Terres de l’Ebre et Costa Daurada, la Catalogne à l’état pur !

De quoi s’immerger avec bonheur dans les couleurs changeantes de cette plaine fertile dont l’intensité varie avec les saisons.

A la fin du printemps le vert chlorophylle des jeunes pousses laisse filtrer sur l’eau l’éclat du ciel et du soleil puis le tout évolue vers l’ocre au fur à mesure qu’approche le temps des moissons. Novembre et décembre moment des labours sont des mois plus austères jusqu’à l’inondation des sols en avril pour un cycle nouveau.

Dans cet univers fertile plus de 300 espèces d’oiseaux trouvent leur subsistance. Certains à l’année, d’autres de passage s’envoleront avant l’hiver. Rien de mieux qu’une balade à vélo sur les kilomètres de pistes cyclables et plates de ce Parc naturel pour découvrir le complexe système d’irrigation et les milliers d’oiseaux. Cormorans, ibis noirs, flamants roses, martins pêcheurs, poules d’eau, martinets, crabiers chevelus… Ces paysages évoquent une Camargue sans manades de taureaux et de chevaux sauvages qui fait la part belle aux oiseaux. Alors, ornithologues n’oubliez pas vos jumelles !

Elle doit son nom aux plages de sable blond qui dorent au soleil, aux innombrables criques d’eaux cristallines, aux lagunes dont les roselières abritent les couvées et rendent les marais plus limpides.

Si certaines plages ont été colonisées par le tourisme (Port Aventura n’est pas loin) il existe des petits villages de pêcheurs où on se sent au bout du monde. Les fruits de mer sont réputés ici pour leur excellence et les amateurs ne seront pas déçus.

On s’embarque par exemple Port del Alfacs au pied de la Sierra Montsia dans un bateau à moteur qui vous dépose en quelques minutes au Musclarium. Cette ferme ostréicole marine a été créée en 1942 sur un vaste ponton pour l’élevage des moules et des huîtres.

Les Catalans chauvins disent qu’elles sont les meilleures du monde… Leur élevage reste fidèle aux traditions le long de perches en bois qui plongent à la verticale dans une mer adoucie par les courants d’eau douce venus de l’Ebre. Il se récolte ici jusqu’à 4 millions de tonnes de moules et 700 000 kg d’huîtres par an ! La dégustation des fruits de mer juste pêchés accompagnée comme il se doit d’un verre de blanc du Priorat est un moment savoureux en terrasse du restaurant flottant pour compléter la visite. Ceux qui veulent en apprendre davantage sur ces coquillages sont bienvenus sur la Route des mejilloneras proposée par le Musclarium en complément des explications données à l’arrivée sur le ponton.

Changement radical d’ambiance le long des lacets qui grimpent vers le Priorat et ses montagnes de moyenne altitude.

Les champs bien alignés des oliviers font d’abord oublier les étendues de rizières avant que n’apparaissent plus haut les vignobles sur de petites parcelles travaillées elles aussi à l’ancienne et pour la plupart à la main.

Quelques mots d’histoire permettent de comprendre la saga de ce vin, le Priorat, connu et apprécié bien au-delà des frontières. Il doit son nom aux moines et aux Prieurs de la Chartreuse Escaladei, Escalier de Dieu, une congrégation venue de Provence, fondée au XIIe siècle par Alphonse Ier le Chaste. La légende raconte qu’un berger aurait guidé les moines vers cet endroit sacré d’où les anges s’élevaient vers le ciel avant de disparaître. D’où le blason de la Chartreuse, une simple échelle qui rappelle aussi celle du Jacob de la Bible. …

La visite des vestiges en cours de restauration mène de la façade d’entrée jusqu’à un dédale de cellules, de chapelles, de cloîtres, séparés pour les Pères, les Frères et les Convers. L’imagination doit faire son œuvre pour compenser la disparition des murs de pierre... mais le guide sait faire revivre avec maestria ces siècles de clôture totale. Et pas besoin d’imagination pour apprécier l’excellence de ces vins du Priorat, témoignage de l’action du monastère et de sa prospérité jusqu’en 1835 quand l’Etat confisqua les biens de l’Eglise et dans la foulée ferma le monastère. Les vins par bonheur ont survécu à ces ruines avec pour les rouges une robe sombre, puissante, concentrée en arômes de cassis et de réglisse qui s’élabore à partir du Grenache et du Carignan.

