Avec Suite armoricaine la réalisatrice Pascale Breton signe son deuxième long-métrage. (Crédit photo René Tanguy)
Née en 1960 à Morlaix, Pascal Breton a comme son héroïne Françoise (Valérie Dréville) dans Suite armoricaine, étudié la géographie et l’aménagement du territoire à l’université de Villejean à Rennes.
Mais l’analogie entre la réalité et la fiction semble bien s’arrêter-là. Tournant définitivement le dos à l’enseignement, Pascale Breton réalise en 1995 son premier film, La Huitième nuit, un moyen métrage en noir et blanc.
Cette comédie sur un traducteur en proie avec une langue qu’il ne parle pas remporte le prix du scénario au Festival d’Angers (Premiers Plans 1996) et le Grand Prix au Festival de Clermont-Ferrand.
Trois moyens-métrages suivent, le plus remarqué Les Filles du douze reçoit le Grand Prix du Festival de Brest et est nominé aux Césars en 2002. Son premier long-métrage, Illumination, chronique d’un jeune pêcheur en crise avec la réalité sort en 2004. Il remporte notamment le prix KNF au Festival de Rotterdam en 2005.
Mais l’analogie entre la réalité et la fiction semble bien s’arrêter-là. Tournant définitivement le dos à l’enseignement, Pascale Breton réalise en 1995 son premier film, La Huitième nuit, un moyen métrage en noir et blanc.
Cette comédie sur un traducteur en proie avec une langue qu’il ne parle pas remporte le prix du scénario au Festival d’Angers (Premiers Plans 1996) et le Grand Prix au Festival de Clermont-Ferrand.
Trois moyens-métrages suivent, le plus remarqué Les Filles du douze reçoit le Grand Prix du Festival de Brest et est nominé aux Césars en 2002. Son premier long-métrage, Illumination, chronique d’un jeune pêcheur en crise avec la réalité sort en 2004. Il remporte notamment le prix KNF au Festival de Rotterdam en 2005.
Pascale Breton donne à Valérie Dréville, (ancienne élève d’Antoine Vitez à l’École de Chaillot puis de Claude Régy au Conservatoire National), un premier grand rôle principal au cinéma (Crédit photo Météore Films).
Suite Armoricaine est un film choral, par certains côtés cubistes, qui raconte une année universitaire à Rennes vécue par deux personnages dont les destins s’entrelacent :
Françoise (Valérie Dréville), une enseignante en histoire de l’art qui a fui Paris et une histoire d’amour finissante à la recherche de son passé breton oublié. Et Ion, (Kaou Langoët), un étudiant en géographie amoureux de Lydie (Manon Evenat), une camarade d’université aveugle qui prétend, par honte, que sa mère Moon (Elina Löwensohn) SDF et junkie est morte. Trop occupés à fuir leurs fantômes, Françoise et Ion ignorent qu’ils ont un passé en commun. Cette quête des origines alliant psychanalyse et chamanisme les mènera jusqu’en centre Bretagne. Primé au festival de Locarno en 2015, ce deuxième long-métrage de Pascale Breton soutenu par la Région Bretagne à hauteur de 150 000€, est sorti dans les salles bretonnes le 2 mars prochain, une semaine avant sa sortie nationale.
Françoise (Valérie Dréville), une enseignante en histoire de l’art qui a fui Paris et une histoire d’amour finissante à la recherche de son passé breton oublié. Et Ion, (Kaou Langoët), un étudiant en géographie amoureux de Lydie (Manon Evenat), une camarade d’université aveugle qui prétend, par honte, que sa mère Moon (Elina Löwensohn) SDF et junkie est morte. Trop occupés à fuir leurs fantômes, Françoise et Ion ignorent qu’ils ont un passé en commun. Cette quête des origines alliant psychanalyse et chamanisme les mènera jusqu’en centre Bretagne. Primé au festival de Locarno en 2015, ce deuxième long-métrage de Pascale Breton soutenu par la Région Bretagne à hauteur de 150 000€, est sorti dans les salles bretonnes le 2 mars prochain, une semaine avant sa sortie nationale.
