Reportage

Montpellier, de la ville ancienne aux quartiers d’avant-garde

Métropole de l’Hérault au riche patrimoine historique préservé Montpellier mise sur ses innovants quartiers, la qualité de ses musées et tout un art de vivre à deux pas de la Méditerranée.

Par Catherine Gary



Arc de triomphe et parc du Peyrou @ OT Montpellier
Bienvenue dans l’Écusson, le cœur battant de Montpellier !   Ce nom la ville le doit à la forme en écu de son cœur historique même s’il ne demeure de la muraille médiévale bordée de douves que la tour des Pins, la tour de la Babote et la porte de la Blanquière.
 

Labyrinthe de rues et de places

On s’aventure avec plaisir dans ce centre ancien riche en surprises tout en profitant dans la chaleur estivale de l’agréable fraîcheur de ses ruelles étroites entièrement piétonnes. Il faut s’engager au hasard dans ce labyrinthe de rues et de places qui ne cessent de grimper et descendre tout en restant attentifs aux façades révélant l’étonnant passé local. De hautes portes souvent discrètes ne demandent qu’à s’ouvrir sur des cours Grand siècle et d’autres plus anciennes. N’hésitez pas à les pousser et repérez sur un plan les rues les plus pittoresques : rues Jean Moulin, de la Loge, de l’Ancien Courrier, du Bras de Fer.
 
Le labyrinthe des ruelles de l'Ecusson © Catherine Gary

La plus ancienne faculté de médecine du monde

 Cette faculté très ancienne et toujours en activité est l’un des emblèmes de Montpellier. Ouverte en 1220 elle accueille alors les étudiants venus d’Europe entière car ses diplômes ont une reconnaissance universelle garantie par le pape ! De plus, un tiers de ses médecins se compose de juifs, “tout homme, quel qu'il soit et d'où qu'il soit“ étant admis à en diriger les études. Rabelais y sera étudiant au XVIe siècle de même que Nostradamus... N’hésitez pas à franchir le seuil qui ouvre sur l’ancien monastère, le palais épiscopal et, avec guide, les collections étonnantes de son conservatoire d’anatomie. Juste à la sortie, un porche austère aux tours pointues signale la cathédrale gothique et fortifiée Saint-Pierre que les guerres de Religion n’ont pas épargnée mais dont les restaurations ultérieures et les vitraux du chœur méritent le détour.
 
La faculté́ de médecine et le porche de la cathédrale © OT Montpellier

Place Royale du Peyrou à la gloire du Roi Soleil

Symbole de la reprise du pouvoir sur la ville par Louis XIV après les troubles des guerres de Religion, ce vaste parc a nécessité des travaux titanesques pour en assurer le terrassement. Un arc de Triomphe imposant érigé sur le tracé extérieur de la forteresse médiévale remplace alors une ancienne porte avec d’un côté la rue Foch qui fille vers la vieille ville, de l’autre le parc à la Française avec son château d’eau et son aqueduc dit “des Arceaux“ qui boucle la perspective.  Inspiré du Pont du Gard il parcourt alors quatorze kilomètres avant d’alimenter Montpellier en eau. Du beau travail. Après avoir crapahuté dans le lacis des ruelles de l’Écusson, c’est une jolie balade autour de la statue équestre du grand roi et loin des rumeurs de la ville. En particulier le dimanche, jour de rendez-vous des brocanteurs sur ces hauteurs.
La Place royale du Peyrou avec le château-d'eau en perspective © A.Alliès

La place de la Comédie, âme vibrante du centre-ville

Changement d’ambiance au sud-est de l’Écusson sur cette place de style haussmannien animée de terrasses et de magasins. Elle forme avec la longue esplanade ombragée de platanes qui la prolonge un vaste ensemble piétonnier symbole de la prospérité ancienne de la ville. Si on y admire le brillant Opéra-théâtre à l’italienne et la fontaine surmontée des Trois Grâces sculptées, la place est surtout un lieu de rendez-vous et le point de départ des virées shopping dans les ruelles rayonnantes de la vieille ville...
 
Place de la Comédie © OT Montpellier-Bruno Martinez

La modernité s’affirme dans les années 80

C’est à cette époque que Montpellier devient une ville phare dans ses quartiers contemporains en faisant appel aux plus grands noms de l’architecture internationale. L’aventure commence avec l’une des icônes de l’urbanisme, l’espagnol Ricardo Bofill et son style néo-classique. On le connaît à Paris pour ses réalisations place de Catalogne mais à Montpellier il fait plus fort en se lançant dans la conception d’un quartier dans sa totalité. Antigone, grâce au soutien du maire de l’époque Georges Frêche couvre un kilomètre de bâti faisant le lien entre l’Écusson et le fleuve, semé de copies de sculptures gréco-romaines avec une place du Millénaire comme un cirque à la romaine, des espaces communs attrayants, des bancs pour se poser, des frondaisons et des fontaines. Un tout pour vivre en harmonie et se retrouver.
 
