Depuis 1897 « Chez Narcisse » assure le spectacle. ©Bertrand Munier
Le bruit de l’enclume comme fil d’Ariane
Si la ville du Val d’Ajol est célèbre à travers la Gaule et même au-delà des mers et des frontières hexagonales depuis la nuit des temps, grâce à sa divine andouille éponyme et la fabrique de couverts De Buyer, elle doit également sa notoriété grâce à la famille Collot-Grosjean… depuis 1897.
Cette saga familiale est à mettre au crédit d’un jeune haut-saônois venu trouver du travail et l’amour en terre ajolaise à la fin du XIXème siècle. Maréchal-ferrant de son état, Alfred Collot s’installa à l’entrée du village et allumait dès potron-minet le feu dans sa forge surmontée d’un énorme soufflet pour raviver les braises. Quand retentissait l’enclume dans sa boutique, il y avait un va et vient d’amis entre le bruit sourd du marteau et l’odeur de la corne brulée. C’était l’époque des premiers tintements en ce lieu, des verres qui s’entrechoquent ! À ce moment là, il n’aurait jamais imaginé que les arpèges de son marteau et le cliquetis de ses bouteilles allaient résonner avec bienveillance dans le cœur des villageois et des décennies plus tard, dans celui de leurs descendants. Car dans sa bonté quotidienne, Alfred Collot eut l’idée de pouvoir servir à boire à ses clients. Un estaminet de fortune avant l’heure ! Chemin faisant, l’idée fut reprise par son fils Narcisse (1896-1985) et ensuite par son fils Norbert (1934-2015) puis sa petite-fille Stéphanie (1966-2012) et enfin ses arrière-petits-enfants (Arthur, Léonie et Victor).
Si la ville du Val d’Ajol est célèbre à travers la Gaule et même au-delà des mers et des frontières hexagonales depuis la nuit des temps, grâce à sa divine andouille éponyme et la fabrique de couverts De Buyer, elle doit également sa notoriété grâce à la famille Collot-Grosjean… depuis 1897.
Cette saga familiale est à mettre au crédit d’un jeune haut-saônois venu trouver du travail et l’amour en terre ajolaise à la fin du XIXème siècle. Maréchal-ferrant de son état, Alfred Collot s’installa à l’entrée du village et allumait dès potron-minet le feu dans sa forge surmontée d’un énorme soufflet pour raviver les braises. Quand retentissait l’enclume dans sa boutique, il y avait un va et vient d’amis entre le bruit sourd du marteau et l’odeur de la corne brulée. C’était l’époque des premiers tintements en ce lieu, des verres qui s’entrechoquent ! À ce moment là, il n’aurait jamais imaginé que les arpèges de son marteau et le cliquetis de ses bouteilles allaient résonner avec bienveillance dans le cœur des villageois et des décennies plus tard, dans celui de leurs descendants. Car dans sa bonté quotidienne, Alfred Collot eut l’idée de pouvoir servir à boire à ses clients. Un estaminet de fortune avant l’heure ! Chemin faisant, l’idée fut reprise par son fils Narcisse (1896-1985) et ensuite par son fils Norbert (1934-2015) puis sa petite-fille Stéphanie (1966-2012) et enfin ses arrière-petits-enfants (Arthur, Léonie et Victor).
Les trois enfants de la regrettée Stéphanie Collot-Grosjean ont succédé à leur mère aux rênes de l’établissement. De gauche à droite : Victor, Léonie et Arthur. ©Bertrand Munier ; Narcisse Collot… un maréchal-ferrant qui donna son nom à une salle de spectacle éponyme. ©Famille Collot-Grosjean
Ayant grandi dans cette atmosphère conviviale, Narcisse Collot suivit ardemment le sillon parental tout en enjolivant l’annulaire d’une jeune ajolaise (Hélène).
Le cercle familial s’agrandit avec la venue au monde de cinq enfants (Norbert, Hervé, Christiane, Régis et Huguette) sans pour autant déroger au travail de l’aïeul. Toutefois, bien que mère au foyer, Hélène Collot n’était guère encline à poursuivre l’aventure. Épris de son épouse, Narcisse eut l’idée de construire un cinéma pour lui permettre de se divertir. Bien lui en a pris ! « L’Eldo » ouvrit grand ses portes la veille de la Seconde Guerre mondiale (1939) pour perdurer jusqu’en 1969. Mais… ce fut au grand dam du curé local Aubry qui vit ce cinéma « du diable » (sic) comme la main de Satan tendue à ses ouailles. L’évêché fut également mis à contribution. Rien n’y fera ! Debout comme un fantassin, Narcisse Collot fit front face à la curie religieuse vosgienne. Un clergé qui était pourtant en étroite relation avec lui étant donné qu’il était l’ancêtre des pompes funèbres modernes, avec son corbillard drapé de noir, ses cordons du poêle en tenture or, et les chevaux de sa forge. À l’entrée du paradis, cet univers se dénommait « Les Myosotis ».
