La Gacilly, le festival célèbre l’Orient
« Visions d’Orient » met en lumière les photographes « résistants » d’Iran, d’Afghanistan et du Pakistan. @Festival Photo La Gacilly
Voici près de vingt ans, en 2004, passionnés de nature et de photo se pressaient au premier Festival de La Gacilly. Ce sont désormais 310 000 visiteurs annuels qui découvrent les joies de cette expérience immersive et déambulatoire. Cette superbe galerie à ciel ouvert présente ainsi en grand format, certaines toiles avoisinent parfois 70 mètres carrés, le meilleur de la création photo contemporaine. Jardins et venelles de ce village d’artistes et d’artisans offrent un écrin parfait aux plus de 1000 images
L’édition 2022 s’articule autour de deux thématiques principales : Visions d’Orient et le Monde de Demain.
Fatimah Hosseini lors de la conférence de presse @ F. Surcouf; Photo de Fatima Hossaini @Festival Photo La Gacilly
« Visions d’Orient » met en lumière, en ces temps particulièrement troublés où cette partie du monde sombre souvent dans l’obscurité, les photographes « résistants » d’Iran, d’Afghanistan et du Pakistan. Parmi eux notamment des femmes, comme Maryam Firuzi, née en 1986.
Cette talentueuse réalisatrice iranienne, n’avait pas prévu de devenir photographe mais, comme elle se plait à le dire « Je suis convaincue que tous les médiums sont liés les uns avec les autres. Ma pratique est influencée par toutes ces formes d’art de différentes manières ». Dans ses séries, elle explore l’Iran actuel. Un univers dans lequel la place de la femme est de facto complexe. Elle réfléchit sur la notion de l’héritage, sur le port du voile et les cheveux… Et d’expliquer:
« Dans mon pays où le genre est un sujet sensible, dans toutes les strates de la société, est-il possible de ne pas penser à son statut de femme dans ma pratique ? La présence du genre est tellement importante que j’ai parfois peur d’être « forcée » à penser comme une femme, à créer des œuvres qui ne touchent que les femmes ».
Cette talentueuse réalisatrice iranienne, n’avait pas prévu de devenir photographe mais, comme elle se plait à le dire « Je suis convaincue que tous les médiums sont liés les uns avec les autres. Ma pratique est influencée par toutes ces formes d’art de différentes manières ». Dans ses séries, elle explore l’Iran actuel. Un univers dans lequel la place de la femme est de facto complexe. Elle réfléchit sur la notion de l’héritage, sur le port du voile et les cheveux… Et d’expliquer:
« Dans mon pays où le genre est un sujet sensible, dans toutes les strates de la société, est-il possible de ne pas penser à son statut de femme dans ma pratique ? La présence du genre est tellement importante que j’ai parfois peur d’être « forcée » à penser comme une femme, à créer des œuvres qui ne touchent que les femmes ».
L'une des oeuvres de Fatimah Hosseini @F. Surcouf
1/ Paul Almasy Ecole de musique de Kaboul , @Visions d'Orient à La Gacilly.
Outre ce travail particulièrement attachant, le Festival rend aussi hommage à celui du grand photographe iranien défunt Abbas, particulièrement connu pour son regard sur la Révolution de 1979.
Parmi les autres invités, l’iranienne Gohar Dashti. Elle explore les réalités d’une vie qui continue malgré la guerre avec l’Irak, Ebrahim Noroozi, Hachem Shakeri, Paul Almasy, Véronique de Viguerie et leurs images afghanes, Shah Marai, Wakil Kohsar, Sarah Caron et notre « coup de cœur » les portraits féminins de Fatimah Hosseini. Contrainte de quitter son pays, cette talentueuse artiste de 28 ans, a trouvé refuge en France, n’emportant dans sa fuite que les précieuses photographies qu’elle a réalisées et qui rendent un vibrant hommage à la beauté unique des femmes afghanes, lesquelles ont rarement l’occasion de s’exprimer librement. Les femmes ici célébrées, Pachtounes, Tadjiks, Hazaras, Qizilbashs ou Ouzbeks, incarnent autant la féminité que l’espoir...
Parmi les autres invités, l’iranienne Gohar Dashti. Elle explore les réalités d’une vie qui continue malgré la guerre avec l’Irak, Ebrahim Noroozi, Hachem Shakeri, Paul Almasy, Véronique de Viguerie et leurs images afghanes, Shah Marai, Wakil Kohsar, Sarah Caron et notre « coup de cœur » les portraits féminins de Fatimah Hosseini. Contrainte de quitter son pays, cette talentueuse artiste de 28 ans, a trouvé refuge en France, n’emportant dans sa fuite que les précieuses photographies qu’elle a réalisées et qui rendent un vibrant hommage à la beauté unique des femmes afghanes, lesquelles ont rarement l’occasion de s’exprimer librement. Les femmes ici célébrées, Pachtounes, Tadjiks, Hazaras, Qizilbashs ou Ouzbeks, incarnent autant la féminité que l’espoir...