Quartier Antigone conçu par Ricardo Bofill dans les années 80 © Catherine Gary

Des architectes internationaux pour dynamiser les quartiers

A l’est de la ville ancienne et jusqu’au bord du Lez d’autres architectes ont plus récemment laissé la marque des “nouvelles folies montpelliéraines“. A commencer par l’Hôtel de Ville signé Jean Nouvel et François Fontès, un immense cube aux parois métallisées qui changent de couleurs au gré de la lumière. Un peu plus loin la Folie Divine de Farshid Moussavi et ses lignes ondulantes abrite des logements de luxe et des magasins. L’Arbre Blanc du Japonais Sou Fujimoto, accompagné de Nicolas Laisné et Manal Rachdi, est sans doute le plus surprenant avec ses 193 balcons hérissant sa façade en guise de branche tronquées. Quant au Nuage de Philippe Stark sa façade pelliculée en nid d’abeilles paraît sur le point de s’envoler comme un ballon. Il y en a bien d’autres aux alentours que vous pourrez découvrir accompagnés par exemple d’un guide, en particulier avec Petit Trip, une sorte de rickshaw électrique qui se faufile un peu partout.
Le Nuage de Starck, Port Marianne © OT Montpellier

Un écrin patrimonial pour restaurant étoilé

Les deux frères Pourcel, chefs étoilés et stars de la gastronomie de Montpellier depuis une trentaine d’années ont élu leur nouveau domaine, l’hôtel Richer de Belleval, un Relais & Châteaux situé place de la Canourge à deux pas de l’arc de Triomphe et de l’imposant Palais de Justice néo-classique. Le long de cette esplanade aux jardins fleuris les riches montpelliérains installaient jadis leurs demeures qui forment un cadre agréable où l’on vient prendre un verre ou dîner le soir entre amis. L’hôtel particulier Richer de Belleval du XVIIe siècle fut propriété du célèbre botaniste fondateur du jardin des plantes de Montpellier et, récemment restauré et embelli, il est classé Monument historique.
 
Hôtel Richer de Belleval @vpaduano

Fresques et dorures Grand Siècle

L’architecte Philippe Prost et le designer Christian Collot se sont chargés d’y faire dialoguer les époques classiques et contemporaines dans le luxe et la créativité. Fresques et dorures Grand Siècle, boiseries, grand escalier, verrière sur cour d’honneur, bar aux murs d’un vert irisé sous hauteur de plafond digne d’un palais... De même côté déco, foisonnement de couleurs, luxuriance des motifs végétaux, œuvres d’art jalonnant les espaces jusque dans les vingt chambres... Ce qui fait de ces lieux une expérience de beauté dès l’entrée sous la voûte de Jim Dine constellée de cœurs en céramiques multicolores. C’est elle qui donne la note confirmée par les interventions pérennes de la Fondation d’entreprise GGL-Helenis pour l’Art contemporain qui est associée et présente dans ce projet.
 
L'une des salles du restaurant gastronomique des Frères Pourcel © Catherine Gary

Les Frères Pourcel *aux commandes de ces lieux fastueux

Les Frères Pourcel en cuisine © OT Montpellier
Pour cette nouvelle aventure du groupe Château-Pourcel l’équipe ne pouvait viser moins haut que ce must du patrimoine local, aussi bien au Canourgue, le Bistrot, qu’au Jardin des Sens leur restaurant gastronomique. La créativité et le raffinement d’une cuisine de Méditerranée y sont au programme avec des influences venues d’ailleurs. Sous la verrière de la cour d’honneur ou en terrasse à l’extérieur la formule Bistrot vous régale d’un Maigre en gravelax, vinaigrette aux agrumes et salade de quinoa au pamplemousse ou d’un Filet de veau rôti, patates douces et tartelette de girolles et comté... Au Jardin des Sens, trois salons et 36 couverts, le décor et l’art sont une promesse de délices confirmée par l’excellence des mets et un choix de menus dont Signature en 13 services est le top pour un moment d’exception.
 

