Un prêtre d'origine irlandaise, Tim Farley, jouit du respect et de l’amitié de ses paroissiens qu’il sait sermonner en douceur le dimanche. Ceci lui vaut même quantité de petits cadeaux liés à sa tendance pour les boissons fortes : les fidèles lui passent ses faiblesses… Arrive un jeune séminariste promis au diaconat, nourri des idées de son temps, dont l’ardeur va nourrir le débat de la pièce. « Un choc rude mais salutaire qui conduit chacun à trouver ou retrouver sa voie grâce à l’autre », annote Jean Piat. Car ce jeune Mark Dolson débouche dans le quotidien tranquille du prêtre avec une vitalité peu soucieuse des formes, rejetant toute hypocrisie sociale ou morale et refusant de revenir sur ses convictions. Censé recevoir une formation, au prêche en particulier, il se lance dans un sermon qui fait pâlir Tim Farley. En substance, il faudrait, entre autres, que les femmes puissent exercer le sacerdoce. Le prêtre est d’abord rétif à ses propos, cherchant à corriger ses écarts de langage, à dédramatiser l’intensité de ses propos. Mais peu à peu, un dialogue plus ouvert se fait jour de part et d’autre, faisant aussi place à l’amitié. Pour l’Eglise les choses ne sont pas pareil : il y a des limites à ne pas dépasser. L’aveu à l’évêque de sa vie antérieure de prostitué lui restera en travers de la gorge…
de gauche à droite : Le décor de Stéfanie Jarre est épuré ; Des trouvailles aussi, comme ce mur, qui devient bar de haut en bas alignant une collection de bouteilles de whisky, derrière le comédien Francis Huster (photos Lot)
Le décor de Stéfanie Jarre est épuré. Un peu trop peut-être : de la chaire au bureau du père Tim Farley, avec des entrées régulières du séminariste annoncées par la voix de la gouvernante. Sur la table, un téléphone introduit habilement d’autres personnages absents du plateau, dont l’évêque, représentant la hiérarchie et la nécessaire soumission à la tradition. Des trouvailles aussi, comme ce mur qui devient bar de haut en bas alignant une collection de bouteilles de whisky où se réfugie Tim Farley quand il ne sait plus où donner de la tête. Effet immédiat dans la salle…
Affiche du spectacle qui se déroule jusqu'au 30 décembre 2013 au Théâtre Rive Gauche à Paris.
Les deux comédiens enchaînent avec brio les répliques ponctuées par les blagues de Mark Dolson dont les effets d’humour réjouissent le public. On rit de bon cœur durant ce débat où s’intercalent quelques chansons anglo-saxonnes des années soixante-dix pour alléger le tout. A côté des questions liées aux raideurs du catholicisme, le débat touche plus en finesse sur la question de la foi et de la vocation. Il parle du dilemme difficile à résoudre aussi entre l’acceptation de la tradition et la liberté dans l’expression de ses convictions. Deux dimensions qui ne font toujours pas bon ménage… Davy Sardou, encore peu vu au théâtre, est surprenant dans ce rôle un peu fou, maniant les idées et les sentiments avec finesse, fougue et émotion. Une prestation parfaite dans la nuance et la richesse de la palette. Et un spectacle sympathique et tonique.
Catherine Gary
Théâtre Rive-Gauche
L'Affrontement
Une pièce de Bill C. Davis dans une mise en scène de Steve Suissa avec Francis Huster et Davy Sardou.
Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30 (01 43 35 32 31). Durée 1h40.
Jusqu'au 30 Décembre 2013
Le texte est publié par L'Avant-scène théâtre en vente au théâtre.
www.theatre-rive-gauche.com/
Catherine Gary
Théâtre Rive-Gauche
L'Affrontement
Une pièce de Bill C. Davis dans une mise en scène de Steve Suissa avec Francis Huster et Davy Sardou.
Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30 (01 43 35 32 31). Durée 1h40.
Jusqu'au 30 Décembre 2013
Le texte est publié par L'Avant-scène théâtre en vente au théâtre.
www.theatre-rive-gauche.com/
L'Affrontement.Une pièce de Bill C. Davis dans une mise en scène de Steve Suissa avec Francis Huster et Davy Sardou (Photo Lot).