
Les ruines de Tikal se trouvent en pleine forêt tropicale. Cet écosystème se compose d’un climat humide et d’une formation végétale arborée, haute te dense © David Raynal.
Il y a deux cents ans, le monde ne savait presque rien des Mayas. La forêt avait repris ses droits sur la plupart de leurs cités, et peu après la conquête espagnole, aux 16e et 17e siècles, les prêtres européens avaient brûlé la quasi-totalité des livres en écorce de figuier laissés par les habitants…
Les majestueuses ruines de Tikal, la plus grande cité antique maya, sommeillaient incognito dans la forêt tropicale du Guatemala près du lac de Petén. Le nom de la localité – Tikal- qui signifie « lieu des voix » lui fut d’ailleurs donné à une époque relativement récente, en raison des cris continuels des animaux sauvages qui montaient du tréfond de sa végétation luxuriante. Des récentes recherches ont cependant révélé que l’endroit s’appelait plutôt Mutul « cheveux noués » au temps des anciens mayas. De nombreux glyphes (signes gravés dans le grès) portant cette inscription ont en effet été retrouvés sur les stèles et les linteaux des monuments de la ville enfouis sous la jungle.
Les majestueuses ruines de Tikal, la plus grande cité antique maya, sommeillaient incognito dans la forêt tropicale du Guatemala près du lac de Petén. Le nom de la localité – Tikal- qui signifie « lieu des voix » lui fut d’ailleurs donné à une époque relativement récente, en raison des cris continuels des animaux sauvages qui montaient du tréfond de sa végétation luxuriante. Des récentes recherches ont cependant révélé que l’endroit s’appelait plutôt Mutul « cheveux noués » au temps des anciens mayas. De nombreux glyphes (signes gravés dans le grès) portant cette inscription ont en effet été retrouvés sur les stèles et les linteaux des monuments de la ville enfouis sous la jungle.
Une cité légendaire

Sur les basses terres tropicales recouvertes de forêts du Guatemala exista, jadis, une agglomération immense, centre d’art et de création de la civilisation des Mayas © David Raynal.
La fondation de Tikal date de l’an 800 avant J.-C., à peu près à la même époque que celle légendaire de Rome (753 av. J.-C.). Un groupe de paysans s’installe et commence alors à prospérer autour de deux lieux qui deviendront plus tard, l’acropole nord et le Monde perdu, un complexe astronomique datant de 500 avant J.-C. Ce peuple « pré-maya » vivait dans des huttes, fabriquait des récipients en terre cuite et des outils en pierre. Il trouvait sur place d’importants gisements de silex, matière première indispensable aux civilisations qui ne connaissaient pas l’usage du métal. C’est au moment où Tikal consolida son pouvoir que commencèrent à être construites les grandes plateformes, sur lesquelles furent bâtis ensuite les édifices monumentaux, avec leurs escaliers inclinés, leurs façades décorées de visages sculptés peints de couleurs vives et leurs tombes voûtées. Les habitants de la cité de Tikal, qui était déjà un centre important du commerce, devaient importer du sel, des poissons et des coquillages, de la pierre volcanique et de la jadéite. En contrepartie, ils exportaient de la belle céramique, des tissus, des plumes, du cacao. Aujourd’hui encore, les visiteurs qui gravissent les escaliers escarpés des pyramides, peuvent contempler en leur sommet le spectacle fabuleux des innombrables crêtes faitières qui émergent de la forêt humide et percent un peu partout au plus loin de l’horizon la cime des grands arbres.
Un gigantisme architectural

Le site de Tikal se compose de plus de trois mille édifices distincts : temple, palais, résidences, autels, bas-reliefs, sépultures et caches contenant des offrandes, qui cohabitent et se superposent sur ce site devenu légendaire © David Raynal.
Le site de Tikal est principalement connu pour son célèbre temple du « Serpent à deux têtes », qui avec ses 65 mètres de haut est la deuxième plus grande pyramide du pays. Il se compose de différentes séries de plates-formes, construites les unes sur les autres. En tout, ce sont plus de trois mille édifices distincts : temple, palais, résidences, autels, bas-reliefs, sépultures et caches contenant des offrandes, qui cohabitent et se superposent sur ce site devenu légendaire. Outre la Grand-Place, les principaux ensembles architecturaux comprenaient à l’ouest le temple III haut de 58 mètres, à l’est le marché et le bain de vapeur, le jeu de balle et plusieurs temples, au sud l’acropole centrale. Les places sont alors toutes entourées de palais utilisés par les prêtres ou les dignitaires de la ville. Ce gigantisme architectural reflète la hiérarchisation progressive de la société. Une organisation caractérisée par une noblesse aspirant à une royauté héréditaire, et une mise en scène cérémoniale, déployant sa munificence dans des grands espaces, conçus pour accueillir une foule nombreuse et diverse.
Voute à encorbellement et céramique polychromée