Suite armoricaine raconte une année universitaire à Rennes vécue par deux personnages dont les destins s’entrelacent (Crédit photo Météore Films).
Pourquoi avez-vous choisi ce titre, Suite Armoricaine, en hommage au morceau mythique d’Alan Stivell ?
Pascale Breton : Plutôt qu’un hommage, je cherchais à donner un titre musical à mon film. Le mot de « suite » renvoyait aussi fortement à l’idée de transmission, à ce qui vient après…
Rennes, le campus de Villejean, la géographie, y a-t-il beaucoup de vous dans votre héroïne Françoise incarnée par la lumineuse Valerie Dréville ?
P.B. : Il y a beaucoup de moi dans l’ensemble du film. Le personnage de Françoise est très différent de ce que je peux être dans la vie, mais nous avons une origine commune. Toutes les deux, nous avons traversé la même époque et côtoyé durant nos études la culture bretonne et la scène rock rennaise des années 80.
Pascale Breton : Plutôt qu’un hommage, je cherchais à donner un titre musical à mon film. Le mot de « suite » renvoyait aussi fortement à l’idée de transmission, à ce qui vient après…
Rennes, le campus de Villejean, la géographie, y a-t-il beaucoup de vous dans votre héroïne Françoise incarnée par la lumineuse Valerie Dréville ?
P.B. : Il y a beaucoup de moi dans l’ensemble du film. Le personnage de Françoise est très différent de ce que je peux être dans la vie, mais nous avons une origine commune. Toutes les deux, nous avons traversé la même époque et côtoyé durant nos études la culture bretonne et la scène rock rennaise des années 80.
Ion, (Kaou Langoët), un étudiant en géographie est amoureux de Lydie, une camarade d’université aveugle (Manon Evenat).
Comment passe-t-on de la fac de géo au plateau de cinéma ?
P.B. : A beaucoup d’égard, la géographie prépare au cinéma. Elle a l’immense avantage d’aborder le monde sous énormément d’aspects pour arriver à une réflexion plus personnelle. La géographie utilise aussi beaucoup d’outils différents pour appréhender la réalité humaine. J’ai toujours été très attirée par les arts, la photographie, le théâtre, la radio. J’ai fait plein de choses avant de m’engager définitivement dans le cinéma. Mais avec le recul, je me rends compte que j’étais déjà dans le cinéma par la cinéphilie.
Quels ont été les moments importants de votre parcours ?
P.B. : Au départ, j’ai beaucoup écrit de téléfilms pour gagner ma vie. J’ai aussi collaboré avec Catherine Corsini pour l’écriture du scénario des Amoureux et de La Répétition. Et puis j’ai réalisé un premier moyen- métrage de 40 minutes en 1995, La Huitième nuit. Mon premier long métrage, Illumination est finalement sorti en 2004. A cette époque, j’étais déjà revenue en Bretagne. C’est un film qui se passe dans le milieu de la pêche sur la côte bretonne dans les environs de Lorient et qui raconte l’histoire d’un jeune pêcheur en crise.
P.B. : A beaucoup d’égard, la géographie prépare au cinéma. Elle a l’immense avantage d’aborder le monde sous énormément d’aspects pour arriver à une réflexion plus personnelle. La géographie utilise aussi beaucoup d’outils différents pour appréhender la réalité humaine. J’ai toujours été très attirée par les arts, la photographie, le théâtre, la radio. J’ai fait plein de choses avant de m’engager définitivement dans le cinéma. Mais avec le recul, je me rends compte que j’étais déjà dans le cinéma par la cinéphilie.
Quels ont été les moments importants de votre parcours ?
