Les Fourberies de Scapin au théâtre Saint Georges

Molière semble s’amuser dans cette pièce du début à la fin en faisant se succéder dans un rythme endiablé les rebondissements, les “gags“ assortis de polissonneries, de virevoltes, de mimes et de coups de bâtons dignes de la comédie italienne et parfois même de la farce. Le tout mené avec l’énergie étonnante des comédiens sans jamais que la belle langue de Molière ne perde sa noble expression. Voici pour les jeunes une initiation idéale à l’œuvre du grand Molière dont on fête cette année les 400 ans de la naissance. Avec une intrigue qui peut leur parler sur la relation des fils à leur père.

Octave, fils de famille, apprend de son valet Sylvestre le retour d’Argante son père. Il panique sachant que ce dernier a décidé de le marier à la fille de Géronte, père de son ami Léandre, un homme connu pour son avarice et sa bêtise. Octave se tourne vers Scapin, valet de Léandre dont il connaît le caractère astucieux pour faire accepter à son père son engagement amoureux avec la jeune Hyacinthe.

De son côté, Léandre a convolé avec Zerbinette et redoute lui aussi la réaction de son père. D’autant que les deux compères se sont sérieusement endettés pour séduire leur belle. Il va falloir affronter les colères paternelles… Scapin, s’il s’est longuement fait prier, a fini par accepter de défendre les jeunes couples rebelles…
 

Les rebondissements vont alors s’enchaîner grâce au jeu étourdissant de la troupe du Grenier de Babouchka sans que le rythme ralentisse jusqu’au baisser du rideau.  Et tout, bien sûr, finira bien.

Après avoir mis en scène Le Bourgeois gentilhomme, Les Femmes savantes, Le Médecin malgré lui, Les Précieuses ridicules, L’Avare et Le Malade imaginaire Jean-Philippe Daguerre s’est attaqué avec bonheur aux Fourberies de Scapin en transposant la pièce de Molière à Naples dans un petit port de pêche qu’illustrent sobrement les décors et accessoires. C’est avec une rame que Scapin assène de vigoureux coups de bâton sur le dos de Géronte et c’est un trident et un filet de pêche qui transforment Sylvestre en Poséidon…Quant au décors signés Deborah Durand et aux costumes XVIIe siècle de Catherine Lainard ils ont l’élégance et la sobriété du noir et blanc.

« L’univers du mime et de la commedia dell’arte est très présent  dans la pièce. Il faut aussi compter sur le rythme implacable imposé par la pièce de Molière et l’attirance naturelle que j’ai pour les acteurs physiques et généreux, afin de donner à entendre le fond aussi bien que la forme de son écriture intelligente et charnelle » précise Jean-Philippe Daguerre.


 

Tous les comédiens tiennent leur rôle à la perfection et le plaisir de leur jeu et du texte ne faiblit pas. Avec intensité et sans ruptures de rythme ils sont au top jusqu’à la fin. Mention spéciale pour Geoffrey Palisse dans le rôle de Scapin qui se démène comme un beau diable en contorsions, chutes, claques, imbroglios et apartés vers la salle dans un étonnant exercice d’acteur en même temps qu’un vrai exploit physique. Cette joyeuse adaptation à voir en famille passionnera les enfants dès 7/8 ans ainsi bien sûr que les plus grands.  

Catherine Gary