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Reportage

Les Diablerets, une station comme on aime !

Il y a tout, les sapins, les chalets en bois, la neige, un village traditionnel où il fait bon vivre, de belles pistes et un petit train de montagne pour y accéder. Alors, que demander d’autre ?


Reportage André Degon



Les Diablerets une station près d'un village traditionnel avec de belles pistes pour profiter pleinement des sports de glisse (Crédit photo Myswizerland.com)
Les Diablerets une station près d'un village traditionnel avec de belles pistes pour profiter pleinement des sports de glisse (Crédit photo Myswizerland.com)
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les Alpes suisses étaient fréquentées en été, essentiellement par des Anglais, des membres de la gentry, fervents sportifs et grands amateurs d’alpinisme.

La destination favorite de cette poignée d’aristocrates était Saint-Moritz en Engadine. Il arriva qu’un hôtelier de cette station, Johannes Badrutt qui venait d’installer le chauffage dans son établissement fit le pari d’attirer ses clients en hiver.

Une manière de rentabiliser son investissement. Il leur tint ce langage : « venez l’hiver prochain, vous bénéficierez du grand soleil de l’Engadine et d’un hôtel tout confort. S’il ne fait pas beau, je vous offrirai le séjour ». « It’s a deal » déclarèrent les Anglais.

A Noël 1864, tous revinrent. Après leur voyage en train jusqu’à Coire, ils continuèrent leur périple en traineaux à travers les vallées froides et enneigées, en passant par le col du Julier et débarquèrent à l’Engadiner Kulm, l’ancienne pension Faller que Badrutt avait racheté à la famille Flugi.

L’hiver fut merveilleusement ensoleillé et les Anglais ne quittèrent l’hôtel qu’à la fonte des neiges, ravis et convaincus qu’on pouvait aussi bronzer en hiver. Badrutt avait gagné son pari. Il en profita pour installer l’électricité.

Quelques années après, le ski fit son apparition : les sports d’hiver étaient nés.

Depuis que l'Angleterre Victorienne s'est prise d'engouement pour la Suisse, comme d’autres villages de montagne, Les Diablerets devint  une « station » ou se développa les sports de neige : ski, curling, sorte de bowling sur glace, bobsleigh, luge…(Crédit photos 1 et 3 - My Swizerland.com; 2/ ©Christophe.Racat)
Depuis que l'Angleterre Victorienne s'est prise d'engouement pour la Suisse, comme d’autres villages de montagne, Les Diablerets devint une « station » ou se développa les sports de neige : ski, curling, sorte de bowling sur glace, bobsleigh, luge…(Crédit photos 1 et 3 - My Swizerland.com; 2/ ©Christophe.Racat)
 L’Angleterre victorienne s’était entichée de la Suisse qui devint « the place to be ». Comme d’autres villages de montagne, Les Diablerets devint une « station » ou se développa les sports de neige : ski, curling, sorte de bowling sur glace, bobsleigh, luge…

Au dessus du lac Léman, Le village proche de Lausanne et de Genève reçut des voyageurs venant de France, des Pays-Bas, d’Allemagne et même de Russie. Des hôtels et des pensions de famille s’ouvrirent, un bureau de poste, des magasins, une chapelle furent construits. Toute l’Europe fortunée se retrouvait « entre soi » au cœur de ces massifs de toute beauté. Les sports d’hiver naissant apportaient à l’économie locale une manne non négligeable.

Un train pour désenclaver la vallée

Le train Aigle Sepey Diableret (©Marino.Frei )
Le train Aigle Sepey Diableret (©Marino.Frei )
Le seul problème non résolu restait l’accès au village. Depuis la gare d’Aigle, une route avait été construite en 1839 jusqu’au Sépey, ce qui entraîna l’ouverture du premier hôtel en 1956, l’Hôtel des Diablerets, un des premiers des Alpes vaudoises, un an après le prolongement de la route jusqu’aux Diablerets.

Mais le seul moyen de transport restait la diligence ou le traineau. Quelques notables des Ormonts avaient bien pensé vers 1896 à la construction d’un chemin de fer avec un prolongement jusqu’à Leysin et un autre vers Gstaad.
Mais des histoires de prérogatives entre Vaudois et Bernois ralentirent ce projet ambitieux qui finalement se concrétisa par la mise en chantier d’une seule ligne Aigle-Le Sepey-Les Diablerets (ASD) le 8 février 1911. Les travaux se terminèrent par l’inauguration de la ligne en juillet 1914.