Maryam Firuzi - Lecture pour les rues de Teheran @ @Visions d'Orient à La Gacilly
« Il ne sert à rien à l’homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la terre ». François Mauriac
Mélanie Wenger • Au coeur du plus grand sanctuaire français @@Visions d'Orient à La Gacilly
Le festival 2022 poursuit son travail de longue haleine pour la préservation de l’environnement.
Parmi les nombreuses expositions présentées cette année dans le cadre de cette vocation affirmée de conjuguer art et écologie, la plus impressionnante est peut-être celle de Mélanie Wenger au cœur du plus grand sanctuaire français aux îles Kerguelen.
Découvertes il y a 250 ans cette année, les îles australes composées des deux archipels Kerguelen et Crozet et des deux îles de Saint-Paul et Amsterdam constituent la plus grande réserve naturelle de notre pays et – bientôt – la plus grande aire marine protégée du monde avec une surface sanctuarisée de plus d’1,6 millions de kilomètres carrés.
Surgissant au sud de l’océan Indien, dans les célèbres latitudes des 40èmes rugissants, ces îles abritent des écosystèmes uniques au monde. Un voyage aux frontières d’une nature encore préservée… Jusqu’à quand ?
F.Surcouf
Plus d'infos
Affiche de l'exposition @ DR
Visions d’Orient – Festival Photo La Gacilly
Jusqu’au 30 septembre.
" Visions d’Orient " met en lumière, les photographes « résistants » d’Iran, d’Afghanistan et du Pakistan. Parmi eux notamment des femmes, comme Maryam Firuzi, née en 1986.
https://www.festivalphoto-lagacilly.com
Estampe Se Torno Pasolini Assassine Matera 2015©Ernest Pignon-Ernest ©Adagp2022 ©FHEL_202
Ernest Pignon-Ernest : Murs, murs…
L'artiste lors de la présentation @F. Surcouf; PIGNON-ERNEST © Adagp, Paris, 2022 Photo Nathalie Savale © FHEL, 2022
Deuxième volet de nos expositions estivales, le Fonds Hélène et Edouard Leclerc de Landerneau rend hommage à un contemporain incontournable. Ce sont cinquante années d’un travail novateur et engagé que présente aujourd’hui Ernest Pignon-Ernest au Fonds Hélène et Edouard Leclerc (FHEL) de Landerneau.
Pionnier et initiateur de l’art urbain en France,cet artiste curieux de tout et, particulièrement des remous et agitations de son époque, témoin privilégié des mutations du temps, s’est fait connaitre par de célèbres interventions dans l’espace public. Qui n’a en tête son superbe crayonné charbonneux mettant en scène Arthur Rimbaud ou ses douloureux portraits de Pasolini, le poète assassiné ? Deux figures d’aventuriers de l’âme qui sont au cœur de l’œuvre de Pignon-Ernest.
Généreux et prolifique, ce dernier présente à Landerneau ses installations, ses dessins, ses photographies, toutes étapes de son processus créatif. Plus de trois cents œuvres sont ainsi offertes au regard du public. Elles témoignent de l’intense puissance créative d’un grand artiste, toujours alerté par l’état du réel.
Pionnier et initiateur de l’art urbain en France,cet artiste curieux de tout et, particulièrement des remous et agitations de son époque, témoin privilégié des mutations du temps, s’est fait connaitre par de célèbres interventions dans l’espace public. Qui n’a en tête son superbe crayonné charbonneux mettant en scène Arthur Rimbaud ou ses douloureux portraits de Pasolini, le poète assassiné ? Deux figures d’aventuriers de l’âme qui sont au cœur de l’œuvre de Pignon-Ernest.
Généreux et prolifique, ce dernier présente à Landerneau ses installations, ses dessins, ses photographies, toutes étapes de son processus créatif. Plus de trois cents œuvres sont ainsi offertes au regard du public. Elles témoignent de l’intense puissance créative d’un grand artiste, toujours alerté par l’état du réel.
E. Pignon- Ernest au FHEL @. F. Surcouf
Né à Nice en pleine Seconde Guerre mondiale, Ernest Pignon-Ernest s’est très vite engagé politiquement dans sa vie comme dans son travail.