Le cercle familial s’agrandit avec la venue au monde de cinq enfants (Norbert, Hervé, Christiane, Régis et Huguette) sans pour autant déroger au travail de l’aïeul. Toutefois, bien que mère au foyer, Hélène Collot n’était guère encline à poursuivre l’aventure. Épris de son épouse, Narcisse eut l’idée de construire un cinéma pour lui permettre de se divertir. Bien lui en a pris ! « L’Eldo » ouvrit grand ses portes la veille de la Seconde Guerre mondiale (1939) pour perdurer jusqu’en 1969. Mais… ce fut au grand dam du curé local Aubry qui vit ce cinéma « du diable » (sic) comme la main de Satan tendue à ses ouailles. L’évêché fut également mis à contribution. Rien n’y fera ! Debout comme un fantassin, Narcisse Collot fit front face à la curie religieuse vosgienne. Un clergé qui était pourtant en étroite relation avec lui étant donné qu’il était l’ancêtre des pompes funèbres modernes, avec son corbillard drapé de noir, ses cordons du poêle en tenture or, et les chevaux de sa forge. À l’entrée du paradis, cet univers se dénommait « Les Myosotis ».
« Chez Narcisse » : une salle musicale mais qui se prête une fois par an pour accueillir les agapes de la foire aux andouilles. ©Bertrand Munier
Café, cinéma, bal et salle de spectacle
Les années passèrent. Le clap de fin retentit pour le cinéma laissant place occasionnellement à des spectacles de marionnettes puis à un ersatz de guinguette avant que l’aventure musicale prenne le pas à la fin des années 1980 grâce à la pugnacité d’une jeune fille de 20 ans… Stéphanie Collot.
« Nos parents étaient membres d’une association Rock Live et comme leurs amis allaient en boîte de nuit le samedi, confient à l’unisson les trois enfants de Stéphanie. Ce n’était pas vraiment leur crédo. Aussi, pour être plus en adéquation avec leurs idées nocturnes, ils décidèrent d’organiser des concerts au Val d’Ajol dans une salle pratiquement en déshérence. C’était à la fois un challenge pour eux et un passe-temps pour divertir les habitants de la contrée. »
Au final, la chenille s’est transformée en papillon et prit son envol en déployant toutes grandes ses ailes. Initialement, les concerts avaient lieu le samedi soir avant d’être rapidement déplacés au dimanche avec souvent des artistes en devenir en avant-première.
« Attention, souligne à nouveau les enfants de Stéphanie Collot-Grosjean, nous ne programmons que six concerts par an pour garder l’aspect évènements de nos rencontres, et ce, uniquement d’octobre à mai. L’été, nous sommes axés sur une programmation de concerts terrasse avec le bar qui se prête parfaitement à l’esprit communicatif et indépendant de Chez Narcisse. »
Les années passèrent. Le clap de fin retentit pour le cinéma laissant place occasionnellement à des spectacles de marionnettes puis à un ersatz de guinguette avant que l’aventure musicale prenne le pas à la fin des années 1980 grâce à la pugnacité d’une jeune fille de 20 ans… Stéphanie Collot.
« Nos parents étaient membres d’une association Rock Live et comme leurs amis allaient en boîte de nuit le samedi, confient à l’unisson les trois enfants de Stéphanie. Ce n’était pas vraiment leur crédo. Aussi, pour être plus en adéquation avec leurs idées nocturnes, ils décidèrent d’organiser des concerts au Val d’Ajol dans une salle pratiquement en déshérence. C’était à la fois un challenge pour eux et un passe-temps pour divertir les habitants de la contrée. »
Au final, la chenille s’est transformée en papillon et prit son envol en déployant toutes grandes ses ailes. Initialement, les concerts avaient lieu le samedi soir avant d’être rapidement déplacés au dimanche avec souvent des artistes en devenir en avant-première.