Inauguration de la ligne Aigle-Le Sepey-Les Diablerets en juillet 1914

Inauguration de la ligne Aigle-Le Sepey-Les Diablerets en juillet 1914 (Crédit Photo 1  - Musée des Ormonts); 2/ Crédit photo ( musée de Lausanne)  3/  Musée des Ormonts (Crédit photo André Degon)
Inauguration de la ligne Aigle-Le Sepey-Les Diablerets en juillet 1914 (Crédit Photo 1 - Musée des Ormonts); 2/ Crédit photo ( musée de Lausanne) 3/ Musée des Ormonts (Crédit photo André Degon)
Véritable exploit technique, cette ligne de 22,37 kilomètres gravit 753 mètres, traverse six tunnels et franchit trente-trois ponts, le plus impressionnant, au Vanel, étant haut de 94  mètres.

A cette époque, à la vitesse de 25 km/h, le train tiré par une automotrice électrique mettait 1h30 pour atteindre Les Diablerets. Cette voie de chemin de fer a permis le désenclavement des villages de la vallée des Ormonts en facilitant le transport du bétail, des marchandises et du bois vers Aigle. Mais ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que les touristes retrouvèrent le chemin des Diablerets. A l’occasion du centenaire de ce train, le musée des Ormonts à Vers-l’Eglise ouvert du mercredi au dimanche, l’après-midi, propose la découverte et l’histoire du ASD.

Un village plein de charme

Le petit village des Diablerets a su conserver toute son authenticité (Crédit photo Christophe Racat)
Le petit village des Diablerets a su conserver toute son authenticité (Crédit photo Christophe Racat)
La station des Diablerets a conservé son architecture de montagne avec ses chalets traditionnels. Le travail du bois est présent à travers les frises ciselées qui ornent les toitures.






Ici pas de boutiques de luxe, pas de succursales de grands bijoutiers, la station joue le côté famille et simplicité. Et c’est ce qui fait son charme. On reste dans la tradition.


Il suffit de pousser la porte de l’Ormonan pour rencontrer les gens du village attablés devant une bière ou un « renversé » (café au lait) en train de commenter « les nouvelles » du journal.  

Une offre d’activités très complète

De gauche à droite : 1/ Une passerelle à 2971 m d'altitude (Crédit Photo degon); 2/ Glacier3000 sur la droite le Scex rouge, au fond l'Aldenhorn. Entre les deux le terminal du téléphérique dessiné par Mario Botta.(Crédit photo DR); 3/Glacier 3000. Le terminus conçu par Mario Botta abrite également un restaurant.(Crédit photo degon)
De gauche à droite : 1/ Une passerelle à 2971 m d'altitude (Crédit Photo degon); 2/ Glacier3000 sur la droite le Scex rouge, au fond l'Aldenhorn. Entre les deux le terminal du téléphérique dessiné par Mario Botta.(Crédit photo DR); 3/Glacier 3000. Le terminus conçu par Mario Botta abrite également un restaurant.(Crédit photo degon)
Aux Diablerets  il existe une clientèle qui aime la montagne l’hiver, mais pas uniquement pour le plaisir du ski. Un grand nombre d’activités lui est donc proposée, comme les balades à pied ou en raquette, le curling, la luge et bien sûr le ski de fond avec de nombreux sentiers et pistes balisées. ¨

Pour les skieurs alpins, trois domaines skiables sont disponibles : le Meilleret où fut installé le premier téléski aux Vioz en 1942, Isneau très apprécié des familles. Orienté plein sud, ce massif bénéficie du meilleur ensoleillement. C’est le plus petit domaine de la station. Le troisième domaine, Glacier 3000, est le plus élevé des Diablerets et du canton. Il est accessible depuis le col du Pillon (1 546 m). Un premier téléphérique rejoint la station intermédiaire Cabane (2 525 m), puis un second conduit au terminus à 2 971 m), un bâtiment ultramoderne conçu par l’architecte suisse Mario Botta à qui l’on doit le musée d’art moderne de San Francisco et la cathédrale de la Résurrection à Evry. Aménagé sur le glacier entre l’Oldenhorn (3 125 m) et Les Diablerets (3 209 m), ce domaine très bien équipé est enneigé de novembre à mai. Une luge sur rail ouverte d’avril à septembre a été aménagée en 2007. Mais la grande attraction de Glacier 3000, c’est le Peak Walk inauguré en 2014.