Dès les années 70, dans ses premières oeuvres, il dénonce la guerre d’Algérie, l’apartheid en Afrique du Sud, la situation des immigrants en Europe… En 1974, révolté par la décision du conseil municipal de sa ville, d’un jumelage avec le Cap en Afrique du Sud, alors capitale de l’apartheid, il colle sur les murs de la cité des centaines d’images d’une famille noire parquée derrière des barbelés. En 1975 il s’engage au côté du MLF pour dénoncer la campagne réactionnaire dont fait l’objet le projet de loi pro-IVG, alors débattu et soutenu à l’Assemblée nationale par Simone Veil en détournant le slogan « l’avortement tue » et en le remplaçant par un « oui l’avortement tue, mais d’abord des femmes ! » illustré par la terrible image d’une femme nue agonisant après la boucherie d’un passage chez la « faiseuse d’anges ». Terrible réalité dont d’aucuns néanmoins refusent l’affreux constat.
Dès les années 70, dans ses premières oeuvres, il dénonce la guerre d’Algérie, l’apartheid en Afrique du Sud, la situation des immigrants en Europe… En 1974, révolté par la décision du conseil municipal de sa ville, d’un jumelage avec le Cap en Afrique du Sud, alors capitale de l’apartheid, il colle sur les murs de la cité des centaines d’images d’une famille noire parquée derrière des barbelés. En 1975 il s’engage au côté du MLF pour dénoncer la campagne réactionnaire dont fait l’objet le projet de loi pro-IVG, alors débattu et soutenu à l’Assemblée nationale par Simone Veil en détournant le slogan « l’avortement tue » et en le remplaçant par un « oui l’avortement tue, mais d’abord des femmes ! » illustré par la terrible image d’une femme nue agonisant après la boucherie d’un passage chez la « faiseuse d’anges ». Terrible réalité dont d’aucuns néanmoins refusent l’affreux constat.
Etudes pour Victor Segalen 2022 ©Ernest Pignon-Ernest ©Adagp 2022 ©FHEL 2022
Itinéraire d’un artiste engagé
1/ Etude @F.Surcouf; 2/Artaud 1997 ©Ernest Pignon-Ernest ©Adagp 2022 ©FHEL 2022; 3/ Rimbaud 1978 ©Ernest Pignon-Ernest ©Adagp 2022 ©FHEL 2022
A 24 ans, en 1966, cet admirateur de Picasso, du Greco, de Francis Bacon, s’installe dans un petit atelier vauclusois et rêve de peinture.
Apprenant l’installation prochaine d’un arsenal atomique à deux pas de son paradis provençal, il entreprend de dénoncer les effets pervers de l’atome créant un pochoir qui reprend la silhouette d’un homme calciné par l’éclair de feu d’Hiroshima. Il empreinte ensuite le motif sur les murs des maisons voisines et sur les pierres alentour.Dès lors, il reproduits en sérigraphie et colle sur les murs des villes, tout autour du monde, ses représentations humaines grandeur nature réalisées au fusain, à la pierre noire et à la gomme. Entre 1988 et 1995, il travaille à Naples, dont l’histoire dramatique figure un matériau idéal pour ses interventions. La plupart de ses œuvres de l’époque se déploient autour du thème de la mort et s'inspirent en particulier de Caravage et de ses successeurs. Il colle ses dessins le plus souvent la nuit ce qui permet la découverte de l'œuvre le lendemain.
Apprenant l’installation prochaine d’un arsenal atomique à deux pas de son paradis provençal, il entreprend de dénoncer les effets pervers de l’atome créant un pochoir qui reprend la silhouette d’un homme calciné par l’éclair de feu d’Hiroshima. Il empreinte ensuite le motif sur les murs des maisons voisines et sur les pierres alentour.Dès lors, il reproduits en sérigraphie et colle sur les murs des villes, tout autour du monde, ses représentations humaines grandeur nature réalisées au fusain, à la pierre noire et à la gomme. Entre 1988 et 1995, il travaille à Naples, dont l’histoire dramatique figure un matériau idéal pour ses interventions. La plupart de ses œuvres de l’époque se déploient autour du thème de la mort et s'inspirent en particulier de Caravage et de ses successeurs. Il colle ses dessins le plus souvent la nuit ce qui permet la découverte de l'œuvre le lendemain.
Son art est toujours conçu en fonction d’un lieu unique. « L'oeuvre, c'est la rue elle-même » affirme l’artiste « Avec son histoire et sa mémoire enfouie ».
Un travail éphémère donc, mais dont l’artiste garde croquis, travaux préparatoires, et photographies in situ. C’est donc tout ce travail que présente aujourd’hui le FHEL. Créateur complexe, longtemps peu reconnu des institutions, Ernest Pignon-Ernest a su créer des images qui se sont définitivement imprimées dans notre imaginaire. Une exposition vivante et passionnante à voir absolument.
F.Surcouf
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Affiche de l'exposition @ DR
Exposition Ernest Pignon-Ernest
Jusqu’au 15 janvier. FHEL. Landerneau.
Cinquante années d’un travail novateur et engagé que présente aujourd’hui Ernest Pignon-Ernest au Fonds Hélène et Edouard Leclerc (FHEL) de Landerneau.
https://www.fonds-culturel-leclerc.fr