « Pour laisser derrière soi l’ère coloniale », on doit à Evo Morales, l’ex-président issu d’une famille aymara du département d’Oruro, le premier président du pays d’ascendance amérindienne, la construction de deux immeubles. A l’architecture contemporaine hautement symbolique, ils dominent les anciens édifices institutionnels d’une autre époque. Inauguré en 2021, un cube posé sur un immeuble de 36 mètres de haut, abrite le Parlement bolivien avec nombre de détails symbolisant les 36 peuples indigènes du pays. Quant au Palais présidentiel il surplombe, de ses 129 mètres de hauteur, l’ancien Palacio Quemado et se veut La Casa Grande del Pueblo, « la grande maison du peuple ». Il arbore, lui aussi, sur sa façade notamment, des éléments andins et amazoniens représentant les différents peuples de la Bolivie. Les ouvrages font toujours polémique. La Paz n’en poursuit pas moins sa progression, jusqu’au voisinage d’un de ses joyaux naturels, à une dizaine de kilomètres de là : l’inédite Vallée de la Lune et ses reliefs d’argile et de grès dessinés par les pluies et les vents. Du plus bel effet ! Si près du ciel, La Paz ne pouvait il est vrai que tutoyer la Madre Luna, la mère lune.
Place Murillo, le Parlement © Claude Vautrin.
Plus d’infos
Ambassade de Bolivie en France : 12, avenue du Président Kennedy – 75016 Paris / Tél : +33 (1) 42 24 93 44
https://www.emboliviafrancia.fr/index.php/fr
Y aller
Vol Paris/La Paz avec escale : Avianca, Air France, Lufthansa La devise est le Boliviano (BOB). La CB est acceptée dans les hôtels et certains restaurants. Passeport d’une validité d’au moins six mois.
Décalage horaire avec la France de -5 heures en hiver et -6 heures en été.
Visiter
Pour découvrir la capitale bolivienne, Eldy Andrade s’avère une guide documentée, attentive et éclairée. Tél + 591 735166383
Plaza San Francisco, des chefs d’œuvre architecturaux : la Basilique du même nom, (XVIIIe siècle, de style baroque, néoclassique et métissée), et le couvent (XVIe siècle) devenu musée.
Plaza Murillo, la place des pouvoirs, avec sa cathédrale, le palais présidentiel et le pouvoir législatif.
Marché des sorcières, au croisement des rues Jimenez et Linares (centre-ville).
Vallée de la Lune. Formations géologiques étranges, dues à l’érosion. Dans la partie basse de la ville. Balade d’une demi-journée.
Alasita, le Festival des miniatures durant un mois à partir du 24 janvier. Parc urbain central de La Paz.
Calle Apolinar Jaén, un des derniers vestiges de la ville coloniale. Rue chargée d’Histoire, cinq musées. Galerie d’art Mamani Mamani, café-musée….
Musée d’ethnographie et du folklore, Ingavi 916, La Paz, dédié aux cultures vives du pays. Tél +591 2 2408640. Attention ferme à 16h30.
Se restaurer
Restaurant Popular Cocina Boliviana - Calle Murillo 826, La Paz - popularbolivia@gmail.com
Restaurant Vienna Federico Zuazo #1905, Casilla: #56, La Paz – Idéal pour tester la choucroute bolivienne - Tél+591 2 2441660 - https://www.restaurantvienna.com/
Angelo Colonial, Bar Café Restaurant Calle Linares 922 - Tél (00591-2) 2 159633
El Vagon del Sur, Ave Los Sauces 248, San Miguel La Paz, Bolivie – Terrasse - Tél+591 70116600 - www.elvagondelsur.com
Dormir
Rosario, au cœur de La Paz, à deux pas du marché des sorcières. Avenue Illampu entre calles Aroma y Graneros 704, La Paz Tél. : +591 76254988 - reservas@gruporosario.travel
https://www.gruporosario.com/en/hotel-rosario-la-paz/
https://www.emboliviafrancia.fr/index.php/fr
Y aller
Vol Paris/La Paz avec escale : Avianca, Air France, Lufthansa La devise est le Boliviano (BOB). La CB est acceptée dans les hôtels et certains restaurants. Passeport d’une validité d’au moins six mois.
Décalage horaire avec la France de -5 heures en hiver et -6 heures en été.
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Pour découvrir la capitale bolivienne, Eldy Andrade s’avère une guide documentée, attentive et éclairée. Tél + 591 735166383
Plaza San Francisco, des chefs d’œuvre architecturaux : la Basilique du même nom, (XVIIIe siècle, de style baroque, néoclassique et métissée), et le couvent (XVIe siècle) devenu musée.
Plaza Murillo, la place des pouvoirs, avec sa cathédrale, le palais présidentiel et le pouvoir législatif.
Marché des sorcières, au croisement des rues Jimenez et Linares (centre-ville).
Vallée de la Lune. Formations géologiques étranges, dues à l’érosion. Dans la partie basse de la ville. Balade d’une demi-journée.
Alasita, le Festival des miniatures durant un mois à partir du 24 janvier. Parc urbain central de La Paz.
Calle Apolinar Jaén, un des derniers vestiges de la ville coloniale. Rue chargée d’Histoire, cinq musées. Galerie d’art Mamani Mamani, café-musée….
Musée d’ethnographie et du folklore, Ingavi 916, La Paz, dédié aux cultures vives du pays. Tél +591 2 2408640. Attention ferme à 16h30.
Se restaurer
Restaurant Popular Cocina Boliviana - Calle Murillo 826, La Paz - popularbolivia@gmail.com
Restaurant Vienna Federico Zuazo #1905, Casilla: #56, La Paz – Idéal pour tester la choucroute bolivienne - Tél+591 2 2441660 - https://www.restaurantvienna.com/
Angelo Colonial, Bar Café Restaurant Calle Linares 922 - Tél (00591-2) 2 159633
El Vagon del Sur, Ave Los Sauces 248, San Miguel La Paz, Bolivie – Terrasse - Tél+591 70116600 - www.elvagondelsur.com
Dormir
Rosario, au cœur de La Paz, à deux pas du marché des sorcières. Avenue Illampu entre calles Aroma y Graneros 704, La Paz Tél. : +591 76254988 - reservas@gruporosario.travel
https://www.gruporosario.com/en/hotel-rosario-la-paz/
La Paz de gauche à droite/ Le marché des sorcières / Calle Jaén, le bar musée/ Avenue Illampu /Rue Linares / Place Murillo Le Palais présidentiel / L’église san Francisco © Claude Vautrin.