Pays d’Évian-vallée d’Abondance, rien que du bonheur entre lac Léman, hautes vallées et traditions à l’ancienne.

L’ambiance est au calme en ce mois de mai et permet d’apprécier en terrasse les délicieux poissons du lac, perche, omble chevalier ou truite, tout en observant les manœuvres du bateau de passagers qui vogue tranquillement d’une rive à l’autre.

La tradition ancestrale du transport sur le Léman se faisait jadis sur des barques à voiles latines triangulaires, les cochères, qui ont pratiquement disparu aujourd’hui.

Victor Hugo en 1842 décrit ces voiles blanches qui « donnent à la barque la figure d’une mouche qui courrait sur l’eau les ailes dressées » …. Seul un passionné, Pierre-Marie Amiguet et son association les Amis de la cochère, n’avoue pas vaincues ces barques à fond plat de 10 mètres de long sur 3 mètres de large qui animaient le lac en transportant de lourdes charges de bois, pierres, sable, produits maraichers ou laitiers, châtaignes récoltées en forêt.

Pierre-Marie en a fabriqué une belle et il partage sa passion avec les intéressés le temps de quelques sorties sur le lac dès les beaux jours. Sachez néanmoins que le vaste Léman se comporte parfois comme une véritable mer avec des vagues et des tempêtes qui en ont déjà surpris plus d’un.

Autre curiosité de Saint-Gingolph et pas des moindres : la fabrication de “Perles du lac“ qui attirent l’intérêt des médias bien que la fabrication demeure encore assez confidentielle.

Dans son petit atelier côté Suisse Jean Loïc Sello, ancien ingénieur chimiste entouré d’une équipe de bénévoles, ressuscite cet art délicat qui transforme les perles de verre en perles nacrées multicolores. L’histoire des perles de Saint-Gingolph remonte au XVIII^è siècle et au début du siècle dernier 4 ateliers attiraient encore les clientes en villégiature pour le parfait orient de ces perles fabriquées de toutes pièces. Car il ne s’agit en rien de perles fines ou de culture issues de la nacre des coquillages mais de perles de céramique plongées une trentaine de fois dans la nacre extraite des écailles de poisson du lac Léman. La technique a demandé de nombreux essais préalables et il a fallu de l’adresse pour extraire la guanine pure et irisée des écailles pour en faire ces perles précieuses aux éclats nacrés. Et comme ici rien ne se perd, les poissons, délicieux par ailleurs, sont ensuite consommés sur place. Quant aux couleurs, elles varient à l’infini mais ça c’est le secret du joaillier.

Cette petite région du Haut-Chablais à une trentaine de kilomètre du lac Léman s’étend au pied du bassin versant de la Dranse d’Abondance, un paradis verdoyant où se succèdent hameaux et villages de charme.

Le village d’Abondance, labellisé Pays d’art et d’Histoire, en est un premier emblème avec ses coteaux favorables à l’élevage et à l’agriculture sans oublier les sports d’hiver qui s’y pratiquent sur les pentes grimpant jusqu’à des sommets dépassant les 2000 mètres. Les toitures d’ardoise et le clocher à bulbe de son abbaye se détachent dans la verdure du vallon.

Fondée au XI^e siècle par les Chanoines de Saint-Augustin dans un style roman qui évoluera vers le gothique de montagne, elle fut longtemps prospère avant de décliner et fermer en 1761. On admire dans la haute nef les trompe-l’œil de Casimir Vicario et un mobilier liturgique intéressant. Mais c’est le cloître qui révèle ses plus beaux atours sous les arcades en arc brisé.

Onze fresques peintes à la détrempe sur enduit par un atelier piémontais en 1430 représentent le cycle de vie de la Vierge Marie. Restaurées, elles demeurent parmi les plus beaux témoignages de l’art religieux médiéval de Savoie. A l’image de ces Noces de Cana célébrant le premier miracle du Christ qui illustre aussi les coutumes et les décors de l’époque en Savoie.

