lindigo-mag.com
lindigomagcom
lindigomagcom
L’Indigo, e-magazine du tourisme. Un regard différent, original et inédit sur les Voyages.
Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager cet article
Culture

I Muvrini : De la Corse à l’universel

En ce début de printemps, le groupe corse I Muvrini (les petits mouflons) est de retour avec un nouvel album intitulé « Invicta », invaincue, musique pour la non-violence. De Bastia à Brest en passant par la salle parisienne de l’Olympia vendredi 03 avril, Jean-François Bernardini, nous raconte l’histoire de cette dernière création.

Propos recueillis par David Raynal



" Invicta, c’est l’âme, la conscience, invaincue, insoumise, la planète aussi. " .  « Invicta », invaincue, musique pour la non-violence.
" Invicta, c’est l’âme, la conscience, invaincue, insoumise, la planète aussi. " . « Invicta », invaincue, musique pour la non-violence.
L’Indigo-mag : Invicta, invaincue au féminin, que signifie le titre de votre dernier album ?

Jean-François Bernardini : Invicta, c’est peut-être la déclinaison au féminin d’Invictus, ce poème qui a tenu debout Nelson Mandela pendant ses années de prison : « Je suis le maitre de mon destin, je suis le capitaine de mon âme ».  Invicta, c’est l’âme, la conscience, invaincue, insoumise, la planète aussi. Dans ce monde où les âmes sont malnutries, vides, en souffrance, on peut aboutir à des gestes ultimes comme celui de prendre une kalachnikov et de tirer sur des innocents. Le propre de la musique et des artistes est de nourrir les âmes, de donner à chacun une espèce de boussole et une force intérieure. Invicta, c’est un peu cet esprit-là, illustré par nos chansons.

I Muvrini : de gauche à droite : Alain Bernardini, Stéphane Mangiantini et le leader du groupe Jean-François Bernardini (Crédit photo DR)
I Muvrini : de gauche à droite : Alain Bernardini, Stéphane Mangiantini et le leader du groupe Jean-François Bernardini (Crédit photo DR)
I.M. : Les albums d’I Muvrini racontent toujours une histoire. Qu’évoque cette fois-ci Invicta ?


J.F.B. : Cet album raconte comment nous pouvons résister par la beauté à un monde qui nous inflige des fessées de vulgarité, de superficialité, d’égoïsme ou de consumérisme. Invicta souligne combien nous sommes parfois capables du meilleur face à l’adversité. C’est vrai, qu’avec ce meilleur-là, vous n’êtes pas forcément dans les radars médiatiques. Et pourtant la chanson O Ismà, qui revient sur l’histoire de cet enfant palestinien tué par l’armée israélienne et dont les parents ont donné les organes, sauvant cinq vies du côté israélien est une réalité. Ce paysan corse qui dit : hé mec tu ne comprends pas ce qui nous arrive avec le réchauffement climatique, ce n’est plus une hypothèse.  Aujourd’hui, nous sommes dans un monde où il faut inverser la pensée. Ce ne sont plus des consignes ou des ordres qui viennent d’en haut pour une base qui obéit. C’est le contraire. La planète est une ruche, d’idées, d’alternatives.  Nous ne pouvons plus être séparés. Etre Corse n’est pas suffisant. Le propre d’Invicta est de ne pas laisser nos consciences au repos.

Vue sur Erbalunga (Corse) - ( Crédit photo David Raynal)
Vue sur Erbalunga (Corse) - ( Crédit photo David Raynal)
I.M. : En parallèle de la musique, quel est le sens de votre engagement auprès de votre association AFC Umani qui organise notamment des formations sur la non-violence ?

J.F.B. : Il y a 12 ans, nous avons lancé ce projet et il est devenu plus grand que nous l’imaginions. Aujourd’hui, il est partagé par 4000 citoyens européens. Ce n’est pas une fondation qui est montée par un grand mécène, une banque ou une assurance. Ce sont de simples citoyens qui versent en moyenne 20, 50 ou 100 euros dans la transparence et la confiance. Nous nous occupons de soutenir des gens qui luttent contre le travail esclave au Brésil. Nous donnons des bourses à des étudiants amazoniens qui vont suivre des cours en Equateur. Nous avons également créé le programme « deviens guide composteur » parce que le traitement des déchets est souvent catastrophique. La Corse pose depuis des décennies des questions qui deviennent désormais planétaires comme le lien à la terre. J’ai vu par exemple des hommes prendre soin des arbres et des rivières comme on prend soin d’un être cher. Ce n’est pas un hasard si en Corse nous avons initié près de 2 % de la population à la non-violence. La violence dans les stades n’est excusable ni à Bastia ni ailleurs et nous agissons aussi  sur le continent avec l’AS Saint-Etienne via Jean-Michel Larqué pour la formation des cadres de l’équipe.

