Andalousie au naturel, le soleil au zénith

Des villages à la blancheur immaculée, des palais mauresques et des jardins enchantés, des cathédrales sublimes, tant de forteresses médiévales protégeant de leurs tours crénelées des oliveraies sans fin : l’Andalousie brille depuis longtemps d’un patrimoine façonné par l’Histoire.

Mais pareils trésors ne sauraient éluder une autre ressource-clé forgée depuis la nuit des temps, méconnue parfois dans ses expressions souvent insolites, pourtant aptes à satisfaire bien des curiosités, susciter bien des plaisirs, générer bien des émotions : la nature tout simplement. En la matière, au naturel donc, l’Andalousie sait aussi être généreuse.

Tout au nord de la communauté autonome aux huit provinces, à Baños de la Encina, jolie bourgade dominée par un des 400 châteaux médiévaux florissant dans « cette région frontière », l’invite est aussi active qu’insolite. A pied ou en kayak, la balade le long de l’ancienne rivière Rumblar, devenue lac de barrage, vous mène sans trop d’efforts à l’âge du… bronze. Bienvenue à Peñalosa, pour un flash-back de près de 4000 ans. Structuré en trois terrasses, ce site argarique doit son opulence passée à l’exploitation de filons miniers, du cuivre notamment, et à la production métallurgique. Le travail de la céramique, du tissage, comme la culture de céréales, de légumes et du lin, ainsi qu’un sens aiguisé du négoce, assurèrent le quotidien d’une communauté hiérarchisée et attachée à sa protection. En témoignent les chemins de ronde étroits, l’organisation de l’habitat et les fortifications en ardoise, ou encore l’acropole sommital.
 

Alliant histoire et activité sportive, à échelle familiale, la découverte, que l’on peut compléter à Jaén par la visite du riche et très archéologique Musée Provincial, témoigne de la volonté des acteurs du tourisme andalou d’élargir la gamme de l’offre nature, sans l’éloigner de la culture. La découverte de Jaén, la capitale provinciale, de son centre historique, de la Cathédrale et du château Santa-Catalina, confirme. Comme une escapade à l’est de la province dans le très beau village-mirador de Sabiote, riche d’une forteresse Renaissance, de l’église San Pedro, et d’une magnifique enceinte fortifiée.
 

Sauvage et isolée, refuge du lynx pardelle, du loup ibérique, de l’aigle royal, abritant plusieurs parcs naturels protégés, la Sierra Morena, propice aux randonnées en tout genre, côtoie, tout en y résistant, les collines propices aux plantations d’oliviers. La seule province de Jaén en compte 66 millions. Un terreau plus que favorable à l’oléotourisme, en pleine croissance aujourd’hui, partie prenante, lui aussi, de la nouvelle offre touristique. Comment ne pas succomber à la découverte olfactive et gustative d’une pluralité insoupçonnée de variétés, d’arômes herbacés, de notes fruitées : Picual, Arbequina, Frantoïo, Hojiblanca… A Villanueva de la Reina, Oro Bailen, un moulin qui a su conserver le savoir-faire de la préparation et de la production de magnifiques huiles d’olive extra-vierge, favorise ainsi la balade des sens, enrichie par la visite des ateliers, des oliveraies et de la… boutique. Tout un univers complexe qui ne demande qu’à se dévoiler !
 

La nature peut prendre plus de hauteur encore. Il ne faut en rien s’en priver. Direction, la Sierra de Los Filabres, où des sentiers de randonnées comblent les marcheurs, où des voies vertes ravissent les amateurs de vélo. Réputé pour son jambon de haute qualité gustative, Serón, dans la vallée de l’Almanzora, en est une porte conseillée. Pour son château nasride du 13^ème siècle, arabe donc, ses ruelles mystérieuses, son décor de pins, d’orangers, de grenadiers et un sentier panoramique dominant l’impressionnant défilé El Cantaril. Emotion terrestre garantie, avant cette fois de partir à la conquête d’un autre atout naturel majeur de cette Andalousie-là : la pureté de son ciel.
 