“Un géoparc mondial UNESCO est un espace territorial présentant un héritage géologique d’importance internationale qui permet de prendre conscience et de trouver les clés pour répondre au contexte géodynamique de la planète“.

L’Unesco en a classé aujourd’hui 169 dans 44 pays du monde dont 5 en France (Haute-Provence, Luberon, Massif des Bauges, Monts d’Ardèche et Chablais). Ces espaces protégés sont en lien avec les patrimoines naturels et culturels des mêmes territoires dans un plan global de protection, d’éducation et de développement durable.

Celui du Chablais a la particularité d’illustrer la formation des Alpes, la diversité des paysages, l’habitat traditionnel, mais aussi la vie en alpage, les produits du terroir, la formation des eaux minérales.

Il comporte 21 sites remarquables aménagés pour l’accès et la visite avec des panneaux explicatifs. Parmi eux, une jolie balade en solitaire ou accompagnés d’un guide du géoparc dans le Marais de Maravant permet de comprendre en une boucle d’une heure le fonctionnement hydraulique du territoire après la fonte du glacier du Rhône et les dépôts rocheux ayant donné naissance aux lacs et zones humides il y a 30 000 ans. Autre balade de charme, celle du lac de montagne des Plagnes au pied d’une combe dominée par des pics impressionnants et très apprécié des pêcheurs. Un sentier permet d’en faire le tour et de grimper dans la forêt jusqu’à la cascade.

En été, la vallée se prête aux balades et aux randonnées à pied ou à vélo en famille.

Côté activités sportives, il y en a pour tous les goûts : via ferrata, escalade, sports d'eaux vives, accrobranche, observation de la faune et de la flore avec un accompagnateur en montagne, pêche en lacs et rivières, parapente... Mais il serait dommage de passer à côté d’une visite de ferme pour déguster les produits locaux. En particulier la Ferme Girad maintes fois récompensée au Salon de l'agriculture de Paris. On y accède de plus par une route en lacets traversant des paysages de rêve ce qui permet d’admirer les plus beaux chalets traditionnels de Haute-Savoie avec leurs fondations en pierre surmontées de parois en bois ornées de balcons sculptés. Si les 45 belles vaches Abondance à la robe auburn et blanche de Samuel et Damien Girard Despraulex ne sont pas encore montées en alpage, vous pourrez les observer de près et découvrir les différentes étapes de fabrication des meules cylindriques à croûte lisse et ambrée de cette Abondance dont la pâte fondante a une saveur fruitée après affinage sur planches d’épicéa. A la Chapelle d’Abondance, la Chèvrerie des Thoules devrait plaire aux enfants qui peuvent approcher les 70 chèvres avant qu’elles ne prennent elles aussi la direction des sommets jusqu’à fin octobre et sous la garde de Gérard, le mari de Caroline. Grâce à cette fermière particulièrement accueillante, il est possible de donner le biberon aux chevreaux, à manger aux chèvres et participer à la fabrication des fromages !

 
Nous en avons choisi deux particulièrement craquantes.

La première s’intitule Un R de Mémises et sa localisation à Thollon-les-Mémises permet un accès à la télécabine qui surplombe le lac Léman dans un panoramique à 1600 mètres d’altitude très apprécié des fanas de parapente. La descente peut d’ailleurs s’effectuer à pied. La récompense vous attend dans cette vieille ferme savoyarde que Sandra et Thomas ont rénovée avec goût et ingéniosité. Originaires de Beaune, la tentation était grande de se constituer une bonne cave et de proposer aux convives des dégustations mets et vins sur des thèmes variés. Et pourquoi pas la découverte des vins de Savoie… Chez Marie-Lydie à la Chapelle d’Abondance on vient se ressourcer en pleine nature dans un grand et vieux chalet alliant tradition et style contemporain. Les menus sur réservation proposent des produits locaux et le hammam et le jacuzzi sont un pur plaisir en fin de journée.