Culture

Le Siècle d’Or néerlandais n’en finit pas de nous éblouir !

Une pépinière artistique hors pair se développe au XVIIè siècle dans ce petit pays devenu l’une des premières puissances économiques, navale et coloniale de l’époque. Trois expositions aux musées de l’Hermitage à Amsterdam, au Frans Halls à Haarlem et à Hoorn en témoignent. Une belle occasion de découvrir aussi ces villes de caractère !

Par Catherine Gary



De gauche à droite : Rembrandt, “jeune femme aux boucles d'oreilles “ Hermitage 1656 © State Hermitage Museum, St Petersburg ; Affiche des expositions " Le Siècle d'Or néerlandais " © State Hermitage Museum, St Petersburg
« Y a-t-il un pays dans le monde où l’on soit plus libre, où le sommeil soit plus tranquille, où les lois veillent mieux sur le crime, où les empoisonnements, les trahisons, les calomnies soient moins connus ? » s’interrogeait Descartes en 1634… En Hollande, pas de castes aristocratiques mais une classe moyenne très entreprenante, une tolérance qui attire les réfugiés juifs espagnols et portugais, les huguenots, les exilés politiques…Et une bourgeoisie qui affiche alors sa prospérité au moyen de l’art.  
 

De gauche à droite : Gabriël Metsu, “Breakfast“ 1659–62 © State Hermitage Museum, St Petersburg; Frans Hals, Portrait of a Man, before 1660 © State Hermitage Museum, St Petersburg ; Rembrandt van Rijn, Flora, 1634 © State Hermitage Museum, St Petersburg
A Amsterdam, une soixantaine d’œuvres prêtées par l’Hermitage de Saint Petersburg




Jan van Goye, Gerard Dou, Frans Hals, Pieter de Hooch, Gabriel Metsu, Jan Steen, Adrian van Ostade font partie des belles surprises de cette exposition qui culmine avec Rembrandt, le maître absolu qui accueille le visiteur à l’entrée avec un délicat portrait de Jeune femme à la boucle d’oreille.

Charmante introduction à ce parcours thématique de l’Âge d’Or néerlandais qui vit ses plus grandes heures dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

On y admire cinq œuvres de Rembrandt dont le portrait d’un Vieil homme en rouge et le portrait d’un Vieux juif qui font contrepoint avec le Jeune homme à la barbe et au béret et Un étudiant. Le tout couronné par la beauté juvénile de Flora, sa jeune épouse enceinte, peinte de trois quart avec, dans sa chevelure dorée, une couronne de fleurs auréolant sa jeunesse. 

Ruysdael “Vue de rivière avec ferry et bastion “. Copyright C. Gary

De gauche à droite : Epices commercées par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales Copyright Musée de Hoorn ; Balthasar van der Ast, Stilleven met schelp en tulp, 1620, Mauritshuis Copyright C.Gary
Tous les aspects de la vie publique et privée
 
L’exposition se poursuit à travers les nombreuses scènes de genre chères à l’époque dont la truculence révèle ce goût hollandais pour la bonne chair et la vie prospère.

Quelques marines évoquent les succès commerciaux des Pays Bas sur les mers complétées par les paysages sereins de Bloemaert et de Ruysdael. Les natures mortes rivalisent de maîtrise dans le rendu des reflets de la soie et du satin se mêlant aux fleurs et aux fruits dont la finesse des pulpes, des veloutés, des nacrés, des nuances colorées font tout le vivant. N’oublions pas les impressionnantes nefs d’églises de Emmanuel de Witte et les vues de ville de Jan van des Heyden complétant ce parcours somptueux respirant le bien être bourgeois et la prospérité. 

Portrait de groupe des régents de l'hôpital Sainte-Élisabeth de Haarlem, 1641, huile sur toile, 153 x 252 cm (musée Frans Hals, Haarlem). Copyright Wikipédia

De gauche à droite : Statue de Frans Hals au Florapark à Haarlem; Frans Hals Banquet des Officiers de la garde civique de St Georges Musée F H Copyright Musée de Hoorn
Frans Hals, un précurseur !
 
Frans Hals, l'un des plus grands portraitistes de l'Age d'Or néerlandais, vit et travaille à Haarlem au XVIIe siècle durant une période particulièrement prospère où les riches immortalisent leur réussite et leur pouvoir par la peinture.

