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Culture

Exporama: Quand l’art saisit la ville de Rennes…

Avec la troisième exposition de la collection Pinault, cette fois consacrée au volet « Sixties », et la rétrospective Jeremy Deller, Rennes s’impose comme ville-escale de l’art moderne et contemporain.

Par Françoise Surcouf



Jeremy Deller, Beyond the Withe Walls, 1997-2012© Jeremy Deller. Photo : Courtesy de l’artiste ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris.
Jeremy Deller, Beyond the Withe Walls, 1997-2012© Jeremy Deller. Photo : Courtesy de l’artiste ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris.
Debout ! » c’était en 2018, « Au-delà de la couleur » en 2021, dans l’écrin d’un couvent du XIVème siècle, celui des Jacobins magnifiquement rénové, la Collection Pinault, la Ville de Rennes et Rennes Métropole présentent cette année le nouvel opus de leur collaboration, une exposition inédite d’œuvres de la collection réunie depuis cinquante ans par le grand mécène.

Ce sont donc plus de 80 œuvres emblématiques, dont certaines n’ont encore jamais été exposées dans un tel cadre, que l’on retrouve dans « Forever Sixties ». Une réunion qui offre un éclairage essentiel sur un moment décisif de l’histoire de l’art contemporain, la révolution visuelle des années 1960, et l’impact de son héritage sur les artistes et les œuvres des décennies suivantes. Libération, répression, boom démographique et économique sans précédent, émergence de la société de consommation, début de la conquête spatiale, cette décennie foisonnante a su faire exploser codes et formalisme en s’inventant une nouvelle esthétique.
 
 

Forever Sixties @ Françoise Surcouf
Forever Sixties @ Françoise Surcouf

Pop Art et Nouveau Réalisme, en rupture avec l’abstraction

Une thématique tout juste faite pour Rennes, ville jeune et étudiante, dont le dynamisme et la dynamique « collent » au thème choisi par la commissaire de l’exposition, Emma Lavigne. Un voyage au cœur du Pop art, un mouvement dont les couleurs vives, les détournements des codes de la publicité et les critiques de la culture dominante sont plus que jamais d’actualité. Le Pop Art est un mouvement qui a émergé au cours des années 1950 en Amérique et en Grande-Bretagne et a culminé dans les années 1960. Il a été inspiré par la culture populaire et la « merchandisation » du monde occidental et s’affiche radicalement comme une rébellion contre les formes traditionnelles d’art. Ses artistes estiment que l’art exposé dans les musées ou enseigné dans les écoles ne représente en aucune façon le monde réel, et s’inspirent donc de la culture de masse contemporaine pour s’inspirer. À son apogée, le Pop Art est d’ailleurs souvent présenté comme l’« anti-art » pour avoir refusé de respecter les diktats de l’art contemporain de l’époque. Pour les « Pop artistes », l’art doit être Populaire, Consommable, Low-cost, Produit en masse, Jeune, Gimmicky et Glamour.
 

Tim Noble & Sue Webster, Forever, 2001, Pinault Collection Copyright obligatoire : © Adagp, Paris, 2023.
Tim Noble & Sue Webster, Forever, 2001, Pinault Collection Copyright obligatoire : © Adagp, Paris, 2023.

Emblématique Marilyn Monroe

D’où l’utilisation de symboles populaires et de consommation, comme la boîte de soupe Campbell, immortalisée en 1962 par Andy Warhol ou l’effigie de l’emblématique Marilyn Monroe reprise par ce dernier, chef de file de ce mouvement qui ne revendique pourtant pas vraiment de leader. Warhol, toujours lui, ne déclare-t-il pas : « Les artistes pop créent des images que n’importe qui marchant sur Broadway peut reconnaître en une fraction de seconde, bandes dessinées, célébrités, réfrigérateurs, bouteilles de Coca-Cola » tous détails jusque-là négligés. Ainsi l’utilisation de logos ou d’images impersonnelles renforce-t-elle l’idée que l’art peut d’inspirer de tout et de n’importe quoi, pas seulement de l’histoire ou de la mythologie. Couleurs vives, couleurs primaires : rouge, bleu et jaune jusque-là réservées à la palette de la bande dessinée, compositions en totale opposition avec celles utilisées dans les mouvements précédents, notamment l’abstraction, les œuvres de Pop Art sont essentiellement constituées de formes distinctives ou fragmentées ou d’objets agrandis dans des proportions presque comiques.
 

