Cadran solaire de la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides (crédit photo David Raynal)
L’art gnonomique dans Paris
« Heu, mortis fortasse tuae quam prospicis hora »
(Hélas, cette heure que tu regardes est peut-être celle de ta mort.)
Si tous les patients de l’hôpital Laennec étaient des latinistes, ils auraient de quoi perdre le moral.
Datant de 1745, la devise prophétique et sinistre du cadran solaire de l’ancien hospice des incurables n’est que l’une des cent vingt manifestations de l’art gnonomique dans Paris.
Par nature fragiles sur leur support, privé de leur tige métallique dont l‘ombre indique l’heure, soumis aux intempéries, aux pollutions, ils rencontrent depuis une vingtaine d’années la faveur de nombreux amateurs.
Inscription du cadran solaire des Halles (Crédit photo Arnaud Lemorillon)
Une succession insolite de cadrans et de méridiennes
D’après Hérode, on attribue l’introduction en Grèce des gnomons ou cadrans solaires aux Babyloniens. Ils tombent en désuétude après la chute de l’Empire romain. Puis les arabes en perfectionnent le mécanisme. Dès le 16e siècle, il s’en construit un grand nombre dans la capitale. Mais déjà, l’essor de l’horlogerie leur fait de l’ombre. La généralisation du chemin de fer les relègue définitivement au rang de curiosité. Un promeneur attentif peut assez facilement découvrir au hasard d’une rue, d’une cour, ou d’un jardin, une succession insolite de cadrans et de méridiennes. Ces instruments de mesure sont regroupés, pour la plupart, dans le cœur historique de la cité. Sous l’égide de la Société astronomique de France (SAF) la commission des cadrans solaires, participe, à titre consultatif, à des restaurations d’envergure. Malheureusement, les cadrans solaires de la capitale ne sont pas tous logés à la même enseigne. Beaucoup d’entre eux, et non des moindres, ont été perdus ou sont en passe de disparaître. Car les « heureux » détenteurs de cadrans solaires anciens rechignent à entreprendre seuls des travaux qu’ils considèrent comme des actes de pur mécénat.
D’après Hérode, on attribue l’introduction en Grèce des gnomons ou cadrans solaires aux Babyloniens. Ils tombent en désuétude après la chute de l’Empire romain. Puis les arabes en perfectionnent le mécanisme. Dès le 16e siècle, il s’en construit un grand nombre dans la capitale. Mais déjà, l’essor de l’horlogerie leur fait de l’ombre. La généralisation du chemin de fer les relègue définitivement au rang de curiosité. Un promeneur attentif peut assez facilement découvrir au hasard d’une rue, d’une cour, ou d’un jardin, une succession insolite de cadrans et de méridiennes. Ces instruments de mesure sont regroupés, pour la plupart, dans le cœur historique de la cité. Sous l’égide de la Société astronomique de France (SAF) la commission des cadrans solaires, participe, à titre consultatif, à des restaurations d’envergure. Malheureusement, les cadrans solaires de la capitale ne sont pas tous logés à la même enseigne. Beaucoup d’entre eux, et non des moindres, ont été perdus ou sont en passe de disparaître. Car les « heureux » détenteurs de cadrans solaires anciens rechignent à entreprendre seuls des travaux qu’ils considèrent comme des actes de pur mécénat.
Cadran solaire réalisé par Salvador Dali (Crédit photo David Raynal)
Un étonnant moulage signé Salvador Dali
Dans son ouvrage Les cadrans solaires de Paris Andrée Gotteland évalue à vingt-neuf le nombre de gnomons et méridiennes restaurés depuis 1978. Parmi les plus importants, citons le cadran solaire de l’hôtel des Invalides, celui de la cour d’honneur de la Sorbonne, les six cadrans du lycée Louis-le-Grand, ou le majestueux cadran de l’église Saint-Eustache. Des travaux de nettoyage été menés sur le sympathique et étonnant moulage signé Salvador Dali, rue Saint-Jacques. D’une remarquable originalité, il laisse pourtant à désirer quant à son exactitude. L’enfant terrible du surréalisme l’avait dédié, en 1968, à des amis qui tenaient un magasin de meubles au numéro 27 de la rue.
Cadran solaire de la Cité des Sciences Paris (Crédit photo Arnaud Lemorillon)
Transformer l’obélisque en méridienne
De nos jours la gnonomique s’appréhende davantage dans une perspective pédagogique qu’utilitaire. Ces dernières années, Paris a vu s’installer treize nouveaux cadrans, dont quatre réalisations pilotes : jardin des Halles, parc de la Villette, jardin de Reuilly, parc André Citroën. Plus extravagant encore est le projet maintes fois repris et abandonné, de transformation de l’obélisque de la Concorde en méridienne. En 1913, il devait devenir sous l’impulsion de l’astronome Camille Flammarion « le plus vaste cadran solaire du monde ». Le projet est enfin financé à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Ingénieurs et géomètres tracent la méridienne et quelques lignes d’heures toujours visibles. Mais la guerre interrompt l’entreprise. Après une ultime et infructueuse tentative officielle en 1956, des bruits ont récemment couru sur une éventuelle réactualisation des études. Qu’ils soient modernes ou anciens, modestes ou grandioses, les cadrans solaires parisiens semblent garder jalousement leur secret. Ils ne l’emporteront peut-être pas définitivement avec eux si les pouvoirs publics prennent acte du véritable engouement qu’ils éveillent désormais dans l’opinion publique. Alors, seulement, chacun pourra véritablement voir, comme le rappelle si bien l’adage, midi à sa porte...
D.R.
De nos jours la gnonomique s’appréhende davantage dans une perspective pédagogique qu’utilitaire. Ces dernières années, Paris a vu s’installer treize nouveaux cadrans, dont quatre réalisations pilotes : jardin des Halles, parc de la Villette, jardin de Reuilly, parc André Citroën. Plus extravagant encore est le projet maintes fois repris et abandonné, de transformation de l’obélisque de la Concorde en méridienne. En 1913, il devait devenir sous l’impulsion de l’astronome Camille Flammarion « le plus vaste cadran solaire du monde ». Le projet est enfin financé à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Ingénieurs et géomètres tracent la méridienne et quelques lignes d’heures toujours visibles. Mais la guerre interrompt l’entreprise. Après une ultime et infructueuse tentative officielle en 1956, des bruits ont récemment couru sur une éventuelle réactualisation des études. Qu’ils soient modernes ou anciens, modestes ou grandioses, les cadrans solaires parisiens semblent garder jalousement leur secret. Ils ne l’emporteront peut-être pas définitivement avec eux si les pouvoirs publics prennent acte du véritable engouement qu’ils éveillent désormais dans l’opinion publique. Alors, seulement, chacun pourra véritablement voir, comme le rappelle si bien l’adage, midi à sa porte...
D.R.
Cadran solaire des Halles (Crédit photo Arnaud Lemorillon)
Site de la Société Astronomique de France
http://www.iap.fr/saf/accueil.html
Les cadrans solaires de Paris
Georges Camus, Andrée Gotteland
Editeur CNRS Eds, Paris,1998
Cadran solaire des Halles (Crédit photo Arnaud Lemorillon)