Pendant la période classique (200-900) a voûte à encorbellement fut utilisée, la céramique polychromée apparut et le style teotihuacàn s’imposa, notamment parmi la noblesse © David Raynal.
La période classique (200-900 ap J.-C.) correspond à l’apogée de la civilisation Maya, au cours de laquelle se perfectionnent de nombreux aspects de sa culture. C’est au début de cette période que furent sculptées un grand nombre de stèles, rendant un culte aux dieux, aux monarques et à leur dynastie. Ces expressions artistiques très nombreuses dans cette partie du Mayab (le territoire maya qui s’étendait sur le sud-est du Mexique, le Guatemala et le Belize), sont une précieuse source d’investigations. Pendant cette période, la voûte à encorbellement fut utilisée, la céramique polychromée apparut et le style teotihuacàn s’imposa, notamment parmi la noblesse. Un pouvoir personnel et centralisé finit par s’imposer et de nombreux conflits se déclenchèrent pour le pouvoir et le contrôle des ressources.
L’influence de Teotihuacàn à Tikal

Des objets retrouvés sur le site soulignent les contacts privilégiés entre Tikal et Teotihuacàn © David Raynal.
Au IVe siècle, Tikal subit l’influence de Teotihuacàn. Située au nord de la vallée de Mexico et distante d’environ 1200 km, cette cité fut la plus puissante du centre du Mexique pendant toute la période classique. Des objets retrouvés sur le site soulignent les contacts privilégiés entre Tikal et Teotihuacàn. Ils se manifestent notamment par des représentations du dieu de la pluie fécondante du Mexique central, Tlaloc, des propulseurs de javelines, ou la présence de l’obsidienne qui n’existe pas en pays maya. A l’époque de son apogée, l’agglomération s’étendait sur 120 km2 et comptait environ 60 000 habitants. A Tikal, ce sont la hauteur exceptionnelle des pyramides qui marque les esprits, dont la plus élevée, celle du temple IV dépasse les 75 mètres. La luxueuse sculpture flamboyante des crêtes faitières et les escaliers particulièrement abrupts attirent naturellement l’attention des voyageurs qui ont parfois l’impression de marcher sur les pas d’Indiana Jones.
De l’apogée au déclin

Entre la fin du IIIe siècle et le début du Xe siècle de notre ère, les constructeurs de Tikal ont littéralement entassé les uns sur les autres temples, palais, escaliers. Les édifices les plus anciens étant enfuis sous les plus récents © David Raynal.
Au cours des IXe et Xe siècles, le pouvoir maya se déplaça plongeant les somptueuses cités du centre et du sud du Mayab dans un inexorable déclin. Tikal ne put échapper à son destin, même si elle avait été à l’époque classique tardive (600- 900 par. J-C.), la cité la plus puissante du territoire. C’est pourtant à cette période que furent construits les plus beaux édifices, les machineries et systèmes hydrauliques les plus complexes, les grandes avenues reliant les différents quartiers de la ville. Tout ce qui constituait en définitive, l’antique cité de Mutul aujourd’hui en grande partie été dévorée par la végétation galopante. Les données archéologiques montrent qu’après l’effondrement de la civilisation classique, des populations non mayas, essayèrent à plusieurs reprises de s’installer dans les ruines ou au moins d’y mener des activités cérémonielles. Ces tentatives n’eurent cependant pas de suite. La grande forêt tropicale reconquit l’espace jadis occupé par les hommes. Les lianes et les racines firent éclater les pierres et il fallut attendre la fin du 19e siècle et les expéditions de savants et d’archéologues britannique, allemand et américains, pour dégager et faire revivre les 16 kilomètres carrés de la zone centrale sur les 63 kilomètres carrés supposés du site.
Les raisons d’une disparition
Tikal, n’a pas subi les destructions par le fer et le feu d’un ennemi, mais le poids écrasant de l’action de la nature et l’abandon. De la même façon, l’extinction mystérieuse de la civilisation maya – que l’archéologue américain Michael D. Coe désigne comme « la plus profonde catastrophe sociale et démographique de toute l’histoire de l’humanité » – n’a pas eu lieu du jour au lendemain. Une combinaison de plusieurs facteurs seraient à l’origine de la disparition progressive des cités mayas d’Uxmal, Palenque, Chichén Itzá, Copán, Calakmul et Tikal, entre les années 800 et 1000. Avec plus de 10 millions de bouches à nourrir, la mise en valeur du territoire forestier et tropical a toujours constitué un véritable défi pour les dirigeants et la population locale. Pour contrer la pauvreté des sols, la technique du milpa est ainsi abondamment employée. Elle consiste à respecter deux à trois ans de culture pour huit à dix ans de jachère. Avec l’augmentation de la démographie, les paysans cessent de respecter ce temps de repos indispensable et augmentent la rotation des cultures. Les terres s’appauvrissent davantage et de manière irréversible. Les rendements deviennent de plus en plus faibles. Les cultivateurs n’ont pas d’autres choix que d’étendre leurs territoires agricoles au détriment de la forêt. Une déforestation massive a accentué l’érosion des sols, voire, dans certaines régions comme le Petén occasionné des glissements de terrains importants. A cela, s’ajoute bientôt des phases de sécheresse extrême à partir des années 800 qui aboutissent parfois à des guerres intestines. Surexploitation des ressources, dérèglement climatique, déforestation et culture intensive du maïs qui atténue la moyenne des précipitations, il n’en fallait pas plus pour que les Mayas soient progressivement rayées de l’histoire amérindienne.
A Tikal, des traces de pollution humaine