Richard Hamilton, Release, 1972, Pinault Collection Copyright obligatoire : © R. Hamilton, All Rights Reserved, Adagp, 2023.
Richard Hamilton, Release, 1972, Pinault Collection Copyright obligatoire : © R. Hamilton, All Rights Reserved, Adagp, 2023.

Surréalisme et dadaïsme

Inspiré par leurs illustres ancêtres, dadaïsme et surréalisme, le Pop Art crée des combinaisons inhabituelles et absurdes d’objets « trouvés » et d’images de phénomènes populaires, politiques ou sociaux, souvent utilisés dans des collages, empruntant, modifiant, s’appropriant des images ou des objets de la culture populaire de masse. Il imite ou récupère aussi les techniques de l’industrie du design comme la sérigraphie. C’est ce courant passionnant et atypique que propose aujourd’hui d’explorer l’exposition des Jacobins, avec des têtes d’affiche comme Richard Avedon, John Baldessari, Gilbert & George, Robert Gober, Richard Hamilton, David Hammons, Duane Hanson, Alain Jacquet, Edward Kienholz, Barbara Kruger, Michelangelo Pistoletto, Richard Prince, Martial Raysse, Ed Ruscha, Niki de Saint Phalle, Sturtevant… A savourer sans modération jusqu’en septembre.
 
 

Arti is Magic @ Françoise Surcouf.
Arti is Magic @ Françoise Surcouf.

Rétrospective « Art is Magic » : trois lieux pour découvrir l’univers de Jeremy Deller

Jusqu’au 17 septembre 2023, pour la première fois en France, une rétrospective permet de découvrir l’univers artistique de Jeremy Deller. Cet artiste britannique protéiforme, lauréat du prestigieux Turner Prize en 2004, a été à l’honneur d’une exposition au Palais de Tokyo en 2008 et plus récemment, il a même représenté la Grande-Bretagne lors de la biennale d’art contemporain de Venise en 2013…Né le 30 mars 1966, Deller est un artiste conceptuel, vidéo et d’installation anglais. Une grande partie de son travail est collaborative et possède de forts aspects politiques, dans les sujets traités, comme dans la dévalorisation de l’ego artistique via l’implication d’autres personnes dans le processus créatif. Sa pratique a hérité de certains traits du Pop Art, sa rencontre avec Andy Warhol en 1986 ayant été déterminante pour lui. Excentrique, post-punk, contestataire des ordres établis en politique comme en art, l’œuvre de Deller porte un regard sociologique sur la société. L’artiste s’empare de ce qui l’intrigue ou l’intéresse et en construit installations ou événements.
« La démarche de Jeremy Deller se construit aux côtés des habitantes et habitants des lieux où il intervient. Armée d’un humour british jubilatoire et d’un sens percutant de la revendication, elle se fait tour à tour fête populaire, outil d’investigation, archive documentaire, support militant » affirmait naguère un commissaire d’exposition.
Le patio du Musée des Beaux-Arts accueille l’installation Valerie’s Snack bar, issue d’une performance réalisée en 2009. Deller y reconstitue une parade, conçue comme une célébration de la vie populaire et de l’animation des rues. A preuve, la réplique à taille réelle d’un snack bar du « Bury market », dans la périphérie de Manchester.
 