« Attention, souligne à nouveau les enfants de Stéphanie Collot-Grosjean, nous ne programmons que six concerts par an pour garder l’aspect évènements de nos rencontres, et ce, uniquement d’octobre à mai. L’été, nous sommes axés sur une programmation de concerts terrasse avec le bar qui se prête parfaitement à l’esprit communicatif et indépendant de Chez Narcisse. »
Le groupe de country-folk Dalton Telegramme, composé de quatre musiciens francophones originaires de Liège en Belgique, fut lauréat du festival Génération Réservoir 2016. Pour l’occasion, il succéda dans ce palmarès à la chanteuses Zaz. Il se produisait ce dernier dimanche de Pâques « Chez Narcisse ». ©Bertrand Munier; Ambiance garantie « Chez Narcisse ». ©Bertrand Munier ;Le bar, qui est ouvert toute l’année du vendredi au dimanche, est une institution au Val d’Ajol. ©Bertrand Munier
Des concerts exceptionnels
Ils ont été légions les groupes à se succéder sur la scène ajolaise depuis 1988 et le premier d’entre eux… Les Shériff. Les murs ont tremblé au passage des Wampas, Garçons Bouchers, Cadavres, d’Elmer Food Beat, des Caméléons, de Lofofara, du Bal des Enragés… et dernièrement de Rachid Taha avant le passage des Soviet Suprem (15 mai 2016).
En péroraison, depuis l’ouverture des portes de « Chez Narcisse » dans cette configuration musicale printemps-été-automne, il est recensé près de 1 000 concerts sur le Livre d’Or de la famille Collot-Grosjean. Un opuscule où sont inscrits, en lettres majuscules, les noms d’Alfred (le pionnier), Narcisse, Norbert et bien entendu celui de Stéphanie, l’âme des lieux disparue prématurément à l’âge de 45 ans… laissant derrière elle un père éploré (qui décéda quatre ans après) et trois enfants qui surmonteront leur immense chagrin pour que « Chez Narcisse » scintille encore de mille feux au Val d’Ajol et bien au-delà.
Ils ont été légions les groupes à se succéder sur la scène ajolaise depuis 1988 et le premier d’entre eux… Les Shériff. Les murs ont tremblé au passage des Wampas, Garçons Bouchers, Cadavres, d’Elmer Food Beat, des Caméléons, de Lofofara, du Bal des Enragés… et dernièrement de Rachid Taha avant le passage des Soviet Suprem (15 mai 2016).
En péroraison, depuis l’ouverture des portes de « Chez Narcisse » dans cette configuration musicale printemps-été-automne, il est recensé près de 1 000 concerts sur le Livre d’Or de la famille Collot-Grosjean. Un opuscule où sont inscrits, en lettres majuscules, les noms d’Alfred (le pionnier), Narcisse, Norbert et bien entendu celui de Stéphanie, l’âme des lieux disparue prématurément à l’âge de 45 ans… laissant derrière elle un père éploré (qui décéda quatre ans après) et trois enfants qui surmonteront leur immense chagrin pour que « Chez Narcisse » scintille encore de mille feux au Val d’Ajol et bien au-delà.
Rachid Taha enflamma dernièrement « Chez Narcisse ». ©Bertrand Munier ; ) Six concerts sont programmés chaque année d’octobre à mai. ©Bertrand Munier
Cette aventure humaine, mâtinée de savoir-faire, de liberté d’indépendance (aucune subvention), trouvera son apogée du 23 octobre prochain au 7 mai 2017, lors d’une programmation exceptionnelle pour fêter comme il se doit les 120 ans de « Chez Narcisse ».
Bertrand Munier
Bertrand Munier
Le logo de l’établissement en mémoire de Narcisse Collot. ©Bertrand Munier; Suite à un pari osé pour son époque, Narcisse Collot fut un précurseur avant l’heure avec sa coupe de cheveux. ©Famille Collot
Plus d'infos
« Chez Narcisse »
Bar ouvert
du vendredi soir au dimanche soir
9 rue du Devau
88340 Le Val d’Ajol
Tél : 03 29 66 53 59
Tél : 06 76 91 99 86
Site: http://cheznarcisse.com
Facebook : Facebook
« Chez Narcisse »
Bar ouvert
du vendredi soir au dimanche soir
9 rue du Devau
88340 Le Val d’Ajol
Tél : 03 29 66 53 59
Tél : 06 76 91 99 86
Site: http://cheznarcisse.com
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