Peak Walk

Peak Walk,sur la gauche, le pic de l'Odenhorn, 3123 m. Point convergeant des cantons de Vaud, Bern et Valais En contrebas le terminus du téléphérique dessiné pr Mario Botta. (Crédit photo DR); Sur la droite la chaîne des Diablerets. Dans la vallée, le village des Diablerets et Leysin. A gauche le massif du Meilleret.(Crédit photo  André Degon)
Peak Walk,sur la gauche, le pic de l'Odenhorn, 3123 m. Point convergeant des cantons de Vaud, Bern et Valais En contrebas le terminus du téléphérique dessiné pr Mario Botta. (Crédit photo DR); Sur la droite la chaîne des Diablerets. Dans la vallée, le village des Diablerets et Leysin. A gauche le massif du Meilleret.(Crédit photo André Degon)
Décidément les Suisses aiment bien les défis en montagne. Après la construction sur le mont Titlis à 3 041 m d’altitude, du Titlis Cliff Walk, le plus haut pont d’Europe, long de 100m, c’est au tour des Vaudois d’avoir leur pont en altitude.

Long de 107 m et large d’un mètre, construit à 2971 m entre Glacier 3000 et le Scex rouge, le Peak Walk attend depuis novembre dernier les visiteurs qui n’ont pas le vertige. Le panorama est époustouflant avec la vue sur tous les 3000, et un à-pic de 1 500 m sous les pieds jusqu’au col du Pillon. Certains grincheux comme l’organisation de protection des Alpes, la « Mountain wilderness » ne voient pas d’un bon œil ce qu’ils considèrent comme un Disneyland alpin. Aux Diablerets et au restaurant Botta, par contre, on se frotte les mains en attendant encore plus de touristes amateurs de sensations fortes.
 

La caverne de Géo Trouvetout

Pascal Bettex et ses mobiles. (Crédit Photo André Degon)
Pascal Bettex et ses mobiles. (Crédit Photo André Degon)
S’il y a bien un endroit qu’il faut visiter impérativement aux Diablerets, c’est le Chablais Scope, cette « structure » de 35 m de long installée dans une rame de chemin de fer.


Afin de promouvoir le Chablais, région à cheval entre les cantons de Vaux et du Valais, les autorités cantonales n’ont pas eu peur de demander à Pascal Bettex, un artiste « cinétique » de créer une sculpture mettant en valeur les atouts de cette région. C’est que Bettex, c’est quand même un « allumé »  fantastique. Comme Tinguely, il fait de l’art cinétique. Il fabrique des machins et des bidules qui couinent, grincent, tournent, s’éclairent, glougloutent. Bref une sorte de Géo Trouvetout qui fait les poubelles et les décharges et « recycle » pour construire de drôles de machines. Et c’est génial, le gamin bricolo à l’état pur.


Ainsi, dans les six modules exposés, il assemble une charrue et un moteur de broche avec une louche à soupe, un tracteur et une faucille. Ou bien une bobine de film avec un casque de moto, une roue de karting, une paire de skis et un piston de bielle de Maserati. On le voit, l’homme est redoutable. Il faut voir l’expo. La rame du Chablais Scope se trouve bien sûr à la gare des Diablerets.

Plus d'infos

De gauche à droite : Le chalet 18ème  siècle de la fameuse Auberge de la Poste; Face au Musée des Ormonts l'Auberge des Ours (Crédit photos DR)
De gauche à droite : Le chalet 18ème siècle de la fameuse Auberge de la Poste; Face au Musée des Ormonts l'Auberge des Ours (Crédit photos DR)
Ou se restaurer

Auberge de la Poste
rue de la Gare.
Tel. : 41(0) 24 492 31 24
Le restaurant comme on aime, dans un chalet du XVIIIe siècle. Bel accueil et ambiance chaleureuse et bon enfant. Côté carte, pas de surprise, du traditionnel et du roboratif. Mais bon, il faut savoir ce que l’on veut : croute au fromage jambon et œuf (20 frs), raclette et viande séchée (40 frs), fondue moitié-moitié. Pour les non initiés ça signifie moitié gruyère, moitié vacherin fribourgeois, le plus crémeux (24 frs), ou bien brochette du diable, viande à griller soi-même.

Auberge de l’Ours
à Vers-l’Eglise (face au musée des Ormonts).
Tel. : 41(0) 24 492 44 00.
Laurent Omphalius vient de reprendre cet établissement. Cet alsacien, anciennement chef à l’hôtel des Sources à Loèche-les-Bains compte bien s’imposer aux Diablerets comme incontournable avec une cuisine très personnelle où ses origines ne sont pas étrangères à ses propositions. A la carte soufflé de truite beurre blanc au riesling, fondu de poireaux et tagliatelle (35 frs), entrecôte d’agneau au jus de thym, tombée de légumes méditerranéens (43 frs), tournedos de bœuf Rossini gratin dauphinois et bouquet de légumes (65 frs). Menus trois plats : le midi 35 frs., le soir 75 frs. Belle carte de vins, en blanc, le Savagnin d’Yvorne 2013, Château Maison blanche : superbe représentant du terroir ; en rouge, un intéressant pinot noir Chablais d’Yvorne grand cru 2012. Laurent Omphalius fait de belles propositions même s’il nous semble un peu cher à la carte (120 frs sans les vins). On pense notamment au tournedos Rossini.
 