Jeremy Deller & Alan Kane, Farmers Protest, Whitehall, London, 2001, de l’ensemble Folk Archive, 2005 © Jeremy Deller & Alan Kane. British Council Collection.  Photo : Courtesy des artistes ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris.
Jeremy Deller & Alan Kane, Farmers Protest, Whitehall, London, 2001, de l’ensemble Folk Archive, 2005 © Jeremy Deller & Alan Kane. British Council Collection. Photo : Courtesy des artistes ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris.

Star extravagante

La « bataille d’Orgreave » est la reconstitution historique d’une bataille cruciale livrée entre le NUM, syndicat national des mineurs et la police britannique, le 18 juin 1984, à dix-sept ans d’intervalle, c’est-à-dire le 17 juin 2001. Elle représente, elle, un moment clé dans l’émergence de l’ultralibéralisme. Documents et moyen-métrage permettent de reconsidérer ce moment et d’amener une réflexion nouvelle sur les années Thatcher. Autre figure incontournable de l’exposition, celle d’Adrian Street, fils de mineur, homosexuel et catcheur. Il a pu sortir de sa condition en devenant une star extravagante de son sport. Deller l’a suivi jusqu’en Floride où il vit, et où il a pris une sorte de « revanche » sur la misère. Jeremy Deller nous entraîne dans une plongée à travers l’Histoire. Sous des apparences pop et gaies, la force de ses œuvres est de poser la question de la pérennité et de l’acceptabilité des codes sociaux et des emblèmes de pouvoir. Nécessaire et brillant.
 
 

Pratique

« Forever Sixties, l’esprit des années 1960 dans la Collection Pinault ». Jusqu’au 10 septembre 2023. Couvent des Jacobins. Rennes. www.exposition-pinault-rennes.com

« Art is Magic ». rétrospective Jeremy Deller dans trois lieux : le Musée des Beaux-Arts, le Frac Bretagne et la Criée Centre d’art contemporain. Jusqu’au 17 septembre.
 
1) Jeremy Deller, The Battle of Orgreave Archive (An Injury to One is an Injury to All), 2001. Participating former miners on the day of the performance. © Jeremy Deller. Tate Collection Photo : Parisah Taghizadeh. Courtesy de l’artiste ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris 2)  Kiki Kogelnik, Outer Space, 1964, Pinault Collection © Kiki Kogelnik Foundation 3) Tim Noble & Sue Webster, Forever, 2001, Pinault Collection Copyright obligatoire : © Adagp, Paris, 2023 4) Martial Raysse, Belle des nuages, 1965, Pinault Collection Copyright obligatoire : Photo : Aurélien Mole. © Adagp, Paris, 2023 5) Jeremy Deller, The Battle of Orgreave Archive (An Injury to One is an Injury to All), 2001. Participating former miners on the day of the performance. © Jeremy Deller. Tate Collection Photo : Parisah Taghizadeh. Courtesy de l’artiste ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris.
1) Jeremy Deller, The Battle of Orgreave Archive (An Injury to One is an Injury to All), 2001. Participating former miners on the day of the performance. © Jeremy Deller. Tate Collection Photo : Parisah Taghizadeh. Courtesy de l’artiste ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris 2) Kiki Kogelnik, Outer Space, 1964, Pinault Collection © Kiki Kogelnik Foundation 3) Tim Noble & Sue Webster, Forever, 2001, Pinault Collection Copyright obligatoire : © Adagp, Paris, 2023 4) Martial Raysse, Belle des nuages, 1965, Pinault Collection Copyright obligatoire : Photo : Aurélien Mole. © Adagp, Paris, 2023 5) Jeremy Deller, The Battle of Orgreave Archive (An Injury to One is an Injury to All), 2001. Participating former miners on the day of the performance. © Jeremy Deller. Tate Collection Photo : Parisah Taghizadeh. Courtesy de l’artiste ; The Modern Institute / Toby Webster LTD, Glasgow ; Art : Concept, Paris.


09/07/2023





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