Une belle diversité d'expositions à découvrir en ce moment !

Année Louis Aragon en son Moulin de Villeneuve
 

Afin de rendre hommage à la vie et l’œuvre du grand écrivain et poète que fut Louis Aragon la Maison Elsa Triolet-Aragon organise une série d’évènements tout au long de l’année 2022.


Ils marqueront les 40 ans de la disparition de cet homme qui participa un temps au mouvement surréaliste et s’impliqua dans l’engagement communiste jusqu’à la fin de ses jours en 1982. Aujourd’hui la Maison Elsa Triolet Aragon affirme sa triple vocation. En tant que lieu de mémoire elle propose au visiteur accompagné d’un guide de mieux connaître l’intimité du couple et leur vie quotidienne. Elle est aussi un lieu de recherche autour de 30 000 ouvrages que les chercheurs et artistes peuvent consulter. Elle accueille aussi en ses murs plasticiens et artistes contemporains. Toute cette année des rencontres, des visites, des évènements culturels pour petits et grands vont se succéder dans ces lieux charmants à découvrir en particulier aux beaux jours. Dans ce Moulin de Villeneuve le couple travailla de concert à l’élaboration de leur œuvre et si la roue qui jadis moulait le grain a disparu on distingue toujours les sons cristallins de la rivière à travers l’oculus du salon. Dans le vaste parc, la présence de l’eau a favorisé une belle végétation d’aulnes, de saules, de joncs, d’iris des marais qui permet une jolie balade avec la surprise d’une trentaine de sculptures disposées ici ou là comme dans un “musée à ciel ouvert“.

Et jusqu’au 8 mai 2022 on y expose aussi C215, alias Christian Guémy, l’artiste pochoiriste français connu à l’international pour ses interventions sur les murs des villes en hommage ou en soutien aux figures qui défendent de belles causes. Les œuvres exposées, originales ou photographiées, trouvent ici une résonnance particulière avec certains moments de la vie du poète.

Comment la ville dont le roi Louis XIV accueillit et favorisa le succès de cet homme de théâtre unique ne se sentirait-elle pas concernée par cet anniversaire ?

Elle qui depuis 26 ans perpétue un festival en son honneur, le Mois Molière, et accueille en résidence de nombreuses troupes de théâtre.

Cette année donc Versailles va redoubler d’événements pour célébrer ce Molière inscrit dans son histoire presque autant que le Roi Soleil. A commencer par cette exposition d’envergure “Molière, la fabrique d’une gloire nationale“ à l’Espace Richaud, ancien hôpital royal, et dans sa belle chapelle XVIIIe siècle. L’ambition des organisateurs ? “Déconstruire la légende, détricoter le mythe“, donner une vie nouvelle à ce génie du théâtre sans oublier aussi de faire revivre la réception de son œuvre en France et à l’étranger selon les siècles et jusqu’à nos jours. Car la réception de l’image et de l’œuvre fluctue selon les époques. Pour Diderot et le Siècle des Lumières on le considère comme un représentant le Classicisme alors qu’on loue plutôt son sens du rire, son bon sens et son esprit critique au XIXe.

Quant à l’auteur, on sait peu de choses de lui Molière n’ayant laissé aucun manuscrit autographe, pas de correspondance non plus. Surprenant quand on sait qu’il est lu et joué dans le monde entier. A défaut, les 200 objets et œuvres de cette exposition se chargent d’évoquer le maître de cérémonie, le directeur de troupe et bien sûr l’homme de théâtre qu’il fut à travers quatre thèmes. Généalogie du Grand homme, du saltimbanque au favori ; Genèse d’une légende et évolution de l’image ; Mythe revisité à travers les transpositions médiatiques actuelles (cinéma, bande dessinée…) ; Beauté des costumes de scène pour un hommage aux artisans d’art. Cette exposition s’adresse aux petits comme aux grands.

YOGA, Ascètes, yogis, soufis au Musée Guimet

Les figures de l’ascétisme sont fréquentes dans les différentes formes d’expression de l’art indien, sculptures, miniatures, peintures.

