Reportage

Luxembourg - Focus sur trois sites insolites inscrits au Patrimoine mondial

Le pays n’est pas grand mais on sait qu’il n’est pas sans ressources… A commencer par ces quelques pépites émergeant d’un passé historique qui n’en garde pas moins son actualité ne serait-ce que par ses attraits.

Par Catherine Gary



Arrivée des évêques pour la procession dansante. © C.Gary
Echternach. Une procession dansante pour le moins surprenante
 
Chaque mardi de Pentecôte pèlerins et touristes affluent des quatre coins du pays mais aussi de Belgique, des Pays Bas et de France avec la participation remarquée chaque année de l’évêque de Troyes, un fidèle enthousiaste qui n’hésite pas à se joindre au rythme de cette gigantesque polka mobilisant plus de 13 000 pèlerines à travers les ruelles étroites et les places de la petite cité par ailleurs si calme.
 

Procession dansante © Foto acpress(e)
La tradition se perpétue en l’honneur d’un moine bénédictin irlandais, Willibrod, révéré ici pour avoir évangélisé et fondé l’abbaye d’Echternach en 694.

La singularité de cette journée à la fois fervente et folklorique tient en sa déambulation pratiquement inchangée depuis le Moyen-Age selon un pas à deux temps qui consiste à sauter en chœur d’un pied sur l’autre tout au long du parcours.  

Pour ne pas se gêner dans leur déambulation les pèlerins alignés par cinq se tiennent par le coin d’un mouchoir blanc, chaque groupe formant une dizaine de rangs précédé par un orchestre de cuivres ou de cordes qui joue alternativement pour éviter la cacophonie : 38 groupes se suivent ainsi avec sa fanfare...

Il faut se lever tôt pour ne rien perdre des moments forts à commencer par l’arrivée solennelle d’une quinzaine d’évêques en grand apparat dans la cour des prélats au pied de la basilique, suivi d’une allocution de l’archevêque de Luxembourg sur le perron de l’escalier. Les groupes numérotés s’ébranlent alors les uns après les autres, chacun attendant son tour jusqu’en fin de matinée.

Procession dansante © Peuky Barone-Wagener

Procession dansante © C.Gary
On danse alors malgré de  terribles souffrances…
 



On rapporte que durant le XIVè siècle les vallées du Rhin et de la Moselle furent saisies d’épidémies de danse, une maladie étrange pendant laquelle on invoquait St Guy, d’où leur nom.



Les malades contaminés étaient pris de mouvements convulsifs irrépressibles que la médecine moderne a attribués ensuite aux alcaloïdes contenus dans l’ergot de seigle.


Ce fameux “mal des ardents“ avec convulsions et hallucinations s’exprimait en danses qui n’avaient rien de joyeux mais étaient au contraire l’expression d’une grande détresse.


De façon hystérique on dansait jusqu’à épuisement pour guérir du mal, la médecine populaire voulant que “les semblables se guérissent par les semblables“ on mimait les symptômes.

Château Clairvaux ©Ministère de l'Economie

Family of man Château de Clervaux © Jonathan Godin _
A Clairvaux, “The Family of Man“, des photos comme “mémoire du monde“
 
L’homme est à la fois semblable et infiniment différent dans son propre destin. Voilà ce qu’a voulu montrer Edward Steichen en 1955 à travers le regard des plus grands photographes.

Photographe lui-même, ce Luxembourgeois, directeur du département photographique du MoMa de New York dans les années 50, lance ce projet ambitieux : exposer 273 artistes de 68 nationalités et de cultures différentes. Tous vont jouer le jeu et répondre à son appel. Robert Frank, Dorothea Lange, Henri Cartier-Bresson, Diane Arbus, Richard Avedon, Edouard Boubat, Robert Capa, Robert Doisneau, Ansel Adams, Août Sander et bien d’autres moins connus…

Au final, 503 photos sont sélectionnées sur les 2 millions de propositions ce fut un succès phénoménal à New York. A la suite de quoi l’exposition voyage dans plus de 150 musées à travers le monde, est vue par 10 millions de visiteurs franchissant un record de fréquentation dans l’histoire de la photographie.

