Reportage

Séville et Cordoue, deux perles de la couronne andalouse !

L’esprit de tolérance qui a régné dans ce sud espagnol a favorisé un épanouissement culturel dont témoigne le riche patrimoine musulman, juif et chrétien. Fières de leurs traditions, les deux villes n’en sont pas moins un bel exemple de l’art de vivre au quotidien.

Par Catherine Gary



Séville, quelques jours dans la quatrième ville d’Espagne pour mieux en apprécier la multitude des charmes. © Lindigomag/Pixabay.com

Séville , ici à Santa Cruz, vous accueille dans la douceur de ses jardins d’orangers, la fraîcheur de ses patios débordants de fleurs © Lindigomag/Pixabay.com
Séville, belle et fière, cœur battant d’Andalousie
 




Irrésistible sous son ciel bleu d’azur, Séville vous accueille dans la douceur de ses jardins d’orangers, la fraîcheur de ses patios débordant de fleurs, et le soir, dans le prolongement des journées à déguster en terrasse un vin local accompagné de quelques tapas et d’un air de guitare.


L’ambiance est légère comme si flottait dans l’air la réminiscence des splendeurs anciennes toujours présentes dans la pierre.

Bref, il est indispensable de se poser quelques jours dans la quatrième ville d’Espagne pour mieux en apprécier la multitude des charmes. Pour y apprendre qu’ici se sont succédé les peuples de la Méditerranée, Grecs, Romains, Omeyyades, Almohades et Almoravides ensuite, avant que les Rois Catholiques ne prennent possession des lieux.

la cathédrale et l’alcazar, l'un des deux plus importants monuments la ville. Avec autour l’entrelacs des ruelles, les façades aux balcons en fer forgé, les cours secrètes : l’ancien quartier juif de Santa Cruz © C.Gary
Le triangle d’or de la vieille ville
 
Pas compliqué de se déplacer dans le centre historique car il est piétonnier. Laissez-vous donc aller au hasard des ruelles, ombragées l’été sous les vastes bâches claires dressées entre les toits. Arrêtez-vous devant les boutiques traditionnelles où les belles Andalouses et les danseuses de flamenco viennent choisir leur costume de fête. Ici un magasin qui vend des éventails, là des mantilles, peignes et bijoux, un autre propose des chaussures pour la danse ou des robes à volants pour petites et grandes… Voilà pour le côté couleur locale un brin touristique il est vrai et vous ne résisterez sans doute pas à l’achat d’un éventail car certains, peints à la main, sont des petits bijoux. Quoi qu’il en soit, vous finirez toujours par déboucher sur le centre névralgique de la cité, là où se dressent la cathédrale et l’alcazar, les deux plus importants monuments la ville, classés comme il se doit par l’Unesco au Patrimoine mondial. Avec autour l’entrelacs des ruelles, les façades aux balcons en fer forgé, les cours secrètes : l’ancien quartier juif de Santa Cruz est un lieu enchanteur qu’il ne faut pas manquer.

De gauche à droite : Cathédrale de Séville à la fois Cathédrale et Mosquée; Mausolée solennel de Christophe Colomb; Les superbes grilles plateresques et le plus grand retable du monde; Section carrée qui fut jadis le minaret de la mosquée mis à part le clocher baroque qui signe la victoire de la chrétienté. © C.Gary
Une cathédrale sur la grande mosquée des Almohades
 