Majoritairement masculines elles illustrent la croyance ancestrale et toujours vivante des Indiens dans les lois du karma. Selon la tradition Hindoue chaque individu inscrit par les actes de sa vie un enchainement d’effets qui déterminera la suite de ses réincarnations, bonnes ou mauvaises. Afin de réduire l’enchaînement de ces causalité sources de souffrances, les ascètes, yogis ou soufis choisissent une voie radicale en se retranchant de la vie. Shiva, le dieu ascète du Brahmanisme, concilie néanmoins les premières étapes de l’homme et son renoncement final en un cheminement progressif depuis la nécessaire vie sociale et familiale évoluant ensuite en un renoncement total à l’âge mur.

Chez les adeptes du Bouddhisme et du Jaïnisme l’ascétisme se vit de façon plus radicale au sein de la vie monastique. Les soufis musulmans ont eux aussi leurs ascètes, influencés qu’ils furent par le Brahmanisme durant la brillante époque Moghole qui rayonna au nord de l’Inde.

Les renonçants s’aident de pratiques et postures très anciennes, celles de le hatha-yoga, des techniques vibratoires à la fois physiques et respiratoires permettant d’éveiller le “corps subtil“, l’énergie divine montant le long des chakras… Les œuvres de grande valeur réunies pour l’exposition témoignent de cet ascétisme aux sources de cette antique civilisation indienne, une tradition qui se perpétue toujours dans l’Inde d’aujourd’hui.

James McNeill Whisler au musée d’Orsay

Pour la première fois une sélection de 22 œuvres de ce grand peintre américain (1834-1903), soit 4 peintures, 3 pastels et 12 eaux fortes, quittent les murs new-yorkais de la Collection Frick fermée en ce moment pour travaux pour un événement à ne pas manquer.

Whisler, peu connu en France aujourd’hui, fut l’un des phares de la génération symboliste des années 1890. Né dans le Massachussetts il passe son enfance et adolescence entre les Etats-Unis et l’Europe. En 1855 lors de son séjour en France, il rencontre Courbet et Fantin Latour et entreprend une peinture qui tient à la fois des Préraphaélites et des Réalistes. Néanmoins, sa technique picturale visant à simplifier les compositions et à travailler en touches fluides ne rencontre pas le succès. Il faudra attendre les années 1900 pour qu’il connaisse la renommée. Marcel Proust s’inspirera même de lui pour le personnage du peintre Elstir ainsi que du portrait en pied du comte Robert de Montesquiou pour dessiner les traits et le caractère du baron de Charlus dans “La Recherche du Temps perdu“.

La Frick Collection est connue à l’international pour la richesse des œuvres réunies à l’époque par ce collectionneur éclairé. On y découvre les grands maîtres européens mais aussi des sculptures, des céramiques, des textiles, des œuvres sur papier.

Cette collection inestimable a été léguée en 1919 à la ville de New-York par ce riche industriel de l’acier afin d’être ouverte au public et exposée en temps normal dans ce qui fut aussi sa demeure.

Il s’est inspiré d’un aspect de la décoration d’intérieur en général moins pris en considération par les visiteurs que le mobilier, les objets de prix ou les tableaux. Et pourtant, les étoffes d’ameublement, les tissus décoratifs et leur mille et une matières et formes d’impression, de broderie ou de tissage méritent souvent l’admiration et révèlent une multitude d’informations sur le contexte historique ou social qu’ils expriment dans les maisons ouvertes à la visite.

L’exposition se propose d’en montrer les liens avec la littérature et les écrivains ce qui donnera le double plaisir à ceux qui ne la connaissent pas de découvrir aussi la maison de Chateaubriand et son grand parc de la Vallée aux Loups dont certains arbres furent plantés par son propriétaire. Une première partie dévoile le goût et le talent pour la décoration en tissus de leur propre intérieur afin de s’approprier leur cadre de vie. Balzac, Hugo, Zola, Maupassant, George Sand,

les frères Goncourt... Une seconde partie met l’accent sur certains passages romanesques, Bel-Ami, Au Bonheur des Dames, Nana… mentionnant les tissus d’ameublement parmi d’autres éléments d’un cadre de vie représentatif de leurs personnages.

Une galerie de textiles allant de la simple cretonne aux brocards permet de voir de près et de toucher tous ces tissus. La visite se poursuit dans les différentes pièces de la maison, agrandie après le départ de l’écrivain. Dans la chambre et celle de Madame Récamier les tentures ont été rénovées à partir d’archives des maisons Le Manach et Braquenié dans le cadre d’un mécénat de la Maison Pierre Frey.