Jean-François Bernardini, leader du célèbre groupe corse I Muvrini ( Crédit photo D.R.)
Jean-François Bernardini, leader du célèbre groupe corse I Muvrini ( Crédit photo D.R.)
I.M. :  En chantant en français sur le titre « Celle que tu crois »  pensez-vous que le combat pour la langue corse soit aujourd’hui moins urgent ?


J.F.B. : Pas vraiment. Je parle cinq langues et je suis toujours frustré de ne pas en connaître davantage. Je suis un fervent défenseur du bilinguisme précoce que j’ai eu la chance de pratiquer dès l’âge de 5 ans. Cela vous ouvre très tôt deux fenêtres sur le monde. Aujourd’hui je constate que mon petit garçon n’y a plus naturellement accès. Je crois que c’est un appauvrissement, une amputation.

Aujourd’hui en Corse, est en train de s’achever un génocide linguistique qui a été sciemment programmé. Si la langue n’est plus interdite et est plus ou moins enseignée, les conséquences de son interdiction se font encore cruellement sentir. Je crois que la France serait encore plus grande et plus belle si elle prenait conscience qu’elle est elle aussi une minorité traversée par des diversités linguistiques qui l’augmentent et qui l’enrichissent, plutôt que de la diminuer et de l’affaiblir. 

Façade de l'Olympia où doit se dérouler vendredi 3 avril 2015 le concert du groupe corse I Muvrini (Crédit photo DR)
Façade de l'Olympia où doit se dérouler vendredi 3 avril 2015 le concert du groupe corse I Muvrini (Crédit photo DR)
I.M. : Comment vous préparez-vous pour l’Olympia du 3 avril et toutes les dates de la tournée à venir ? 

J.F.B. : Je crois que pour la première fois dans l’histoire de l’Olympia, il y aura sur le fronton en lettres rouges, I Muvrini, mais aussi Music for non-violence. La non-violence n’est pas sur la place publique en France. Ce soir-là, il y aura aussi le petit bus de Yazid Kherfi, un ancien délinquant qui fait un travail formidable dans les quartiers de banlieue parisienne. C’est une manière de préparer différemment l’Olympia. Nous sommes sur scène pratiquement tous les soirs. Le concert est dans nos têtes et tous les jours on s’y prépare mieux. De nouveaux titres, avec la transposition en corse du célèbre Bensonhurst Blues, une mise en scène différente, de nouvelles images, un peu d’humour, de la poésie, la volonté de faire chanter les gens.


C’est toute cette alchimie que nous essayons de bien construire avec le groupe, le bassiste africain César Anot, mon frère Alain, Stéphane Mangiantini la chanteuse tsigane Délia Romanès. L’Olympia sera notre première date parisienne avant    des dizaines de dates en Corse et dans toute la France pour cette tournée qui durera de 2015 à 2016.  D.R.

Plus d'infos

Annonce du concert "Invicta" du groupe I Muvrini (Crédit photo DR)
Annonce du concert "Invicta" du groupe I Muvrini (Crédit photo DR)
I Muvrini
En concert 
A L'Olympia



Le vendredi 3 Avril 2015







28 Boulevard des Capucines,
75009 Paris
Tél : 0 892 68 33 68

 

I Muvrini en quelques dates :

(Crédit photo David Raynal)
(Crédit photo David Raynal)

1979 : sortie du premier disque, Ti Ringrazianu, qui rend hommage au père d’Alain et de Jean-François Bernardini, Ghjuliu, disparu deux ans plus tôt.
1988 : "Pé l'amore di té", l'album se vend à plus de 300.000 exemplaires.
1990 : participation à un album de Jacques Dutronc sur "Corsica"
1995 : l’album Curiagiu est disque d’or
1997 : Victoire de la Musique du meilleur album de musique traditionnelle
1998 : l’album "Leia" (liens), enregistré en partie à Londres renferme un duo anglo-corse avec le chanteur Sting ("Fields of Gold").
2005 : sortie de l’album "Alma" qui est le fruit d'une rencontre entre Jean-François et Alain Bernardini et le bassiste ivoirien César Anot. Les polyphonies corses d'I Muvrini dialoguent avec des chœurs zoulous d'Afrique du Sud.
30 mars 2015 : sortie de l’album Invicta, Music for non-violence


http://www.muvrini.com

 

Les deux frères Alain et Jean-François Bernardini du groupe I Muvrini posant devant l'un des somptueux paysages Corse (Crédit photo DR)
Les deux frères Alain et Jean-François Bernardini du groupe I Muvrini posant devant l'un des somptueux paysages Corse (Crédit photo DR)


01/04/2015
David Raynal





Nouveau commentaire :
Twitter


Dans la même rubrique :
< >