P.B. : Au départ, j’ai beaucoup écrit de téléfilms pour gagner ma vie. J’ai aussi collaboré avec Catherine Corsini pour l’écriture du scénario des Amoureux et de La Répétition. Et puis j’ai réalisé un premier moyen- métrage de 40 minutes en 1995, La Huitième nuit. Mon premier long métrage, Illumination est finalement sorti en 2004. A cette époque, j’étais déjà revenue en Bretagne. C’est un film qui se passe dans le milieu de la pêche sur la côte bretonne dans les environs de Lorient et qui raconte l’histoire d’un jeune pêcheur en crise.
Ion fuit sa mère junkie et SDF (Elina Löwensohn).
Comment s’est déroulée votre rencontre avec les acteurs de Suite armoricaine ?
P.B. : En fait, j’ai l’impression que chaque type de personnages amène à penser le casting différemment. J’observe les acteurs dans les films des autres, je vois leurs visages. Par exemple Kaou Langoët, je l’avais vu sur une scène à Brest où il chantait en breton du punk dans le groupe Gimol Dru Band…Il avait une présence incroyable et je me suis dit qu’il avait en lui quelque chose d’un acteur. Avec Valérie Dréville, (ancienne élève d’Antoine Vitez à l’École de Chaillot puis de Claude Régy au Conservatoire National), c’était sans que l’on se connaisse, comme une sorte du compagnonnage. Je l’avais vue la première fois dans Prénom Carmen sorti au cinéma en 1983, puis dans La Sentinelle d’Arnaud Desplechin en 1992. A l’époque, j’avais ressenti une familiarité immédiate avec elle, même si je ne l’ai rencontrée qu’à l’occasion de mon film. Elina Löwensohn est également une très belle actrice new-yorkaise d’origine roumaine, qui fut la muse de Hal Hartley et qu’on a vue chez Bertrand Bonello, Abdellatif Kechiche ou Bertrand Mandico. Elle a beaucoup aimé s’abimer pour jouer ce rôle.
P.B. : En fait, j’ai l’impression que chaque type de personnages amène à penser le casting différemment. J’observe les acteurs dans les films des autres, je vois leurs visages. Par exemple Kaou Langoët, je l’avais vu sur une scène à Brest où il chantait en breton du punk dans le groupe Gimol Dru Band…Il avait une présence incroyable et je me suis dit qu’il avait en lui quelque chose d’un acteur. Avec Valérie Dréville, (ancienne élève d’Antoine Vitez à l’École de Chaillot puis de Claude Régy au Conservatoire National), c’était sans que l’on se connaisse, comme une sorte du compagnonnage. Je l’avais vue la première fois dans Prénom Carmen sorti au cinéma en 1983, puis dans La Sentinelle d’Arnaud Desplechin en 1992. A l’époque, j’avais ressenti une familiarité immédiate avec elle, même si je ne l’ai rencontrée qu’à l’occasion de mon film. Elina Löwensohn est également une très belle actrice new-yorkaise d’origine roumaine, qui fut la muse de Hal Hartley et qu’on a vue chez Bertrand Bonello, Abdellatif Kechiche ou Bertrand Mandico. Elle a beaucoup aimé s’abimer pour jouer ce rôle.
Trop occupés à fuir leurs fantômes, Françoise et Ion ignorent qu’ils ont un passé en commun. (Crédit photo Météore Films).
Dans votre film, vous rendez hommage au regretté René Vautier. Est-ce un réalisateur qui a beaucoup compté pour vous ?
P.B. : Adolescente, René Vautier était venu dans mon collège de Pont-L’Abbé pour présenter Avoir 20 ans dans les Aurès. À l’époque, dans les années 70, nous étions au bout du monde et cela nous faisaient plaisir de voir des cinéastes et des artistes venir jusqu’à nous avec une démarche militante. Je me souviens aussi que nous avions reçus Nicole et Félix Le Garrec qui venaient de réaliser le documentaire Plogoff, des pierres contre des fusils, au moment du projet de l’implantation d’une centrale nucléaire sur le site.
