Allée d'honneur du château de Trévarez © CDP 29
Je n’ai qu’un désir, sortir le spectateur de son quotidien et l’entrainer dans la fiction, entre rêve et cauchemar. J’aime métamorphoser le réel, qu’il dérape dans le surréel. En ce sens, mon travail a des affinités avec le surréalisme, c’est un voyage mental, aux accents métaphoriques liés au merveilleux.
Crédit photo Marc Loyon
Regards d’Artistes
Une belle définition pour le travail de ce diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Art de Nancy, qui a enseigné à l’École Supérieure d’Art du Nord-Pas-de-Calais jusqu’en 2015 et dont le travail est régulièrement exposé en France et à l’étranger. Nombre de ses œuvres appartiennent à aujourd’hui à des collections publiques, comme le Fonds National d’Art Contemporain, la Maison Européenne de la photographie et divers FRAC. Aujourd’hui, c’est au château de Trévarez qu’il a posé ses valises dans le cadre de la douzième édition de « Regards d’artistes », une manifestation annuelle qui s’avère un des axes fondateurs du projet culturel de l’EPCC « Chemins du patrimoine en Finistère ».
Crédit photo : EG Cdp29
Mystère de la création artistique
C’est Charles Belle qui ouvre le feu en 2010, lui succèdent Patrick Dougherty en 2011, Erik Samakh en 2012, les installations de Bob Verschueren. En 2014, ce sont Shigeko Hirakawa et François Méchain en 2014, Robert Schad en 2016 mais aussi le jardinier, paysagiste et écrivain Gilles Clément en 2017, lequel implanta dans le potager historique du domaine un labyrinthe végétal qui s’installe dans les lieux. En 2018, Eva Jospin immerge les visiteurs dans sa forêt « Panorama », et créé « Nymphée », une œuvre pérenne installée dans le parc. En 2019, Marc Didou via ses arbres d’acier évoque avec acuité la relation de l’humain à la nature. En 2021, les artistes Charles Belle et François Royet nous proposaient un parcours invitant à évoluer au centre du mystère de la création artistique. Plus récemment, en 2022, l’artiste finlandaise Raija Jokinen s’inspire de la richesse botanique du parc pour récréer son monde de formes fragiles en apparence, mais puissantes en contenu et forme au carrefour de la peinture, de la sculpture, du graphisme et des textiles.
Crédit photo Bertrand Gadenne
Lieu propice à la contemplation
Au fil des ans, plus d’une douzaine d’artistes ont donc investi le Domaine de Trévarez. La programmation 2023 accueille aujourd’hui et jusqu’au 8 octobre dans les écuries et le parc, les installations de Bertrand Gadenne. Dans ce lieu propice à la contemplation, le plasticien a imaginé une histoire labyrinthique qui court à travers tous les espaces depuis le rez-de-chaussée jusqu’aux écuries en passant par le château. Les œuvres qui la ponctuent ont été créées pour la plupart en résidence au Domaine en 2022 et 2023. Trois espaces permettent ainsi à l’artiste de laisser libre cours à son imagination, chaque installation faisant écho à un motif présent dans l’architecture du château.
Rhododendrons dans le parc de Trévarez au printemps © CDP 29
Un parcours en deux épisodes
Dans l’obscurité, des stalles autrefois réservées aux chevaux entraînés pour la chasse, Bertrand Gadenne propose cinq installations vidéo et une mise en lumière de l’univers animalier : une tête de cerf, hommage à Saint-Hubert, patron de la chasse dont le cervidé est le symbole, un renard qui semble pénétrer discrètement par un trou et dont la figure fait écho à un bas-relief en bois situé dans l’ancienne salle de jeu du château, reconvertie en boutique, des sculptures d’écrevisses géantes, des têtes humaines et de tritons, un cheval en bois, sculpture incongrue de la monture d’un dieu Indien et enfin un hibou qu’on suppose niché dans les bois alentour.
"Les Images réfléchies"
Bassin de la Chasse et château © CDP 29
A l’intérieur du château, le visiteur découvrira l’installation vidéo « Les Images réfléchies » qui figure un bassin rempli d’eau et de poissons, écho du bassin de la chasse situé tout près dans le jardin « italien». Plus loin, voici « L’Éblouissement », dont le miroir parait le symbole même de la vanité des apparences, « La Bulle », avec son jeune garçon nu qui persiste à souffler dans une bulle de savon qui jamais n’éclate, « La Branche d’arbre », sept photographies réalisées à partir de végétaux cueillis dans le parc et dont les formes géométriques et les entrelacs redessinent les branches, natures mortes inspirées par les « grotesques », peints sur les boiseries du grand salon et enfin « Les Hydrangeas », photographies qui mettent à l’honneur les fameux Hortensias, fleurs emblématiques de Trévarez. Gadenne signe ici une superbe exposition au service du dialogue entre l’homme et la nature, l’art et la poésie.
Chateau de Trevarez. Crédit photo Bernard Galeron CDP29
Un château comme un écrin…
Au cœur d’un parc de 85 hectares, le « château rose » de Trévarez domine la vallée de l’Aulne depuis plus d’un siècle. Mélange de briques et de pierre de Kersanton, au cœur de son superbe jardin, il témoigne du rêve d’un homme, James de Kerjégu, qui entreprit en 1893 la construction d’une résidence prestigieuse, à la pointe de la modernité. Non loin de l’ancien manoir, il fit construire ce vaste bâtiment et y installa tout le confort moderne. En juillet 1940, la demeure fut réquisitionnée par les Allemands et en partie détruite par les bombardements alliés dans la nuit du 30 juillet 1944. Laissée à l'abandon, elle a été rachetée par le Conseil général du Finistère, qui l’a rénovée et l’utilise désormais comme lieu d’expositions et de visites.
« Bertrand Gadenne. Les images réfléchies ». Regards d’Artistes.
« Bertrand Gadenne. Les images réfléchies ». Regards d’Artistes. Domaine de Trévarez. Jusqu’au 8 octobre 2023.
www.cdp29.fr.cdp29.fr
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Visuel affiche Regard d’artiste - Bertrand Gadenne _ Les Images réfléchies © Marc Loyon