C’est ainsi que le peintre acquiert sa réputation dont témoigne ce musée qui garde une majorité de ses chefs d’œuvres. Le bâtiment, construit initialement pour héberger les personnes âgées fut plus tard converti en orphelinat. Vocations surprenantes pour ces murs datant du XVIIè siècle dont la succession des salles est désormais consacrée au peintre tout en hébergeant d’autres œuvres maîtresses de son époque. 

Des traits rapidement brossés

On y voit des compositions monumentales d’officiers gradés de l'armée civique ou de guildes diverses, sujets fréquents à l’époque mais un travail considérable pour que les notables de la ville s’y reconnaissent en grande pompe tout en magnifiant leur dévouement voire leur bénévolat.

Si ces ces Schutterstukken restent assez figés sur certains tableaux, on admire chez Frans Hals l’expressivité des visages dont les traits rapidement brossés en une succession de touches parfaitement maîtrisées font le génie technique de l’artiste. Cela lui vaudra d’ailleurs l’attention des plus grands, Velasquez, les Impressionnistes, Van Gogh en particulier, qui viendront plus tard étudier sur place ces touches rapides et expressives marquant l’énergie et la vitalité de ses toiles. Saisir l’instant voilà en quoi consiste la maîtrise de ce peintre unique aussi bien dans les portraits non idéalisés que dans les membres de guildes, les bourgmestres et les marchands.  Son œuvre s’intéresse aux différentes conditions et brosse une société dans laquelle la religion catholique s’est tournée vers la Réforme ouverte à la tolérance et à une vie plus profane. Scènes de famille, associations, joyeuses fêtes et cérémonies où l'on célèbre les plaisirs des sens au cœur de maisons cossues… il en demeure une joie de vivre communicative.

 

 

Place du Wetfries museum à Hoorn. Copyright C.Gary

Garde civique au drapeau blanc Musée de Hoorn Copyright C.Gary
Mémoire des grands navigateurs au musée de Hoorn  
 

Ce petit port situé en bordure du grand lac d’eau douce de l'Yssel fut jadis ouvert sur le Zuiderzee avant d’en être séparé par une digue de 30 km en 1932.


Du temps de cette ouverture, nombreux sont les marins et explorateurs à quitter la ville pour aller chercher d’autres destins au loin. Parmi eux,Willem Cornelisz Schouten  qui défie les redoutables tempêtes du point maritime  le plus méridional d’Afrique du Sud et donna le nom de sa ville au cap Hoorn qu’il franchit en 1616. A Hoorn, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, créée en 1602, a aussi son siège gérant ce vaste empire colonial d’Asie qui apporte alors une prospérité colossale aux Provinces-Unies puis aux Pays-Bas .

Le musée historique de Hoorn, outre le charme de sa vieille maison à pignon du XVIIè siècle et à enfilade des 27 salles aux parquets cirés, retrace les différents aspects de cette ville portuaire à travers maquettes de bateaux, vestiges de la Compagnie des Indes et grands tableaux des guildes marchandes et militaires de la ville. Il présente une vaste collection de peintures, d'ornements en argent, de porcelaines, de sculptures et d'objets reflétant la vie durant cet Age d’Or dans la Frise occidentale.

Une salle équipée de lunettes appropriées permet de s’immerger virtuellement dans la vie locale de Hoorn, cette petite ville portuaire lors fortifiée, et d’y voir à l’œuvre les différents métiers.

Costumes d'enfants d'époque reproduits en papier . Copyright C.Gary

En haut : Le musée de l'Hermitage-Amsterdam ; De gauche à droite : Musée Frans Hals et Westfries Museum ; Copyright OT Hollande
Plus d'infos




Maîtres hollandais de l’Hermitage, jusqu’au 28 mai 2018.

Hermitage Amsterdam
 Amstel 51, Amsterdam.
de 10 h à 17 h.
Tarifs : 17,50 € (gratuit pour les moins de 11 ans).





Musée Frans Hals
Groot Heiligland 62, 2011 ES Haarlem

www.franshalsmuseum.nl




Westfries Museum
Roode Steen 1 
1621 CV Horn 
 

 


04/11/2017
Catherine Gary




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