L’histoire de Séville se lit dans les travées de cette cathédrale gigantesque, symbole de la victoire du Christianisme et le début de la fin pour les juifs et musulmans. On y pénètre devant le mausolée solennel de Christophe Colomb porté par quatre chevaliers au visage d’albâtre avec à l’arrière la fresque impressionnante de Saint Christophe qui semble veiller sur son protégé. Les restes de ce dernier ont voyagé, transitant de Saint Domingue à Cuba avant de retrouver leur patrie, Séville en particulier, d’où le conquistador partit sur la route des “Indes“. Ne pas se perdre dans le dédale des chapelles et sacristies, sous les voûtes qui culminent à 56 mètres. Et admirer au passage les superbes grilles plateresques et le plus grand retable du monde, dit-on, avec ses 1500 figures en bois doré illustrant la vie du Christ et de la Vierge. A la sortie, le patio des Orangers est une merveille odorante et colorée, un des derniers vestiges de l’ancienne mosquée avec ses petits canaux d’irrigation pour les ablutions. Levez ensuite les yeux vers la tour dont la section carrée fut jadis le minaret de la mosquée et qui ressemble à s’y tromper à la Koutoubia de Marrakech, mis à part le clocher baroque qui signe la victoire de la chrétienté.

L'alcazar, un jardin somptueux construit sur les bases des anciennes murailles omeyyades. © C.Gary
L’Alcazar, une splendeur Mudejar
 
Il conserve presque intacte sa beauté initiale mudéjar, un mélange harmonieux d’art chrétien et musulman et signe par là une grande époque de rayonnement culturel et d’entente cordiale. Construit sur les bases des anciennes murailles Omeyyades, il s’agrandit au fil du temps pour les grands du royaume qui vont y résider. Isabelle la Catholique, Charles V… De cours en patios, de palais en salle des Ambassadeurs ou des Audiences, tout le panel décoratif et architectural se décline ici du XIVe siècle jusqu’après la Renaissance. Arcs en fer à cheval, coupoles en bois sculpté et doré, azulejos et dentelles de stucs… C’est ici que Christophe Colomb et Magellan viennent quérir les subventions pour les grandes expéditions qui vont modifier la face du monde. La succession des salles vous embarque ensuite dans un voyage au pays des fontaines cristallines, des palmiers et des orangers en fleurs, dans les jardins qui gardent leur fraîcheur aux chaudes heures de l’été. En leur centre, Charles V fait construire un pavillon devant un labyrinthe de haies. On surplombe le tout avec de belles perspectives en grimpant les quelques marches de la galerie du Grotesque, une ancienne muraille qu’on longe sur une petite centaine de mètres.

La Metzquita, emblème de Cordoue et gardienne de la mémoire d’un âge d’or. © O.T. Spain

Aujourd’hui encore, la richesse de ses monuments empreints d’influences chrétienne et islamique rappelle le rôle intellectuel et plus largement, culturel que Cordoue joue alors au sud de l’Europe. © O.T.Spain; Et c'est également à Cordoue que se développe la calligraphie décorative. © C.Gary
Cordoue, capitale d’Al-Andalous
 
C’est ainsi que les Maures quand ils arrivent baptisent ce territoire dont ils deviennent maîtres en faisant de Cordoue la capitale d’un califat indépendant. Suivront les Almoravides puis les Almohades pour des décennies d’un rayonnement culturel qui dépasse les frontières à 140 km de Séville. La ville rivalise alors avec Bagdad. Aujourd’hui encore la richesse de ses monuments empreints d’influences chrétienne et islamique rappelle le rôle intellectuel et plus largement, culturel que Cordoue joue alors au sud de l’Europe.

C’est là, sur les bords de ce Guadalquivir facteur d’échanges humains et commerciaux que vit le grand philosophe Averroès, grand traducteur d’Aristote, là que se développe la calligraphie décorative, substitut esthétique à la figure humaine…
 

La Mezquita,au total, 850 colonnes bi-chromées et une multitude de nefs s’y croisent et s’entrecroisent © Unesco.org
La Mezquita, une forêt de colonnes de marbres et de jaspe
 



Sa construction et ses agrandissements successifs durent deux siècles. Au total, 850 colonnes bi-chromées et une multitude de nefs s’y croisent et s’entrecroisent dans un étourdissement de perspectives avec, orienté vers la Mecque, le somptueux mihrab orné de céramiques d’or…

Du VIIIe eu XIIIe siècle la mosquée n’est pas seulement un lieu de prière, on y enseigne, on s’y réunit pour parler philosophie ou poésie.

