Tendances

Saint-Junien : Le cuir à fleur de peau en Limousin

Le travail du cuir, moins connu que celui des émaux, existe pourtant depuis des lustres en Limousin. A Saint-Junien, mais aussi à Saint Léonard de Noblat, Bort les Orgues et Crocq. Gants de peau, chaussures de luxe et accessoires de maroquinerie y font, entre autres, la renommée de grandes marques du luxe. C’est le cas de la ganterie Agnelle et de la mégisserie Colombier à Saint-Junien.

Par Catherine Gary



La success story d’une ganterie de luxe à Saint-Junien

Le 16 novembre dernier, sous les lambris de l’Elysée, Sophie Grégoire, émue et très intimidée, recevait la légion d’honneur des mains présidentielles. Juste récompense que cette médaille pour ce jeune chef-d’entreprise de la ganterie Agnelle.En effet, elle a su, aussi bien en France qu’à l’étranger, donner un essor fulgurant, à l’usine créée par son grand-père. Usine qu’elle a rachetée à des Américains qui la laissaient péricliter. Belle histoire pour cette famille qui tient sa fierté de la ténacité dans le travail bien fait et de l’attachement à la terre natale. Résultat : la marque travaille aujourd’hui avec les plus grands créateurs de mode et, malgré son implantation dans le petit village de Saint-Junien en Haute-Vienne, elle donne de l’emploi à 45 salariés. D’où son label  mérité d’“Entreprise du Patrimoine Vivant“.

Trente opérations pour aboutir à un travail d’une exceptionnelle qualité

 Pour comprendre la délicatesse et la qualité du travail qui s’élabore ici, il faut passer d’atelier en atelier et suivre la trentaine d’opérations qui s’enchaînent dans la plus grande concentration des mains ouvrières. Une fois que la peau tannée a été sélectionnée et classée par couleur et par taille, on l’humidifie pour mieux l’étirer dans sa longueur. Pour cela, l’artisan s’appuie sur l’arête de la table de coupe et tire tout en douceur afin de ne pas casser la peau, tout en lui donnant le maximum de finesse et de souplesse. Le gantier peut ensuite définir l’emplacement nécessaire pour les différents éléments qui vont composer le gant et, après avoir étiré à nouveau cet emplacement, il procède à la découpe en suivant les contours d’un calibre en carton où sont indiqués la fente des doigts et le pouce. Etape suivante : on place le tout sur un emporte-pièce en métal actionné par une presse hydraulique : les doigts sont séparés, l’emplacement du pouce est évidé, la forme définitive est donnée. Et c’est alors au tour des couturières de piquer les différents éléments à la main ou à la machine. Les finitions sont diverses et variées selon la qualité finale désirée et la doublure est ensuite fixée… C’est ainsi que, selon ses mots, l’entreprise Agnelle « se fait la discrète complice des couturiers et des créateurs pour façonner leurs modèles les plus fous »…

Ganterie Agnelle
Visite guidée gratuite en juillet et septembre de mardi et le jeudi à 14h
30 bd de la République
87 203 Saint-Junien
Tél. : 05 55 02 13 53
www.agnelle.com

En amont, c’est la mégisserie Colombier qui prépare les cuirs

 A Saint-Junien,le travail des peaux souples de chevreaux, d’agneaux et de moutons est une affaire qui ne date pas d’hier . Fin XIXè siècle déjà, 13 mégisseries se répartissaient le travail et on comptait à la veille de la seconde guerre mondiale 35 entreprises allant de l’affinage des peaux à la fabrication des gants ! Et l’histoire remonte même au Moyen Age car tous les éléments se prêtaient sur place à la réussite : l’élevage des ovins et des bovins pour les peaux, les bois de châtaignier et de chêne pour le tannin et le combustible, l’eau cristalline apte au rinçage… Chez Colombier, 32 personnes formées sur place traitent environ 1 500 peaux par jour. On est loin ici de la production industrielle. Il faut voir comment les peaux sont bichonnées quand elles ont passé les étapes les plus ingrates. Elles arrivent brutes de décoffrage avec leurs poils, leurs graisses et leurs parties à rogner. Il faut alors leur faire subir toutes sortes d’opérations peu ragoûtantes il est vrai : trempages, lavages, délainages, écharnage, dégraissages puis tannage. Les voilà enfin devenues présentables une fois séchées, étirées et assouplies ! Il ne reste plus qu’à décider de la teinture en plein bain.



Et c’est là que le client intervient selon le cuir et la couleur désirés. Peau de chevreau pour gants de luxe, agneau et mouton pour chaussures et maroquinerie… L’entreprise est fière de vendre 80% de sa production en France et d’être le premier spécialiste français pour le cuir de ganterie. Une réussite qualitative qui explique les commandes de marques de luxe telles que Dior, Vuitton ou Hermès…

Mégisserie Colombier
Visite et juillet et du 24 août à fin septembre le mercredi à 10h
 Office de tourisme 
Tél. : 05 55 02 17 93
13 avenue Gay-Lussac
87 200 Saint-Junien
Tél. : 05 55 02 30 60
www.tannery-colombier.com



20/01/2012
Catherine Gary




Dans la même rubrique :