Les Mayas de Tikal auraient pour la beauté et la grandeur de leurs temples, contaminé leurs propres ressources jusqu’à les rendre inutilisables © David Raynal.
En ce qui concerne le sort de Tikal, des chercheurs américains ont apporté la preuve dans un article publié en juin 2020 dans la revue Scientific Reports d’une pollution importante de certains réservoirs d’eau potable de l’ancien site maya. Le mercure et les algues identifiés rendaient l’eau du site impropre à la consommation, « Même bouillie, la consommation de cette eau aurait rendu les gens malades » précise dans un communiqué David Lentz, professeur de sciences biologiques à l'UC et auteur principal de l’étude. Au fil des années et à cause des saisons pluvieuses, le mercure qui proviendrait du cinnabre un pigment rouge vif très prisé par les Mayas pour les teintures et l’ornementation des bâtiments, se serait ainsi petit à petit infiltré dans les deux réservoirs principaux du site, pour atteindre jusqu’à 17 fois le seuil de toxicité dans les années 800. Les Mayas de Tikal auraient donc pour la beauté et la grandeur de leurs temples, contaminé leurs propres ressources jusqu’à les rendre inutilisables. A méditer pour l’avenir de la planète…
Pour en savoir plus :
https://visitguatemala.gt
https://paseoguatemala.gt/peten-aventura-en-el-mundo-maya
www.catatourismagency.org
www.visitcentroamerica.com
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Sources bibliographiques :
Les Grandes civilisations disparues, Sélection de Reader’s Digest, 1980, Jacques Soustelle, pages 250 à 255.
Tikal, National Geographic, collection Archéologie, 2018.
Pourquoi la civilisation Maya a-t-elle disparu ? Géo, Valérie Kubiak, 16 octobre 2018.
Il y a 1 000 ans, la pollution aurait provoqué la chute de Tikal, l’immense capitale des Mayas, Ouest-France, Alexandre Chauvel, 30 juin 2020.
Des traces de pollution retrouvées sur l’ancien site maya de Tikal, Sciences et Avenir, Jeanne Bourdier le 02 juillet 2020.
Pourquoi la civilisation maya s'est-elle effondrée ? Ana García Barrios, publication 15 août 2023.
Les Mayas sont-ils morts du changement de climat ? Les Echos, Paul Molga, 14 août 2013.
Tikal, National Geographic, collection Archéologie, 2018.
Pourquoi la civilisation Maya a-t-elle disparu ? Géo, Valérie Kubiak, 16 octobre 2018.
Il y a 1 000 ans, la pollution aurait provoqué la chute de Tikal, l’immense capitale des Mayas, Ouest-France, Alexandre Chauvel, 30 juin 2020.
Des traces de pollution retrouvées sur l’ancien site maya de Tikal, Sciences et Avenir, Jeanne Bourdier le 02 juillet 2020.
Pourquoi la civilisation maya s'est-elle effondrée ? Ana García Barrios, publication 15 août 2023.
Les Mayas sont-ils morts du changement de climat ? Les Echos, Paul Molga, 14 août 2013.