 

Photo du haut : le magnifique hôtel  du Pillon en hiver, également le plus ancien des Diablerets (Crédit photo DR); Photo du bas : L'Eurotel Victoria, hôtel classique mais magnifiquement situé (Crédit photo DR)
Photo du haut : le magnifique hôtel du Pillon en hiver, également le plus ancien des Diablerets (Crédit photo DR); Photo du bas : L'Eurotel Victoria, hôtel classique mais magnifiquement situé (Crédit photo DR)
Où séjourner

L’hôtel du Pillon
16, chemin des Bovets.
Tel. : 41 (0)24 492 22 09.


Cet hôtel de quatorze chambres construit en 1870, le plus ancien de la station, fait partie de la chaîne des Swiss historic hotels. A vrai dire dans cet établissement situé à l’entrée des Diablerets, sur l’ancienne route, on a plus l’impression d’être dans une maison d’hôte. C’est que Francis Barlier, marchand d’art à Paris, a su donner plein de charme à cette vieille demeure restaurée avec passion.  Tarifs chambre double : haute saison (hiver) 200 frs, basse saison (été) 160 frs. Un regret : ne pas pouvoir accrocher la pomme de douche au mur de la salle de bain.




Eurotel Victoria,
chemin du Vernex.
Tel. : 41 (0)24 492 37 21.

Grand hôtel classique de 101 chambres avec tout le confort, spa, piscine, remise en forme… Bien situé. Tarif chambre double : haute saison (hiver), à partir de 324 frs ; basse saison (été), à partir de 286 frs.
                                     

Bons Plans

Jardin des neiges ( ©Sebastien Staub)
Jardin des neiges ( ©Sebastien Staub)
Just 4 two
Deux nuits/deux jours 510 frs par couple : nuits en hôtel avec pt.déj. et forfait de ski. Valable en mars.
Infos : www.diablerets.ch
Enfants
Les enfants de moins de 9 ans skient gratuitement sur tout le domaine et logent gratuitement dans la chambre des parents dans certains hôtels.
Ski, snow & Fiesta
Du 28 mars au 12 avril, dès la réservation de deux nuits, ski pass offert ou remise de 30% sur la location d’un appartement et de matériel. Même réduction sur les cours collectifs de ski.
Et  l’été
Dans les trois stations de Villars, Gryon et Les Diablerets, avec la Free Access card,  utilisation gratuite des bus d’altitude, des trains de montagnes et des télécabines. Plus visites guidées de villages pour les personnes séjournant dans ces stations et une trentaine d’activités sportives. Valable de mai à octobre. Pour les visiteurs d’une journée : 10 frs.



L’application Vaud : guide
L’application Vaud : guide de l’office de tourisme du canton de Vaud permet de découvrir le canton de manière personnalisée. Difficile de manquer une visite, un point d’intérêt, cette application gratuite donne plein d’informations. Elle propose également six itinéraires de ballades, un agenda des manifestations et la possibilité d’effectuer des réservations de logements.
 
Coup de cœur
En redescendant dans la vallée, arrêtez-vous à Ollon, c’est à un jet de bouchon d’Aigle, chez le vigneron Bernard Cavé. Il a racheté vignes et chaix et créé de toute pièce son entreprise il y a vingt ans. Ses blancs proviennent du chasselas, du chardonnay, de la Marsanne blanche. Des vins de belle minéralité. Ses rouges sont issus du gamay, de la syrah, du pinot noir, du gamaret. En tout trente trois cépages différents pour une production de 500 000 litres  avec une belle acquisition : le Clos du Crosex Grillé. Chaleureux accueil notamment de son père Daniel. Et si vous ne connaissez pas l’accent vaudois « Ecoutez le voir ».

Cave Bernard Cavé
route de Grallard  à 0llon.
Tel. : 41 (0)24 499 29 58.

Comment y aller

TGV Lyria : 20 allers-retours quotidien au départ de Paris Gare de Lyon.
www.tgv-lyria.fr
 Pour en savoir plus
www.region-du-leman.ch
www.diableret.ch
 

La station" Les Diablerets", un village traditionnel où il fait bon vivre, de belles pistes et un petit train de montagne pour y accéder. (Crédit photo André Degon)
La station" Les Diablerets", un village traditionnel où il fait bon vivre, de belles pistes et un petit train de montagne pour y accéder. (Crédit photo André Degon)


02/03/2015
André Degon





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