​Son passé parle avec éloquence de la grandeur passée de cette ville portuaire créée en 218 av. J-C sous le nom de Terraco.

La première à devenir un territoire militaire romain loin de Rome, capitale de la Terraconnensis cette grande Hispanie citérieure. L’empereur Auguste y séjourna quelque temps, c’est dire son importance à l’époque. De son port marchand partaient les navires chargés de vins, de céréales et d’huile d’olive… Ses importants vestiges, en grande partie détruits par la ville à travers les siècles, ont été inscrits par l’Unesco au Patrimoine mondial en 2000.

On pénètre à Tarragone en franchissant une porte dans la muraille, 12 m de haut, 4 m d’épaisseur, dont les fondations courent encore sur 1,2 km autour du centre ancien. Il est conseillé de consulter la maquette de la Tarraco romaine à l’Antiga Audiencia tout près de l’entrée de la vieille ville avant de se lancer dans le dédale des ruelles. Arrivés sur les deux places parallèles du Forum et del Rei, il sera plus facile de se représenter la plus grande place du monde romain. Passée la Tour du prétoire construite sous Vespasien et devenue château royal au Moyen Age, voici quelques gradins témoignant du Cirque où 30 000 spectateurs assistaient aux courses de chars. Mais le plus spectaculaire demeure le grand amphithéâtre du 1er siècle ap. J-C dominant la mer. Construit à l’extérieur des remparts par manque de place, c’est là que se déroulaient les spectacles les plus sanglants, que s’affrontaient les gladiateurs et que les Chrétiens étaient brûlés vifs. Une basilique aujourd’hui en ruine rappelait au centre ces premiers martyrs.

 
Antoni Gaudi est né dans cette ville au charme très particulier et pourtant ce n’est pas ici mais à Barcelone qu’il a exercé son génie d’architecte.

Pas rancunière, la ville lui a consacré un musée passionnant qui permet de comprendre comment ce maître du Modernisme, terme catalan pour Art Nouveau, s’inspirait de la folle exubérance de la nature et travaillait en toute simplicité à partir de ses maquettes.

La place était libre pour d’autres confrères qui répondirent aux commandes des commerçants enrichis par l’industrie textile et la fortune d’un produit phare, le vermouth. La balade est un enchantement de façades décorées de lignes enchevêtrées et d’arabesques, de motifs végétaux, de céramiques rutilantes, de tuiles vernissées et de balcons en fer forgé. Reus compte près de 80 bâtiments modernistes, parmi lesquels la Casa Navas, une splendeur ouverte à la visite, l’ancien hôpital Pere Mata, la Casa Rull et la Casa Gasull, toutes œuvres de Domènech i Montaner l’architecte du Palais de la musique catalane à Barcelone. Citons aussi Josep Maria Jujol, Josep Puig i Cadafalch, Caselles i Tarrats…Une belle balade en perspective.

C.Gary

La Catalogne vient de lancer un vaste programme touristique qui se décline en plusieurs itinéraires thématiques sur 2 200 kilomètres des plus belles routes du territoire. Une façon nouvelle de faire découvrir l’art, l’histoire, la nature, les traditions et la gastronomie entre Pyrénées et Méditerranée. Excellente sélection “des lieux et des activités pouvant intéresser ceux qui ont peu de temps pour s’organiser et sont d’une curiosité sans bornes“. Cet article éclaire en partie les itinéraires Terres de l’Elbe et Costa Daurada qui couvre 418 kilomètres.
www.grandtourcatalunya.com/?lang=fr