Fabuleuse collection d’Art brut quartier des Beaux-Arts

Ce “musée d’Art brut, Singulier et Autres“ a ouvert ses portes en 2016 sur la plus importante collection en France dans ce domaine après celle du LaM de Villeneuve d’Asq et après bien-sûr celle constituée par Jean Dubuffet présente au musée de Lausanne. L’artiste d’ailleurs est à l’origine du terme Art brut qualifiant ces œuvres étranges et fascinantes exécutées dans l’ignorance de toute culture artistique de façon instinctive en utilisant tous les moyens du bord. Des créations singulières réalisées sans but lucratif par des êtres souvent autistes ou en établissements psychiatriques. C’est à la famille Michel que l’on doit cet étonnant musée qui a demandé des années de préparation, de recherches et d’acquisitions. Le père, Fernand Michel (1912-1999) relieur de son métier était aussi créateur d’œuvres en zinc naturellement oxydées et collectionneur d’artistes atypiques qu’il exposait dans son atelier-musée.
Musée d'Art brut, singulier et autre © Musée d'Art brut Montpellier

Des génies créatifs “hors-normes“

Œuvre murale de Danielle Jacqui © Catherine Gary
L’idée d’une collection consacrée aux génies créatifs “hors-normes“ a du coup germé dans l’esprit de ses fils et après 15 ans de recherches et de soutien de la part des ayants-droit, des collectionneurs et des mécènes ils ont constitué cette collection de 2000 œuvres et 250 créateurs dont 750 sont visibles le long des neuf salles d’exposition qui accueillent aussi des expositions temporaires. Les plus grands noms de l’Art brut du début du XXe siècle à nos jours sont ici présents : Adolf Wolfli, Anselme Bois-Vives, Aloïse Corbaz, Johann Hauser, Augustin Lesage, André Robillard et bien d’autres. Dans les Singuliers on compte Michel Macréau, Pierre Corneille, Danielle Jacqui, Yvon Taillandier...Rien que des merveilles pour au moins deux heures d’une visite émouvante, bouleversante, éblouissante.
 

Le Musée Fabre, une institution !

Il possède l’une des plus belles collections publiques françaises et doit sa richesse et sa diversité, fait singulier, aux multiples donations et legs de collectionneurs et d’artistes depuis sa création en 1825. Sa rénovation terminée en 2007 l’a doté d’une nouvelle aile qui lui permet d’exposer sur 9 000m2 au total des œuvres de la Renaissance à nos jours. A commencer par la peinture des Flandres et des Pays-Bas dont un sublime Christ en croix de Rubens. La Renaissance italienne est représentée par ses maîtres Raphaël, Véronèse, Botticelli. Suivent la peinture française classique, néoclassique inspirée de Rome et d’Athènes, romantique avec Delacroix, Géricault, Ingres, Corot. Pour la modernité sont présents quelques chefs-d’œuvre dont Manet et son Fifre, Sisley, Morissot, Courbet, ce dernier étant particulièrement présent sur les cimaises. Le parcours se prolonge avec l’abstraction et se termine avec l’art contemporain : De Staël, Hartung, Poliakoff, Richier, Viallat, Buraglio et une importante donation récente de Soulages. Au total 1800 peintures, plus de 5 000 dessins, gravures et estampes et 300 sculptures. Prévoyez au moins deux heures pour cette visite qui le mérite.
 
La Rencontre ou Bonjour Monsieur Courbet. Gustave Courbet © Catherine Gary

Pour en savoir plus

S’informer :

. OT Montpellier Méditerranée Métropole

www.montpellier-tourisme.fr

Visiter :

. Musée d’Art brut, Singulier et Autres
1, rue Beau Séjour

www.atelier-musée.com

. Musée Fabre
39 boulevard Bonne -Nouvelle

www.museefabre.fr

. Vélo taxi Petit Trip
https://petit-trip.fr

. Infuse. Une belle adresse pour trouver et déguster sur place de délicieuses et innombrables infusions concoctées par deux sympathiques ex-pharmaciennes.
2 rue Montpellieret

https://infusemontpellier.fr

Dormir :

.Hôtel Jost :
Plus qu’un hôtel c’est un lieu hybride et lifestyle qui propose aussi bien des doroirs que des chambres dans une ambiance alternative avec bars, rooftop et piscine. Carte sympa au restaurant.
Près de la gare et proche de la place de la Comédie,
50 rue Isabelle Eberhardt

www.jost-hotel-montpellier.com

Se régaler :

. La Canourgue, le Bistrot des Frères Pourcel
Sous la verrière de l’hôtel Richer de Belleval une cuisine bistronomique entre mer et terre à la fois fraîche, colorée et subtile.
Place de la Canourgue

www.hotel-richerdebelleval.com

. Le Jardin des Sens, la version restaurant gastronomique des Frères Pourcel dans l’un des trois salons d’époque. Un moment rare qui se décline en plusieurs menus dont le menu Signature en 13 services.
www.hotel-richerdebelleval.com

. La Maison d’Anna :
Restaurant et traiteur italien, on y déguste en terrasse sur la rue d’excellentes salades et des pates délicieuses.
1, rue des Trésoriers de France

https://lamaisondanna.org
 
 

 
1/L’Arbre Blanc du Japonais Sou Fujimoto avec Nicolas Laisné et Manal Rachdi 2/ Théo Wagemann au musée d'Art brut 3/Infusions aux couleurs du Musée Fabre 4/ Hôtel Jost © Catherine Gary


31/07/2024
Catherine Gary




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