P.B. : Adolescente, René Vautier était venu dans mon collège de Pont-L’Abbé pour présenter Avoir 20 ans dans les Aurès. À l’époque, dans les années 70, nous étions au bout du monde et cela nous faisaient plaisir de voir des cinéastes et des artistes venir jusqu’à nous avec une démarche militante. Je me souviens aussi que nous avions reçus Nicole et Félix Le Garrec qui venaient de réaliser le documentaire Plogoff, des pierres contre des fusils, au moment du projet de l’implantation d’une centrale nucléaire sur le site.
Cette quête des origines alliant psychanalyse et chamanisme les mènera du musée des beaux-arts de Rennes jusqu’en centre Bretagne. (Crédit photo Météore Films).
Pourquoi avez-vous apporté un tel soin à la bande originale ?
P.B. : Tous mes films ont une bande son importante et j’ai toujours fait appel à des compositions assez complexes. Dans mon court-métrage Les filles du douze, nous avions enregistré des cœurs comme dans un opéra. Le film est construit de manière un peu cubiste et parfois la musique ou le son prennent le pas sur l’image et interviennent comme des tableaux. Avec les morceaux de Siouxie and The Banshees, Robert Wyatt, ou de mon compositeur Eric Duchamp, la musique agit en soutien pour dire des choses plus secrètes.
Le rapport à la langue bretonne est très présent dans votre film. Aviez-vous également un grand-père Diskonter (guérisseur) ?
P.B. : Mon grand-père qui parlait breton mais également très bien français, n’était pas guérisseur. C’était un fils de paysan parti dans la Marine, mais il connaissait bien les plantes. L’histoire du Diskonter m’est venue d’un ami que j’ai d’ailleurs engagé dans mon équipe comme chef décorateur et qui, lui, avait un grand-père paysan qui faisait également ce métier de guérisseur dans le Morbihan. Je me suis inspiré de son récit.
Avez-vous une idée du sujet de votre prochain film ?
P.B. : C’est un projet qui se passe dans l’avenir. Il m’a donc paru logique de l’écrire en anglais, comme si toutes les langues allaient disparaître, ce qui serait bien sûr catastrophique…
David Raynal
P.B. : Tous mes films ont une bande son importante et j’ai toujours fait appel à des compositions assez complexes. Dans mon court-métrage Les filles du douze, nous avions enregistré des cœurs comme dans un opéra. Le film est construit de manière un peu cubiste et parfois la musique ou le son prennent le pas sur l’image et interviennent comme des tableaux. Avec les morceaux de Siouxie and The Banshees, Robert Wyatt, ou de mon compositeur Eric Duchamp, la musique agit en soutien pour dire des choses plus secrètes.
Le rapport à la langue bretonne est très présent dans votre film. Aviez-vous également un grand-père Diskonter (guérisseur) ?
P.B. : Mon grand-père qui parlait breton mais également très bien français, n’était pas guérisseur. C’était un fils de paysan parti dans la Marine, mais il connaissait bien les plantes. L’histoire du Diskonter m’est venue d’un ami que j’ai d’ailleurs engagé dans mon équipe comme chef décorateur et qui, lui, avait un grand-père paysan qui faisait également ce métier de guérisseur dans le Morbihan. Je me suis inspiré de son récit.
Avez-vous une idée du sujet de votre prochain film ?
P.B. : C’est un projet qui se passe dans l’avenir. Il m’a donc paru logique de l’écrire en anglais, comme si toutes les langues allaient disparaître, ce qui serait bien sûr catastrophique…
David Raynal
Valérie Dréville va bientôt jouer dans « La Mouette » d’Anton Tchekhov au théâtre de l’Odéon mis en scène par Thomas Ostermeier. (Crédit photo Méteore Films).