Quand en 1236 la ville est reprise, les rois catholiques font dégager quelques colonnes pour y installer une église agrandie deux siècles plus tard en cathédrale où fleurissent les styles gothiques tardifs, Renaissance et baroque.

Pas meilleur emblème de Cordoue que cette Mezquita, gardienne de la mémoire d’un âge d’or.
 
 

Parcourir Cordoue dans l'ancien quartier juif, se faufiler dans les patios fleuris et suivre pendant la Semaine Sainte l'une des nombreuses processions. © C.Gary
Patios, processions, flamenco, la ville est haute en couleurs
 
L’ancien quartier juif a sans doute le plus de charme et de caractère. On s’y aventure le nez en l’air dans les ruelles en se faufilant si possible par une porte entre-ouverte jusqu’à l’intérieur des patios, là où les fleurs et la verdure s’emparent de la blancheur des murs dans le calme de l’ombre rafraichissante. Ils sont si nombreux qu’une association les fait visiter à certaines périodes de l’année Si la Semaine Sainte déploie dans les rues tout son faste une fois par an, peut-être aurez-vous la chance de vous mêler à la foule quand une des nombreuses processions religieuses traverse un quartier et de suivre dans la ferveur générale le Christ ou la Vierge portés sous la lumière des cierges et les vapeurs d’encens par les pénitents. Un spectacle qui ne laisse pas indifférent comme cet autre, le flamenco, autre tradition forte de chant et de danse qui vous emporte l’âme dans les claquements de talons et de castagnettes, les voix rauques parfois violentes et les jeux de volants rythmés par la guitare. Joies et souffrances s’y mêlent en un métissage culturel où les gitans on leur part mais aussi les juifs et les musulmans.
 

Spectacle exceptionnel de chevaux andalous dans une ambiance flamenco. © O.T. Spain

PRATIQUE

le flamenco, tradition forte de chant et de danse qui vous emporte l’âme dans les claquements de talons et de castagnettes. © O.T.Spain; Les éventails peints à la main un art qui appartient à la tradition espagnole. © C.Gary
 Y aller :
 Paris-Séville direct avec Ryanair, Vueling, Transavia, Iberia ou British Airways. 
 A Séville
Dormir
Hôtel Boutique Casa Romana****.
Au cœur de la vieille ville, une inspiration italo-sévillane.
Calle Trajano, 15 41002 Sevilla
Se régaler
Roblès Placentines
Un bar style auberge dont la salle à manger du premier illustre la tauromachie. Appétissante carte de tapas.
Calle Álvarez Quintero, 58,

www.lafourchette.com/restaurant/robles-placentines/36951
Eventails traditionnels de qualité : Zadi
www.abanicosdesevilla.es
Soirée Flamenco :
Centre culturel flamenco, casa de la gutarra. Spectacle chaque soir.

www.casadelaguitarra.es
 

 

Une des figures du spectacle de chevaux andalous; Le patio magnifiquement coloré de l'Hôtel Cordoba**** © C.Gary
A Cordoue

Dormir
Ayre Hôtel Cordoba****.
Situé dans la zone résidentielle de Cordoue avec de beaux espaces verts, piscine et  solarium.

www.ayrehoteles.com/AyreHotelCordoba

Se régaler
Puerta Sevilla.
Dans un cadre typique avec patio, cuisine traditionnelle andalouse et produits frais du marché

www.puertasevilla.com
Soirée aux Ecuries Royales de Cordoue.
Spectacle exceptionnel de chevaux andalous dans une ambiance flamenco 3 soirs par semaine.

www.cordobaecuestre.com

 

Au-dessus des colonnades un amoncellement de fleurs. © Lindigomag/Pixabay.com

Séville et Cordoue, deux perles de la couronne andalouse ! © C.Gary



09/11/2016
Catherine Gary




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