Family of man Château de Clervaux © Jonathan Godin
Depuis 1966 et selon le vœu d’Edward Steichen, l’exposition s’est installée au château de Clervaux en respectant le montage d’origine :




37 thèmes illustrant la vie de l’homme sur la planète de sa naissance à sa mort en passant par la famille, l’amour, la religion, le travail, la guerre, la mort… soit mille aspects de la destinée humaine dans ses moments de joie comme dans ses instants plus tragiques.


Après les minutieuses restaurations de 1990, l’exposition permanente devient propriété du Luxembourg. Elle est classée au Patrimoine mondial en 2003 et ouverte au public dans son intégralité en1994.


Qualifiée par l’Unesco de “plus grand projet photographique jamais entrepris“, réalisée dans un esprit humaniste de foi en l’homme elle montre le rôle majeur de la photographie dans les sociétés contemporaines.

Vue sur les Casemates dans la falaise. © Commons-Wikipedia

Casemates © Nienke Krook
Luxembourg city, un record pour ses Casemates creusées dans la falaise
 

Pour se faire une idée du site exceptionnel sur lequel est perchée la forteresse du Grand Duché, empruntez l’ascenseur panoramique qui relie la ville haute à la ville basse et découvrez à travers ses grandes baies vitrées, sur 71 mètres de dénivelée, un panorama vertigineux avec au fond la vallée de l’Alzette.


Si les premiers souterrains creusés dans la roche remontent au XVIIè siècle et sont dus aux Espagnols, des agrandissements spectaculaires ont lieu une quarantaine d’années plus tard sur les plans de Vauban puis des Autrichiens.

On compte alors 23 km d’un réseau de casemates creusées pour certaines à 40 mètres de profondeur et sur plusieurs étages dans le grès dominant la vallée.

D’un côté les Casemates de la Pétrusse, de l’autre celles du Bock, les plus longues casemates du monde !
    

Casemates intérieures © Nienke Krook
On s’avance prudemment dans la demi-obscurité le long d’une galerie principale d’où partent les casemates secondaires avec leurs 25 meurtrières canonnières défendant l’accès vers le Nord et le Sud.




Un étonnant système défensif qui héberge alors chevaux, ateliers d’artillerie et d’armement, cuisines, abattoirs et tout le nécessaire pour la vie quotidienne en autarcie d’un millier de soldats.


Durant les deux Guerres mondiales, l’ensemble des casemates réduit à 17 km est prévu comme abri pour plus de 35 000 personnes en cas de bombardements.


En 1994 l’Unesco inscrit les Casemates de Bock et celles de la Pétrusse au Patrimoine mondial… Elles attirent chaque année plus de 100 000 visiteurs.

C.G.

Ville basse de Luxembourg city © C.Gary

En haut de gauche à droite : Vieille ville © Roman Schonfeld ; Vue sur les Casemates dans la falaise. C.Gary.; En bas de gauche à droite : Château d’Urspelt hôtel C.G.; Entrée Family of man Château de Clervaux . @ DR
Plus d'infos




Préparer son séjour :

www.visitluxembourg.com


Visiter :

Les Casemates du Bock :
Montée de Clausen

www.luxemun bourg-city.lu
Château de Clairvaux
www.steichencollections.lu

 Dormir :
Grand hôtel d’Echternach
A deux pas du village, hôtel traditionnel, familial et confortable.

www.grandhotel.lu
Hôtel château d’Urspelt****
Dans un cadre enchanteur au cœur du parc national de l’Our, 56 chambres de charme et un restaurant gastronomique raffiné.

www.chateau-urspelt.lu

Se régaler :

Hostellerie de la Basilique à Echternach. Au centre du village on déguste dans cette brasserie une cuisine simple, copieuse et goûteuse.
www.hotel-basilique.lu
 

 
 
 

 
 


14/08/2018
Catherine Gary




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