Altitude, 2168 mètres, le sommet de la péninsule est à deux pas. Les pins tentent de s’accrocher, pour finalement laisser place, à Calar Alto, à un plateau sommital, ouvrant par temps favorable jusqu’à la côte africaine, et accueillant les télescopes d’un Observatoire astrophysique reconnu internationalement depuis son inauguration en 1975. « Ici le ciel est le plus clair de tout le continent européen », explique Esther Romero, product manager, tourisme, culture et sports à la Junta de Andalucia. Les scientifiques en sont convaincus depuis longtemps. L’Andalousie s’attache à séduire désormais les astrotouristes dont le nombre de cesse d’augmenter. La découverte diurne et nocturne du cosmos s’avère en effet un pan lucratif de la diversification de l’offre touristique régionale. Il est en effet possible, sous la conduite d’un guide et astronome avisé, d’appréhender la haute-technologie mise à disposition des astrophysiciens, dont d’impressionnantes optiques et de tout aussi géantes coupoles. Un plus assurément qui ravit également les adeptes du mototourisme, profitant sans retenue de ces routes de montagne sinueuses et « de caractère » pour s’offrir la visite céleste.
 
 

La montagne andalouse n’en est pas à une surprise près. La province d’Almeria en est encore le cadre. Exit l’azur céleste. La richesse se pare cette fois de blanc, qu’il faut quérir dans les profondeurs. Bienvenue à Marmorland ! Capitale Macael, un peu plus de 5000 habitants, des zones artisanales et industrielles dédiées au précieux matériau, des pistes blanches veinant le relief, son mortier en marbre blanc local de 3,5 mètres de haut, d’un poids de 36 tonnes, figurant dans le Livre Guinness des records mondiaux, et surtout ses immenses carrières entaillant, tranchant, meurtrissant la sierra, pour la bonne cause ! Toute une histoire aussi qui remonte aux temps romains. Depuis, le 19^ème siècle surtout, des générations se succèdent sur les chantiers qui font la richesse de la ville, les affaires des entreprises concessionnaires, et la fierté des hommes. « Pour dénicher les meilleurs filons, il faut comprendre la montagne, comme un sourcier cherchant l’eau ». La transmission familiale y aide. La communion avec la pierre aussi. Dominant une de ces carrières monumentales, aussi exigeantes que fécondes, un dolmen de marbre blanc, œuvre de l’architecte Santonja, se veut « la grande table qui reçoit le firmament et abrite l’homme ». L’artiste a dit.

Il ne reste plus qu’à rejoindre une terre préservée des prédations de l’homme. Précieuse est en cela l’Andalousie qui, à peu de distance, ouvre des horizons de terres inviolées, si ce n’est par les déjà vieilles rumeurs d’un tournage. A une trentaine de kilomètres au nord d’Alméria, le désert de Tabernas, le seul qualifié comme tel par les géographes en Europe, vous tend alors les bras. Que vive alors une balade au matin dans une de ces ramblas arides en éveil, ou une marche attentive à la présence d’un aigle, d’un grand-duc ou d’une chèvre sauvage ibérique, au cœur de ces étendues rocheuses aux conditions extrêmes, aux panoramas spectaculaires, fruits de ce véritable chef d’œuvre géologique, sculpté par les forces tectoniques et climatiques. Pas étonnant que ce décor d’exception à ciel ouvert ait attiré des productions cinématographiques de renom : westerns spaghetti chers à Sergio Leone, Indiana Jones, Lawrence d’Arabie, El Condor, Mad Max… Il reste aujourd’hui de quoi s’évader à pied ou en 4x4, ou encore se laisser porter, en famille, par l’ambiance Far West d’anciens lieux de tournage : Fort Bravo, ou le parc à thème Oasis Park, à Mini Hollywood. Une autre affaire.
 

Comment mettre un terme à cette évasion hors des sentiers battus, si ce n’est en se laissant attirer par le Levant andalou, du côté de Yesos de Sorbas. Ici le temps a une nouvelle fois suivi son cours et fait œuvre de créativité, dans des profondeurs livrées aux eaux souterraines, au cœur du parc naturel de Sorbas. Ainsi dissous, le gypse, maître des lieux, s’est métamorphosé en grottes, canyons et dolines de toute beauté. Il faut y vivre une immersion dans le noir total, se laisser surprendre par une veine de kartz diamantée, dénicher un fossile, en suivant l’un de ces itinéraires spéléologiques dûment accompagné. Fascination une ultime fois au rendez-vous.  
 
 

Calar Alto Observatoire astronomique Gergal  Bacares Serón Tél 688953336 – info@azimuthspain.com - http://www.azimuthspain.com